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Filles en liberté
Du 7 novembre au 2 décembre 2017 - supplémentaires les samedis 11 et 18 novembre à 20h

Charmeuse et manipulatrice, tête forte et grande gueule, Méli, jeune vingtaine, veut devenir mère au foyer. Son chum, professeur au cégep, aimerait qu’elle se trouve un emploi. Alors que tout le monde autour d’elle a un projet de vie apparemment honnête et plus ou moins enthousiasmant, Méli, elle, se démène pour accéder à un meilleur statut rapidement, efficacement. Elle décide donc de créer un site de pornographie équitable du terroir québécois. Pourquoi pas?

Dans un ballet de scènes rythmées, alternant burlesque, comédie noire et douce tragédie, Filles en liberté confronte le discours de personnages qui, au-delà des apparences, revendiquent la vie qu’ils désirent et non celle que la société leur impose. Portés par une parole féministe, les dialogues savoureux mettent en relief le capitalisme ambiant de notre époque tout en abordant la super-performance, la peur de l’échec ou encore le nationalisme et l’engagement politique.

Nous sommes très heureux d’accueillir le Théâtre PÀP à La Licorne, avec ce texte de Catherine Léger, révélée grâce à ses pièces Voiture américaine et Baby-Sitter. La mise en scène est confiée à Patrice Dubois, directeur artistique de la compagnie, qui réalisait récemment les mises en scène de La délivrance au Théâtre d’Aujourd’hui et Le déclin de l’empire américain à Espace Go.


Texte Catherine Léger
Mise en scène Patrice Dubois
Avec Christian E. Roy, Hugues Frenette, Laetitia Isambert, Étienne Pilon, Clara Prévost Dubé et Catherine St-Laurent


Crédits supplémentaires et autres informations

Assistance à la mise en scène Charlie Cohen
Décor Odile Gamache
Costumes Julie Breton
Éclairages Julie Basse
Musique Andréa Marsolais-Roy

Du mardi au jeudi 19h, vendredi 20h, samedi 16h

Tête-à-tête : jeudi 16 novembre

Régulier 32,25$
65 ans et + 27,25$
30 ans et – 22,25$

Une production du Théâtre PÀP en codiffusion avec La Manufacture


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Critique disponible
            
Critique

Méli, début vingtaine, vit dans un appartement sans frigo. Elle a abandonné le cégep pour pouvoir sortir avec son professeur de cinéma. Son rêve : devenir une femme au foyer. Nick, le professeur en question, trentenaire, n’approuve pas cette décision ; avant de la présenter à ses parents et peut-être fonder une famille, il préférerait qu’elle s’investisse dans une carrière professionnelle.


Crédit photo : Claude Gagnon

Comme on peut s’en douter, Filles en liberté, de Catherine Léger, est centrée sur trois personnages féminins. Il y a évidemment Méli, puis ses amies, Cynthia et Chris. Cynthia est inscrite en droit ; elle est une étudiante modèle et ira jusqu’à l’«abortion doping» (aux Olympiques, dans les années 70, des athlètes se faisaient avorter avant les compétitions, le choc physique entrainant une amélioration des performances) pour obtenir de meilleurs résultats. Chris vit dans un condo de luxe grâce aux prestations qu’elle a reçues pour « perte de jouissance » après avoir perdu l’usage de sa jambe dans un accident de voiture ; accident dont elle serait responsable en plus d’avoir causé la mort de l’autre conducteur. Les personnages masculins ne sont pas plus glorieux ; hormis Nick, le professeur nostalgique frustré, son meilleur ami, toujours en peine d’amour, est dépeint comme un perdant. Puis, il y a le concierge de l’immeuble de Méli, toxicomane à l’estime personnelle déficiente.

Après avoir représenté un portrait de la quarantaine dans sa version théâtrale du film de Denis Arcan, Le déclin de l’empire américain, le Théâtre PAP se targue de représenter la vingtaine avec Filles en liberté. Il s’agit d’un portrait plutôt négatif de cette génération, la peignant comme égoïste, prête à tout pour arriver à ses fins.

Filles en liberté désire montrer les différents visages du féminisme, mais expose surtout un féminisme du chacun pour soi en passant totalement à côté de sa troisième vague, le féminisme intersectionnel. Quand, en 2017, on doit encore se battre pour conserver le droit à l’avortement, des personnages comme Cynthia l’utilisent pour des raisons aussi triviales que de meilleurs résultats d’examen, renforçant la croyance que les femmes se font avorter pour le plaisir. Méli aime bien ridiculiser et invalider les problèmes de santé mentale de ses amies, que ce soit l’anorexie ou le syndrome de choc posttraumatique. Il est dommage que l’auteure n’offre pas de répliques pour contredire les opinons de Méli, très dommageables et très répandus selon lesquels la santé mentale peut être quelque chose de risible.

Catherine Léger dit vouloir parler de l’absence de projet de société et de l’individualisme. Mais les mouvements de société sont nombreux : l’environnement, les droits des animaux, le féminisme intersectionnel, la conscientisation autour des différents troubles de santé mentale ainsi que bien d’autres mouvements sont au cœur des préoccupations des millennaux qu’elle présente comme égocentriques et individualistes. L’auteure semble avoir une vision bien négative et désabusée de la société ; en résulte une œuvre plutôt déprimante dans laquelle les personnages ont de nombreux défauts et très peu de qualités.

Avec le défi de présenter des personnages complètements antipathiques, les comédiens déclament un texte en parlé québécois à la manière du théâtre classique : le réalisme s’en trouve affecté. Par contre, la mise en scène de Patrice Dubois sauve un peu la mise : le rythme est rapide, les scènes s’enchaînent efficacement. L’éclairage est utilisé de manière plutôt dynamique : le jeu de lumière permet, entre autres, de donner l’illusion que la scène tourne. Il est par contre dommage que les lieux visités, l’appartement de Méli, le bar où travaille Cynthia et le balcon de Chris se confondent dans un décor qui ne change pas.

Pour une œuvre qui voulait présenter les visages différents de la féminité, Fille en liberté finit par dépeindre les différentes facettes de l’individualisme.
11-11-2017
 

La Grande Licorne
4559, avenue Papineau
Billetterie : 514-523-2246

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