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Du 24 avril au 12 mai 2017, du lundi au jeudi 19h, vendredi 20h
Le nombril du monstre
Texte, mise en scène et interprétation Félix Beaulieu-Duchesneau

Félix s’apprête à devenir père pour la première fois. Devant l’intensité que lui procure ce passage vers la paternité, il décide de créer une bande dessinée qui exprimerait de manière imagée ce qu’il n’arrive pas à communiquer avec les gens autour de lui. À travers ses dessins, il se confie à la statue de Félix Leclerc qui s’anime et devient pour lui une sorte de grand-père spirituel. La bande dessinée devient alors un journal intime, une façon de s’inventer un rite de passage et un cadeau qu’il veut offrir à celle qu’il aime. Pour Félix le nombril du monstre c’est le siens, c’est celui de son amoureuse qui devient énorme comme un monstre marin et c’est celui de l’enfant qu’il aura bientôt. Un petit monstre qui va tout dévorer sur son passage. Monstre d’amour, futur monstre humain qu’il devra protéger contre les monstres sous le lit, les monstres qui peuplent le monde et ses propres monstres.

Autofiction, Le nombril du Monstre met en relief les chambardements intimes d’un père en voie de « venir au monde ». Enveloppé par les images de la bande dessinée qu’il a lui-même créée, Félix Beaulieu-Duchesneau aborde avec autodérision, folie et poésie la notion de l’engagement. Engagement envers une amoureuse, envers l’enfant à venir, envers la société où il choisit de vivre.

L’auteur, metteur en scène et comédien Félix Beaulieu-Duchesneau s’est illustré plusieurs fois à La Licorne, entre autres dans Toutou Rien, Le Nid et Éloges de la fuite, productions du Théâtre Qui Va Là dont il est codirecteur artistique. Voici maintenant qu’il nous offre sa première pièce en solo.


Section vidéo


Conseiller à la création Jean-François Nadeau
Conseiller visuel Lino
Assistance à la mise en scène Cynthia Bouchard-Gosselin
Décor, costumes et accessoires Josée Bergeron-Proulx
Éclairages et vidéo Hub Studio / Thomas Payette et Gonzalo Soldi
Musique Benoît Côté
Assistanceà la scénographie Ève-Lyne Dallaire

Régulier 32,25$
65 ans et + 27,25$
30 ans et – 22,25$

Tête-à-tête : jeudi 4 mai

Production Félix Beaulieu-Duchesneau en codiffusion avec La Manufacture


La Petite Licorne
4559, avenue Papineau
Billetterie : 514-523-2246

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Critique

C’est tout un défi que s’est donné Félix Beaulieu-Duchesneau avec cette nouvelle création intitulée Le nombril du monstre. C’est une chose de jouer un personnage, de raconter l’histoire de quelqu’un d’autre ; c’en est une autre de se mettre à nu de cette façon. De raconter son intimité, ses débats intérieurs, ses croquis. Seul sur scène, l’auteur, metteur en scène et comédien nous accueille dans son intimité et donne une prestation remarquable, sincère et courageuse. Il s’offre complètement à son public, sans pudeur.


Source photo : page Facebook de la Licorne

Au cours de Le nombril du monstre, il aborde plusieurs moments sensibles, même si ceux-ci ne le mettent pas en valeur : les disputes avec sa conjointe, la conciliation relation de couple/famille, les doutes et les craintes de devenir parent, de ne plus être le centre de l’univers.

Le nombril du monstre, c’est son bébé. C’est le projet de bande dessinée de Félix, alors qu’il se donne 9 mois, le temps de la grossesse de sa conjointe, pour donner vie à son projet. Cela donne lieu à un étrange et surprenant hybride entre le théâtre et la BD. On devient témoins de la relation intime qu’il a avec sa conjointe, les tourments de sa vie de futur papa, les difficultés d’atteindre ses propres standards.

Seul sur scène, Félix donne vie à de nombreux personnages : sa conjointe, leur sage-femme, leurs amis, la statue de Félix Leclerc du parc Lafontaine ou encore son propre nombril. Sans tomber dans la caricature, il parvient facilement à différencier les personnages les uns des autres.

Très peu d’accessoires l’accompagnent : quelques rouleaux de papier accrochés au plafond, une toile de projection, une table à dessin, des cahiers, des crayons, une corbeille à papier. Très minimaliste, la scénographie se fait ingénieuse, utilisant des objets pour les transformer de façon inattendue. La corbeille se transforme en feu de camping grâce à l’ingéniosité d’y avoir placé des lumières parmi les bouclettes de papier. Un bandage de main devient un cordon ombilical. La table à dessin devient un projecteur duquel on peut admirer en direct les dessins créatifs de Félix.

Sans équipe pour changer les éléments de place pour lui, le comédien se débrouille à merveille. La mise en scène est fluide, grâce à des numéros de danse et une excellente sélection musicale de Benoît Côté. Les choix musicaux nous plongent dans l’ambiance désirée, que ce soit un moment plus dramatique ou encore une scène de party. L’œuvre comporte d’ailleurs quelques numéros de chant et il faut avouer que Félix Beaulieu-Duchesneau est surprenant. Il nous dévoile d’ailleurs une voix de tête inattendue, mais juste.

Le nombril du monstre n’est pas une œuvre facile à présenter. Félix Beaulieu-Duchesneau se dépeint plutôt négativement. Il nous montre une vision de lui-même plutôt dure, bien qu’il avoue sa subjectivité dans une comparaison de sa représentation à la statue de Félix Leclerc. Autant la statue est une version grandiose de l’homme, autant sa BD est un portrait plutôt sombre de lui-même et ne dévoile pas l’entièreté de l’humain qu’il est. Malgré tout, à la sortie de la Petite Licorne, on a l’impression d’avoir fait une incursion dans l’intimité de « Félixon le tocson ».

28-04-2017