Sylvie souffre du trouble de la personnalité évitante et Maurice, du syndrome d’Asperger. Ils s’aiment d’un amour grand, fou, sincère, un amour qu’on ne leur destinait pas. Ils sont plus que jamais vivants, forts et libres! Ils emménagent ensemble, se réclamant du droit de vivre comme tout le monde. Mais le peuvent-ils vraiment ?
Mettant en scène des personnages atteints de psychopathologies qui nuisent à la communication, Sylvie aime Maurice nous renvoie à notre propre existence. En cette ère de communication, arrivons-nous réellement à atteindre une franche proximité, à établir un lien solide avec l’autre ? Sylvie aime Maurice, c’est aussi une réflexion sur les relations amoureuses et sur l’acceptation de la différence dans notre société.
Sylvie aime Maurice est la deuxième création du tandem Nicolas Michon et Florence Longpré, qui présentaient Chlore à La Petite Licorne en 2012. Le Théâtre du Grand Cheval nous offre cette fois une histoire d’amour où la musique joue un rôle de premier plan avec la présence de huit acteurs-chanteurs sur scène.
Section vidéo
Assistance à la mise en scène Marjorie Lefebvre
Décor Clélia Brissaud
Costumes Florence Longpré et Nicolas Michon
Éclairages Julie Basse
Musique Yves Morin
Régulier 32,25$
65 ans et + 27,25$
30 ans et – 22,25$
Tête-à-tête : jeudi 16 mars
Une production Théâtre du Grand Cheval en codiffusion avec La Manufacture
Lui est Asperger, elle souffre du trouble de la personnalité évitante. Aucun des deux n’est destiné à l’amour ; pourtant, ils le trouveront en se rencontrant.
Le Théâtre du Grand Cheval, avec sa première création (très touchant Chlore), nous avait déjà habitués à mettre en scène des gens aux conditions particulières avec un personnage lourdement handicapé et muet (excellente Debbie Lynch-White). La petite troupe continue dans cette lignée, en nous présentant cette fois-ci des personnages affectés par le spectre de l’autisme; Sylvie et Maurice (Florence Longpré et Mathieu Lepage), qui se rencontrent par le plus grand des hasards et qui entament rapidement une belle et douloureuse relation.
Leur histoire nous est présentée de façon tout à fait originale. Sur une scène faite en long, recouverte de tapis, où le public se fait face, un narrateur à la voix solennelle (Fayolle Jean) ponctue l’histoire des deux tourtereaux improbables. Un chœur diversifié (avouons-le, on apprécie toujours voir ce genre de décision au théâtre québécois, encore à la traîne de ce côté) aux très jolies voix accompagne également cette histoire d’amour par des chansons ludiques qui reprennent certains thèmes (et mêmes mots) du dialogue du couple. Le chœur est un personnage en soi, se déplaçant dans l’espace, certains ayant des personnages secondaires (comme Frédéric Blanchette) et participe de façon importante à la trame narrative de la pièce.
Malgré la prémisse de départ qui peut sembler dramatique et lourde, c’est avec un humour décapant et une grande sensibilité que Sylvie et Maurice fut écrit (Florence Longpré et Nicolas Michon) et brillamment interprété par les deux comédiens. L’utilisation de la musique et d’un narrateur extérieur aide également à la dédramatisation de la pièce, malgré qu’il s’agisse bien d’un drame. Une montée dramatique et un « punch » font en effet de Sylvie aime Maurice un anti « happy end » même si leur histoire reste belle et unique, malgré l’impossibilité qu’elle persiste.
La mise en scène de Michon est unique, teintée à la fois de moments drôles, tristes, touchants et violents. Outre par le fait de le lire dans le programme, les personnages ne décrivent jamais leur condition pendant la pièce. On la devine plutôt dans leur description d’eux-mêmes, mais les troubles dont ils souffrent ne sont pas nommés, et le propos de la pièce ne met pas l’accent sur la maladie, heureusement. Sylvie aime Maurice témoigne plutôt des difficultés du vivre ensemble, des problèmes de communications et de deux personnalités troublées difficilement réconciliables. Finalement, des thèmes et une dynamique dans laquelle tout le monde peut se reconnaître, peu importe sa condition.