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Foirée montréalaise
Du 5 au 22 décembre 2017

Clin d’œil à la célèbre émission de télé Soirée canadienne, Foirée montréalaise, au lieu de se promener de village en village, se promène d’arrondissement en arrondissement. L’arrondissement qui nous inspire cette année est Montréal-Nord!

Foirée montréalaise est un spectacle du temps des fêtes où l’on prend plaisir à se faire raconter un arrondissement à travers les histoires, les anecdotes, les souvenirs et l’imaginaire de plusieurs auteurs, comédiens et artistes reliés d’une façon ou l’autre à cet arrondissement. Rythmé par une musique en direct à forte tendance trad et folklorique, Foirée montréalaise doit être sur votre liste de choses à faire en décembre pour bien vous préparer aux célébrations qui vous attendent!


Textes Chantal Cadieux, Jonathan Caron, Martine Francke, Ahmad Hamdan, Justin Laramée, Yannick Marcoux, Michael Richard, Audrée Southière, Elkahna Talbi et Ines Talbi
Mise en scène Martin Desgagné
Animation Pascal Contamine
Avec Martine Francke, Émilie Gilbert, Ahmad Hamdan, Philippe Racine, Michael Richard, Audrée Southière, Ines Talbi et RIchardson Zéphir


Crédits supplémentaires et autres informations

Assistance mise en scène Marilou Huberdeau
Éclairages Estelle Frenette-Vallières
Musique Robin Bouliane et Claude Fradette
Direction artistique Yvan Bienvenue

Du mardi au jeudi 19h, vendredi 20h, samedi 16h

Régulier 32,25$
65 ans et + 27,25$
30 ans et – 22,25$

Une production du Théâtre Urbi et Orbi en codiffusion avec La Manufacture


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Critique disponible
            
Critique

Pour à la fois rompre et garder l’esprit du temps des Fêtes qui a fait la renommée des célèbres Contes urbains, le Théâtre Urbi et Orbi tente depuis trois ans une nouvelle formule intitulée Foirée montréalaise. Est-ce la faute de souvenirs marquants des Contes ou encore d’une nostalgie mal assumée, mais l’actuelle cuvée de la Foirée ne laisse pas assez de traces indélébiles.






Crédit photos : Urbi et Orbi

Pour plusieurs, un détour par La Licorne s’imposait annuellement pour vivre des sensations fortes et entendre des paroles dérangeantes ou rigolotes. Pour la dernière édition des Contes urbains en 2014, Brigitte Poupart avait orchestré une production très relevée autant dans la qualité de l’écriture que de l’interprétation (avec notamment la très douée Martine Francke qui participe à la présente Foirée). Le nouveau concept de veillée de fin d’année réactualise l’esprit de la célèbre émission de télévision La soirée canadienne où les invités chantaient et dansaient dans une atmosphère folklorique et festive. Même si la bonne humeur paraît à des années-lumière des univers trashs ou sarcastiques associés aux Contes urbains, les instigateurs de Foirée montréalaise ont fait appel pour une troisième fois au metteur en scène Martin Desgagné qui a dirigé auparavant au moins deux éditions relevées des Contes.

Chaque année, Foirée montréalaise scrute et scrutera dans ses nombreuses dimensions un arrondissement de la ville de Montréal. Après Saint-Laurent et le Sud-Ouest, c’est maintenant au tour de Montréal-Nord de dévoiler certains de ses secrets. Ce choix n’est pas fortuit, car il s’inscrit dans une tendance très marquée ces derniers mois au théâtre de donner une voix (au pluriel ici) à des individus ou des sujets plus «marginalisés». Souvent connu pour des histoires de violence qui ont défrayé la manchette (comme l’affaire Fredy Villanueva) ou encore dépeint comme une banlieue «plate» par le grand écrivain Victor-Lévy Beaulieu (et son expression cinglante de «Morial-mort»), ce coin de la métropole ne figure pas souvent parmi les plus «aimés» dans l’imaginaire collectif québécois.

Avoisinant les deux heures (entracte inclus), la représentation s’amorce avant même que le public n’entre dans la salle. Les artistes, autant les comédiens que les musiciens, se retrouvent au niveau du sol, debout ou assis sur les chaises réparties dans l’aire de jeu. Côté jardin trône une machine à cocktail. Devant, de petits verres à shooter nous sont offerts. Quelques spectateurs et spectatrices sont regroupés autour de petites tables à l’avant. Comme maître d’animation, Pascal Contamine dirige un ensemble hétéroclite. Avant le début «officiel» de la pièce, la troupe exécute des pas de danse, jouent d'instruments de musique, en plus de chanter des airs de circonstance. Avec un plaisir contagieux, Richardson Zéphir reprend même, en le personnalisant, le célèbre Temps d’une dinde de Roland Hi! Ha! Tremblay.  

Dès que les lumières s’éteignent, Contamine nous adresse un mot de bienvenue et nous interpelle sur nos connaissances et ignorances autour de Montréal-Nord. Derrière les interprètes, sur le mur, nous retrouvons des photographies encadrées de certains lieux de l’arrondissement. Conviviale, la première partie comprend une suite de petites confidences sur le vécu des intervenants. Michael Richard parle avec amusement de son chien qui a poursuivi dans un salon une moufette, Audrée Southière nous révèle les dessous de son premier emploi dans un entrepôt de Publisac. Les rues au nom de fleurs sont évoquées avec tendresse. Les musiciens Claude Fradette et Robin Boulianne laissent glisser quelques notes dans les récits. Des pointes ironiques surgissent à l’occasion, notamment avec une Émilie Gilbert frondeuse («en bas de 35 000$ par année, on n’appelle pas ça une job»), sans oublier des blagues «faciles» sur Laval. L’ensemble s’enchaîne sans véritable rupture, mais sans non plus de moments assez forts pour marquer les esprits, à l’exception d’un court extrait de La Bolduc (Ça va venir, découragez-vous pas) et un autre de Koriass, conjuguant ainsi la tradition et la modernité.  

Les passages les plus émouvants et fébriles arrivent en deuxième partie grâce, notamment aux histoires de Martine Francke, d’Inès Talbi et Ahmad Hamdan. Quand la première entame le refrain de la chanson C’est ainsi que je veux vivre, écrite par Luc Plamondon pour Monique Leyrac, en plus de raconter le drame de sa mère, déportée de sa Pologne natale et arrivée au Québec dans l’espoir de refaire sa vie, le cœur nous chavire. Quand la seconde évoque son béguin d’adolescence pour un garçon aperçu dans l’autobus 69 (entraînant le rire de ses camarades de scène), sa candeur nous touche également. Plus tard, le déchirement d’Hamdan entre les traditions de sa famille musulmane (qui ne fête pas Noël) et son milieu environnant plus «décontracté et de souche québécoise» réussit à nous attendrir et nous faire réfléchir sur le sens de l’enracinement, sans verser dans le moralisme bien-pensant.     

Les artisans de cette Foirée montréalaise font preuve d’une bonne humeur évidente. Il leur manque toutefois des partitions à la hauteur de leur générosité.  

12-12-2017
 

La Grande Licorne
4559, avenue Papineau
Billetterie : 514-523-2246

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