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Straight Jacket Winter
Du 11 au 16 décembre 2017

En plein cœur de l’hiver, un couple traverse les 5000 kilomètres qui séparent Montréal de Vancouver pour amorcer une nouvelle vie sur la côte ouest. Tentant d’apprivoiser leur ville d’adoption, Esther et Gilles se retrouvent rapidement confrontés à la difficulté de communiquer et de développer un réseau social. Tranquillement, ils se replient sur eux-mêmes, à l’abri de la pluie et du monde extérieur. Mais combien de temps deux amoureux peuvent-ils vivre en marge du monde?

Comment fait-on pour s’intégrer dans une nouvelle ville? Doit-on rester attaché à notre vie antérieure? Comment se créer un nouveau chez soi ailleurs? À travers une série de tableaux où se croisent réalité et fiction, Straight Jacket Winter aborde notre difficulté à s’adapter à de nouveaux milieux de vie, mais aussi, cet élan de liberté qui vient avec le fait d’évoluer incognito, loin des regards de l’entourage.

Esther Duquette, directrice artistique du Théâtre La Seizième, et Gilles Poulin-Denis, comédien et auteur (Rearview), nous livrent une autofiction librement inspirée du roman L’hiver de force, de Réjean Ducharme. Créée en mai 2016 au Carrefour international de théâtre à Québec, la pièce est depuis présentée en tournée au Canada.


Texte et mise en scène Esther Duquette et Gilles Poulin-Denis
Avec Esther Duquette, Frédéric Lemay, Gilles Poulin-Denis et Julie Trépanier


Crédits supplémentaires et autres informations

Assistance à la mise en scène Édith Patenaude
Décor et accessoires Julie Vallée-Léger
Costumes Drew Facey
Éclairages Itai Erdal
Musique Antoine Berthiaume et Jacques Poulin-Denis
Vidéo Antoine Quirion Couture
Conseiller dramaturgique Philippe Ducros
Conseiller artistique Craig Holzschuh

Du lundi au jeudi 19h, vendredi 20h

Régulier 32,25$
65 ans et + 27,25$
30 ans et – 22,25$

Une production 2PAR4 en coproduction avec le Théâtre français du Centre national des Arts et le Théâtre La Seizième


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Critique disponible
            
Critique

critique publiée en 2016

Montréal, 31 décembre 2010. Esther Duquette et Gilles Poulin-Denis, deux tourtereaux qui ont eu le coup de foudre l’un pour l’autre devant une crèmerie de la rue Laurier quelques années auparavant, célèbrent la nouvelle année. Sur le coup de minuit, les invités entonnent « Ce n’est qu’un au revoir » : Esther et Gilles quittent bientôt leur condo de la métropole pour aller vivre à Vancouver. La jeune femme a trouvé du boulot là-bas, un job rêvé aux communications d’un théâtre britanno-colombien. Gilles, natif de la Saskatchewan et travailleur autonome, c’est-à-dire un peu nomade, accepte de suivre sa copine le temps du contrat. À 5000 kilomètres de Montréal, seuls ensemble, le couple se replie forcément sur lui-même. Ce déménagement/exil aura des répercussions inattendues, transformant leur relation et leur rapport au monde.


Crédit photo : Esther Duquette

Inspiré par L’hiver de force de Réjean Ducharme (le titre du spectacle en est une traduction libre, quand même bien trouvée), Straight Jacket Winter est la réflexion artistique d’Esther et Gilles sur ces années passées loin de leurs familles et de leurs amis, ainsi que sur les changements qui se sont opérés autour et en eux. À l’instar de Nicole et André du roman de Ducharme, les deux amants, à la vie sociale déficiente, finiront par se cloitrer dans leur appartement.

La pièce, autofiction expérimentale et hybride, colle certains éléments réels de la vie des amoureux et d’autres fictifs. Elle se présente sous forme de tableaux aux styles variés, passant de l’ennui mortel à jouer au jeu du dictionnaire sur le divan à des discussions réalistes sur leurs efforts de s’intégrer à leur nouveau milieu, le tout culminant vers une scène absolument magnifique où les deux amoureux pètent les plombs, courent, dansent, se collent des bouquins au torse comme une ceinture de kamikaze ou s’enrubannent dans du papier toilette. L’intimité du couple est aussi abordée, mais avec pudeur, comme en témoigne une scène d’amour chorégraphiée tout en retenue et très réussie. Les deux créateurs n’ont pas eu peur d’ajouter de nombreux silences et des moments d’attente, qui sont tout aussi éloquents que les mots prononcés par les personnages.

Esther Duquette et Gilles Poulin-Denis, présents sur scène, jouent aux narrateurs ; ils établissent les lieux et le temps lors de quelques interventions où ils s’adressent directement au public, ou par l’entremise d’une caméra, côté jardin, dont les images sont projetées sur un immense écran à l’arrière-scène. La technique low-fi est judicieusement utilisée lors de plusieurs scènes, permettant une séance Skype, affichant les pages Facebook d’amitiés non concluantes ou plaçant simplement l’ambiance du moment en utilisant astucieusement des objets de la vie quotidienne. Avec beaucoup de finesse, les comédiens  Frédéric Lemay et Julie Trépanier jouent les doubles d’Esther et Gilles, et ce, sans tomber dans le piège de l’imitation. Leur présence crée du coup une certaine mise en abîme ; les interventions entre les vrais et les faux Esther et Gilles causent inévitablement quelques situations cocasses, mais peu exploitées ; certaines opportunités humoristiques sont malheureusement perdues.

La trame musicale, montée par Jacques Poulin-Denis, crée davantage que des ambiances : elle devient un cinquième personnage en scène. Classique, rock, disco (vinyles obligent, puisqu’ils n’ont apporté que des 33 tours dans leurs boîtes), les airs se succèdent et rythment la vie dans cet appartement vancouvérois.

Présentée en première mondiale au Carrefour, Straight Jacket Winter est un docu-fiction théâtral ludique tout à fait charmant qui évoluera encore beaucoup, parions-le, au cours des prochaines représentations.

28-05-2016
 

La Petite Licorne
4559, avenue Papineau
Billetterie : 514-523-2246

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Dates antérieures (entre autres)

Du 27, 28 et 29 mai 2016 - Carrefour (Québec)