La Queens'Nord de l’Ontario. Froid mordant au cœur de l’hiver. Un conflit éclate entre deux sœurs après le décès de leur mère. L’une, qui a depuis longtemps quitté son patelin qu’elle déteste, veut liquider au plus vite l’héritage familial : l’Hôtel-Motel La Queens’. L’autre, attachée à ses racines, est prête à tout pour l’en empêcher. Le temps est compté. S’engage alors une course contre la montre qui exacerbera les rivalités et révélera au grand jour des vérités cachées. Nos alliés ne sont pas toujours ceux que l’on croit…
Dans ce puissant récit aux échos identitaires – un thème récurrent dans son œuvre – l’auteur Jean Marc Dalpé nous entraîne au creux d’une réflexion sur la transmission. Faut-il se débarrasser du poids de son passé pour mieux avancer ou, au contraire, rester attaché à son héritage par respect pour nos origines ?
Jean Marc Dalpé nous livre ici son plus récent texte, qu’il a développé en résidence d’auteur à La Licorne. Dramaturge, poète, romancier, traducteur et comédien, il a signé des pièces marquantes produites par la manufacture dont Trick or Treat et Août, un repas à la campagne. Il retrouve ici Fernand Rainville, son grand complice de création, qui signait la mise en scène de ces deux pièces et qui a récemment réalisé celle de Tu te souviendras de moi, de François Archambault.
Texte Jean Marc Dalpé
Mise en scène Fernand Rainville
Avec David Boutin, Marie-Thérèse Fortin, Alice Pascual, Dominique Quesnel et Hamidou Savadogo
Crédits supplémentaires et autres informations
Assistance à la mise en scène Jean Gaudreau
Scénographie Patricia Ruel
Costumes Mireille Vachon
Lumières André Rioux
Musique Larsen Lupin
Direction artistique du spectacle Jean-Denis Leduc
| Prix à la carte | 3 à 7 spectacles | «Mordus» 8 spectacles et + | |||
|---|---|---|---|---|---|
| Abonnement | Premier arrivé | Abonnement | Premier arrivé | ||
| Régulier | 35,50$ | 28,75$ | 25,75$ | 25,75$ | 22,75$ |
| 65 ans et + | 29,50$ | 25,75$ | 22,75$ | 22,75$ | 19,75$ |
| 30 ans et – | 25,50$ | 22,75$ | 19,75$ | 19,75$ | 16,75$ |
Le prix du billet comprend les taxes, les frais de billetterie et il inclut un montant de 50 sous qui viendra appuyer le travail de développement dramaturgique.
Durée -
Tête-à-tête : jeudi 24 janvier
Une production La Manufacture
Crédit photos : Suzane O'Neill
Dans la nouvelle pièce de Jean Marc Dalpé, La Queens’, deux sœurs se disputent concernant l’avenir d’un motel situé dans le nord de l’Ontario dont elles héritent à la mort de leur mère. Alors que Sophie (Dominique Quesnel) est attachée à cet établissement et veut conserver La Queens’ à tout prix, sa sœur Marie-Élizabeth (Marie-Thérèse Fortin) aimerait bien récupérer sa part de l’héritage et couper définitivement les ponts avec ses racines.
Quelque chose dérange dans le portrait caricatural qui est fait de la famille dysfonctionnelle réunissant deux sœurs ayant fait carrière en musique, l’une pour devenir chanteuse populaire, et l’autre pour briller comme concertiste internationale. Rapidement, Sophie est dépeinte comme la gentille sœur ayant mis sa carrière en veilleuse pour s’occuper de ses parents malades, et Marie-Élizabeth comme la sœur méchante et désagréable qui renie son passé modeste et qui n’a que faire de préserver le patrimoine familial. À eux s’ajoutent Caroline (Alice Pascual), qui est chargée par sa mère de convaincre sa tante de vendre le motel, mais qui éprouve des problèmes de dépendance à l’héroïne, ainsi que Moussa, le mari de Sophie dont on ne sait pas grand-chose. Même les costumes renforcent cette impression d’avoir affaire à des individus stéréotypés que l’on retrouverait dans des films de série B. Si les postures irréconciliables de Sophie et Marie-Élizabeth sont affichées dès le début de la pièce, la confrontation attendue entre les deux sœurs n’a jamais réellement lieu. David Boutin est le seul comédien crédible dans le rôle de Marcel, un promoteur immobilier sans scrupule, prêt à tout pour racheter le motel, manipuler les Autochtones et exploiter leur territoire.
Malgré la qualité des cinq interprètes, la pièce sonne faux. Les questionnements identitaires qui traversent le spectacle sont esquissés et simplifiés, ce qui ne permet pas au public de réfléchir réellement au poids de l’héritage et à l’importance de la filiation comme l’aurait voulu l’auteur.
Malgré la qualité des cinq interprètes, la pièce sonne faux. Les questionnements identitaires qui traversent le spectacle sont esquissés et simplifiés, ce qui ne permet pas au public de réfléchir réellement au poids de l’héritage et à l’importance de la filiation comme l’aurait voulu l’auteur. Il est d’ailleurs possible de percevoir une analogie entre l’avenir de La Queens’ et celui de la culture franco-ontarienne dans le contexte des coupures et du manque de soutien du gouvernement de Doug Ford. Or, ce filon aurait dû être exploité de manière plus approfondie pour que la prise de position soit réellement pertinente. La mise en scène de Fernand Rainville arrive toutefois à mettre en relief l’imaginaire nordique qui traverse la pièce. Les vols sont annulés, les voitures doivent rester branchées, les personnages sont habillés chaudement, certains se déplacent motoneige et aucun client n’entre dans le motel. Le public est ainsi plongé dans une ambiance particulière où le temps semble tourner au ralenti.
Si le duo Dalpé-Rainville a donné lieu à plusieurs spectacles mémorables par le passé, La Queens’ ne passera malheureusement pas à l’histoire.
