C’est l’histoire d’un mariage des cultures, dans tous les sens du terme. Jean-François et Mariam attendent un bébé. Ils sont tous les deux Québécois. Lui, catholique non pratiquant et athée. Elle, musulmane, d’origine marocaine. Apprenant cette nouvelle, les parents de la jeune femme désirent que les amoureux se marient sur le champ. Le jeune homme acceptera-t-il de se convertir à l’islam? De renier le fait qu’il ne croit en rien? Lui qui vient d’apprendre que les jours de sa mère sont comptés?
Cette comédie dramatique servie dans une forme éclatée se veut une main tendue vers l’autre, un désir de laisser à chacun sa parole, sans jugement ni complaisance. Simon Boudreault, dont le texte s’inspire de sa propre vie, valse avec doigté et légèreté sur des thèmes profonds : la mort, la spiritualité, l’identité et la peur de l’autre. Il explore, entre humour et sarcasme, les beautés et les écueils de toutes les religions.
Développée en résidence d’auteur à La Manufacture, Comment je suis devenu musulman est la plus récente pièce de Simon Boudreault. À la fois comédien, improvisateur et marionnettiste, il a écrit et mis en scène plusieurs de ses pièces dont Sauce brune, Soupers, D pour Dieu?, As is (tel quel) et En cas de pluie aucun remboursement.
Texte et mise en scène Simon Boudreault
Avec Sounia Balha, Nabila Ben Youssef, Benoît Drouin-Germain, Michel Laperrière, Marie Michaud et Manuel Tadros
Crédits supplémentaires et autres informations
Assistance à la mise en scène Marilou Huberdeau
Décor Richard Lacroix
Costumes Suzanne Harel
Éclairages André Rioux
Musique Michel F. Côté
Du mardi au jeudi 19h, vendredi 20h, samedi 16h
Tête-à-tête : jeudi 12 avril
Régulier 32,25$
65 ans et + 27,25$
30 ans et – 22,25$
Une production Simoniaques Théâtre en codiffusion avec La Manufacture
Septième création de Simoniaques Théâtre, Comment je suis devenu musulman s’éloigne sensiblement des enjeux abordés dans les précédentes productions de la compagnie (capitalisme, surconsommation, pauvreté…) pour se pencher cette fois sur la ô combien sensible question de la foi, de la peur de l’autre et de l’identité culturelle.
L’auteur Simon Boudreault, qui signe aussi la mise en scène du spectacle, s’est largement inspiré de sa propre histoire et de la vie de gens autour de lui pour écrire cette pièce qui met de l’avant une relation interconfessionnelle et interculturelle. Jean-François et Mariam (Benoit Drouin-Germain et Sounia Balha, tous les deux très attachants) forment un couple depuis trois ans et attendent désormais un enfant. Mais le Québécois blanc, catholique par baptême, athée par choix, peut-il se résoudre à se marier et à se convertir à l’islam pour apaiser sa belle-famille marocaine? Serait-ce renier son identité, ses convictions? Serait-ce malhonnête?
Comment je suis devenu musulman est un spectacle d’une belle justesse dans lequel les uns et les autres s’expriment sur les notions de croyances et de culture, mais aussi sur le legs, la famille et le compromis. La production repose sur le talent d’une distribution solide, incluant des acteurs et actrices d’origines diverses. Leurs répliques, aussi drôles que tranchantes, font mouche. Marie Michaud, dans le rôle de la mère du marié-malgré-lui, hérite des meilleures et les livre avec un sens de la répartie irrésistible.
Pourtant, malgré tout le talent de Boudreault pour la satire et sa maîtrise de l’histoire dans l’histoire, on n’en demeure pas moins sur notre faim à la sortie de la salle. En presque deux heures, l’auteur balaie largement ses sujets sans s’accorder le temps de les approfondir comme si, en voulant partager équitablement le temps de parole, il n’allait pas au bout des questions spirituelles, historiques ou culturelles qu’il soulève. Il faut dire que les multiples réarrangements de décor pour signifier les changements de lieu nuisent considérablement au rythme de la pièce. Déplacements souvent inutiles de rideaux et de mobilier entre chaque tableau… les acteurs y perdent un temps fou et, semblait-il au soir de la première, une partie de leur concentration.
Autour de la question du mariage interconfessionnel, Simon Boudreault se penche sur ce qui sous-tend nos échanges sociaux : nos croyances, nos pratiques, mais aussi notre crainte de l’autre et nos idées préconçes. L’auteur propose, eu finale, un terrain de partage et d’ouverture à l’autre qui fait plaisir à voir, même si l’impression générale qui se dégage de la pièce est celle d’une question complexe et profonde trop rapidement survolée.