Miss Brodie avance dans la vie telle une cavalière dans un western. Elle nous raconte une histoire, la sienne. Retraitée de l’enseignement, elle est de retour comme suppléante dans une école primaire de Londres. Elle y rencontre Rosie, une fillette somalienne qui, pour des raisons inconnues, refuse de parler. Une connexion instantanée s’établit entre elle et l’enfant. Une rencontre déterminante qui va transformer sa vie.
Dans ce puissant monologue, l’auteur écossais Douglas Maxwell dresse le portrait d’une femme au tempérament fort, dotée d’une dégaine hors du commun, d’une fierté et d’une force qui impressionnent. Elle porte ses blessures et les stigmates de son enfance comme Montgomery Clift, son héros de jeunesse, porterait son révolver sur ses hanches. Micheline Bernard donne vie à cette Miss Brodie dans un récit drôle et touchant.
Promises, promises, de l’auteur écossais Douglas Maxwell, a été créée au Tron Theatre de Glasgow en 2010. Denis Bernard, qui a précédemment signé les mises en scène de Coma Unplugged, Le Pillowman et Les événements, réalise celle de cette nouvelle production de La Manufacture. Maryse Warda signe la traduction.
Section vidéo
Assistance à la mise en scène Dominique
Décor et costumes Marc Senécal
Éclairages Claude Cournoyer
Musique Jean Gaudreau
Régulier 32,25$
65 ans et + 27,25$
30 ans et – 22,25$
Tête-à-tête : jeudi 10 novembre
Production La Manufacture
Jusqu’au 19 novembre 2016, Micheline Bernard montera seule sur les planches de La Licorne pour porter les mots de l’auteur écossais Douglas Maxwell dans Des promesses, des promesses (Promises, promises), une pièce créée au Tron Theatre de Glasgow en février 2010. En 2014, dans le cadre de l’Événement Québec-Écosse, l’auteur avait vu Micheline Bernard jouer dans sa pièce Une veuve respectable s’initie à la vulgarité (A Respectable Widow Takes To Vulgarity) et était tombé sous le charme de l’actrice. Cette fois, la comédienne prête ses traits à Miss Brodie, une professeure en fin de carrière qui retourne à l’école pour faire un remplacement, après avoir pris sa retraite de l’enseignement à deux reprises. Si au premier abord, la pièce semble porter sur la rencontre entre l’enseignante d’expérience et une jeune élève somalienne de 6 ans qui pratique un mutisme sélectif, la fable consiste plutôt à découvrir qui est cette femme qui semble avoir des secrets et un passé difficile à cacher.
La comédienne entre en scène par une toute petite porte, de la hauteur d’un enfant du primaire, qui l’oblige à se pencher. L’ambiance sonore conçue par Larsen Lupin est discrète, mais très efficace, et le décor de Marc Sénécal est simple : une table avec deux chaises et un abreuvoir caractéristique des établissements scolaires. Dès qu’elle commence à parler, Miss Brodie apparaît comme une femme hautaine, orgueilleuse et suffisante, qui a des idées bien arrêtées sur tous les sujets. Avec un humour décapant et une pointe de mépris, elle imite ses collègues et commente les dérives d’un système d’éducation ultra-protecteur qui prône le politically correct. Toutefois, une grande lucidité transparaît derrière ce cynisme apparent, qui laisse finalement deviner que la femme respecte beaucoup l’enseignement et les enfants.
C’est le texte qui constitue la faiblesse du spectacle. L’histoire est un peu clichée : une professeure amère et désagréable, prise avec des problèmes d’alcool, se révèle un être empathique, bienveillant, voire salvateur, pour les enfants. La réitération de l’importance de tenir ses promesses devient rapidement agaçante, les métaphores sont soulignées à trop gros trait – notamment celle associée au mutisme de la jeune fille – et la fin est prévisible à souhait. Si ce n’était pas de l’interprétation remarquable de Micheline Bernard, qui ajoute une épaisseur au personnage de Miss Brodie, la pièce resterait assez pauvre sur le plan narratif. C’est d’ailleurs sur le jeu de l’actrice que Denis Bernard a basé sa mise en scène. Mentionnons aussi l’efficacité des jeux de lumière employés pour évoquer la présence de l’élève somalienne. Même si la jeune fille n’apparaît pas physiquement sur scène, les éclairages conçus par Claude Cournoyer rendent sa présence tangible dans la salle.
Bien que Des promesses, des promesses reconduit plusieurs lieux communs liés au milieu scolaire, le texte mélange habilement l’humour des répliques assassines de Miss Brodie et le tragique à la base de l’histoire. Et ne serait-ce que pour voir le premier solo en carrière de Micheline Bernard, la pièce vaut le déplacement.