Une nuit, sur la rive nord de Montréal. Comme suspendue dans le temps. Une foule de personnages bigarrés s’agite. Dans un arrêt d’autobus, un dépanneur ou un module de jeux déserté par les enfants, tous attendent quelque chose qui tarde à venir. Que ce soit Le Vieil Homme Qui Passe La Balayeuse Sur Sa Pelouse ou La Fille Qui A Une Jupe Trop Courte Selon Le Règlement, tous poursuivent une quête effrénée dont ils ne peuvent s’affranchir qu’en s’époumonant à tourner, tels des hamsters dans une roulette.
À travers des histoires qui s’enchevêtrent, liées les unes aux autres par une ligne sous haute tension, Hamster touche aux univers de la déception amoureuse, de la solitude, de l’errance et de la perte de repères. Dans une langue drue et singulière, la pièce nous offre une vision sensible, drôle et caustique de la banlieue.
Hamster est le premier texte de la jeune auteure et comédienne Marianne Dansereau. Après avoir récolté le prestigieux prix Gratien-Gélinas en 2015, son texte sera porté à la scène pour la première fois. Jean-Simon Traversy, à qui l’on doit les récentes mises en scène de Constellations, Les flâneurs célestes et Yen, signe la mise en scène.
Texte Marianne Dansereau
Mise en scène Jean-Simon Traversy
Avec Pascale Drevillon, Guillaume Gauthier, Zoé Girard-Asselin, Tommy Joubert, Igor Ovadis et Zoé Tremblay
Crédits supplémentaires et autres informations
Assistance à la mise en scène Andrée-Anne Garneau
Éclairages Renaud Pettigrew
Du mardi au jeudi 19h, vendredi 20h, samedi 16h
Tête-à-tête : jeudi 15 mars
Régulier 32,25$
65 ans et + 27,25$
30 ans et – 22,25$
Une production Le Crachoir en codiffusion avec La Manufacture
photo zip Le crédit photo va à Annie Éthier
La difficile adolescence
Le premier texte de Marianne Dansereau, Hamster, récipiendaire du prix Gratien-Gélinas en 2015, est enfin porté sur la scène de la Licorne. Un spectacle attendu, qui fait place à la jeunesse et à la relève.
Hamster parle de l'amour, de la mort, de l'adolescence et du temps qui passe, à travers la vie de jeunes de banlieue. L'action se déroule dans des lieux représentatifs et réalistes d'une banlieue (Boisbriand dans ce cas-ci), comme un arrêt de bus, un parc, une station-service. Si on croit d'abord qu'il s'agira de jeunes qui racontent leurs petits drames d'adolescent, l’histoire se déploie néanmoins en un chassé-croisé qui évolue en tension dramatique, avec une finale coup-de-poing.
Interprété par Igor Ovadis, Zoé Tremblay, Tommy Joubert, Guillaume Gauthier, Pascale Drevillon et Lydia Képinski comme présence musicale, Hamster met en lumière des comédiens de la relève, et, pour une fois, sort des « cases ». Si Igor Ovadis, d’origine russe, interprète le rôle du « vieil homme qui passe la balayeuse sur sa pelouse » et Pascale Drevillon, une comédienne trans qui interprète « la fille qui arrive à la job sur le fly même si son prochain shift est dans deux jours », ces derniers ne sont justement pas campés dans des personnages qui se concentrent sur leur particularité personnelle. Tous deux ont des rôles qui pourraient être joués par n’importe quel comédien, peu importe son sexe ou sa nationalité. Cet aspect est plutôt rafraîchissant, en cette année théâtrale ou un effort peu subtil, mais nécessaire, est fait pour intégrer la diversité sur la scène québécoise.
La mise en scène de Jean-Simon Traversy est plutôt ingénieuse. Assez épurée, elle représente bien, de façon imagée, les différents lieux où se déroule l’action, dont une salle de bain fermée pour incarner la station-service.
Par contre, la grande lacune du spectacle, c’est le son. On comprend mal pourquoi le personnage de Zoé Girard-Asselin, « la fille qui a une jupe trop courte selon le règlement », utilise un micro pour une partie de son monologue, et le laisse ensuite de côté. Cet accessoire apporte peu d’effets à ses paroles. Lydia Képinski, présente sur scène pour y faire les transitions musicales, possède un talent certain, mais l’enchaînement de la musique et des scènes plus théâtrales manque de fluidité et de réels moments de transitions.
Les comédiens, encore jeunes pour la plupart, jouent parfois de manière inégale, surjouant à quelques reprises, et les dialogues manquent à quelques moments de fluidité, mais voir cette distribution disparate, intègre aux personnages qu’elle interprète (on y croit quand même) sur scène est vivifiant, et représente certainement la relève du théâtre québécois. On ne doute pas qu’on les reverra, et qu’à mesure de l’expérience qu’ils acquerront, leur jeu n’en sera que plus assuré.