CHALOUPE raconte l'exil d'une montréalaise à Berlin. Entrainée par la quête du lieu idéal, celui où poser ses bagages et s’enraciner, mais aussi par le désir charnel. Oscillant entre le Heimat (le chez-soi philosophique) et le Heimweh (la nostalgie du pays d’origine), l'héroïne se livre à une confession érotique décomplexante, détaillée et presque sensitive.
À la recherche des sources réelles et fantasmées du désir féminin, l'auteure exprime et valorise une sexualité positive, sauvage plutôt que romancée, à la fois hyper assumée et hyper vulnérable. Elle refuse le cynisme et les états souffrants.
Véritable threesome langagier entre le québécois, l’anglais rudimentaire et l’allemand, l'enveloppante poésie se dégageant de la pièce flirte avec la force brute du spoken word. Érotisante, humainement insidieuse, libre et lumineuse, Chaloupe déracine les tabous; elle éveille et émoustille les spectateurs en les portants implicitement à réfléchir à leur propre rapport à l’intimité, au sens sous-jacent de la sexualité, mais aussi à leur lieu d’appartenance.
Diplômée en interprétation théâtrale de l’Option-Théâtre du collège Lionel-Groulx, Sylvianne Rivest-Beauséjour nous offre ici son tout premier texte. Elle s’allie à Steve Gagnon à la mise en scène, que nous connaissons à La Licorne pour ses pièces Ventre et En dessous de vos corps je trouverai ce qui est immense et ne s’arrête pas.
Texte et interprétation Sylvianne Rivest-Beauséjour
Mise en scène Steve Gagnon
Crédits supplémentaires et autres informations
Assistance à la mise en scène Adèle Saint-Amand
Décor Marie-Renée Bourget-Harvey
Costume et musique Maude Audet
Éclairages Julie Basse
Du lundi au jeudi 19h, vendredi 20h
Tête-à-tête : jeudi 1er février
Régulier 32,25$
65 ans et + 27,25$
30 ans et – 22,25$
Chaloupe est au cœur d'un projet pluridisciplinaire qui explore l’intimité, ralliant des artistes de cultures et de domaines variés. C’est une pièce de théâtre, mais c’est aussi:
- Une série de courtes vidéos rassemblant des artistes montréalais et berlinois
- Ferry, un podcast sur l'intimité
- Trois livres-objets créés par Kévin Pinvidic
Le tout est disponible sur projetchaloupe.com
Une production Sylvianne Rivest-Beauséjour en codiffusion avec La Manufacture
Chaloupe est la première pièce de Sylviane Rivest-Beauséjour en tant qu’auteure. Écrite en trois langues, soit le français, l’anglais et l’allemand, l’oeuvre est composée de poésie, de dialogues et de spoken word (un art de performance qui met l’emphase sur les intonations, les inflexions et les jeux de mots). L’auteure se donne aussi le premier rôle, jouant avec un fort accent québécois ; il n’y a ni mise en scène ni différences dans le ton, le timbre ou l’accent. Du coup, il devient ardu de différencier les personnages qu’elle interprète durant les dialogues.
L’oeuvre raconte l’histoire d’ICH, jeune femme québécoise partie à Berlin à la recherche «d’appartenance». Bien que Sylviane décrive l’oeuvre comme une fiction, difficile de savoir où se trouve la ligne entre invention et réalité. Chaloupe parle d’identité, de sexualité, peut-être parfois d’amour. Bien qu’ICH soit au bras de deux hommes, un Allemand et un Québécois, on ne sait trop s’il y a plus que du désir charnel entre eux. À maintes reprises, on peut constater les larmes qui couvrent les joues de la comédienne, mais il est difficile de savoir si elles appartiennent à ICH ou à Sylviane, tant le texte semble personnel. Bon nombre de fois, le monologue ne semble pas concorder avec la tristesse de l’interprète ; c’est ce qui peut porter à croire que les histoires qu’elle raconte sont les siennes et qu’elle ne semble pas encore avoir fait la paix avec ces dernières.
L’élément central de cette pièce : la sexualité. L’auteure nous décrit bon nombre de scènes de lit. Bien que très détaillées, elles sont mécaniques et beaucoup plus pornographiques qu’érotiques.
Le décor, délimité par une structure en deux par quatre, représente un petit appartement berlinois. Un de ces deux par quatre sert d’ailleurs à afficher les projections de SMS ou textos. Le procédé permet à la comédienne de ne pas les lire à voix haute, ce qui amène un certain réalisme, mais crée une distraction chez les spectateurs qui perdent la comédienne – et ses réactions – de vue. Quoique visuellement attrayant, l’effet aurait pu être davantage exploité pour des intertitres, des lignes de traduction ou illustrer le temps. Malgré l’étroitesse du décor, la comédienne se déplace aisément, sautant d’un meuble à l’autre, occupant les lieux de façon très dynamique tout en habitant entièrement l’espace.
De par sa structure, le message de Chaloupe est ambigu. Étonnamment, l’un des moments les plus éloquents s’avère… un monologue en allemand. Sans comprendre un mot, l’émotion transmise est limpide : la révolte et la passion transcendent ainsi les barrières du langage. Il est dommage que le reste de la pièce n’ait été aussi clair. Bon nombre de poèmes sont intéressants ; par contre, assemblés en une pièce, il en résulte un récit confus. Il ne reste alors qu’à se laisser bercer par la vague de la prose, au gré du courant, en acceptant de ne pas tout saisir.