SissiSissi et Pete, jeunes Québécois d’origine égyptienne, sont mariés et ont un fils de quatre ans. En pleine crise existentielle, Sissi cherche à réinventer les facettes de son quotidien et à agrandir son réseau « d’amies-mamans » québécoises de souche qu’elle trouve tellement plus « chills » que les mères qui l’entourent. Elle se lie ainsi d’amitié avec sa voisine Marilyne – dont elle admire la désinvolture – et son conjoint Jérémie, également parents d’un jeune garçon. Jusqu’à temps que se confondent réalité et vie fantasmée…
Sissi, c’est l’histoire d’une jeune femme déchirée entre le système de valeurs de sa culture d’origine – qu’elle juge trop conservatrice – et celui de sa culture d’adoption qu’elle a tendance à idéaliser. Entre son besoin de soutien et d’entraide, sa quête obsessive d’affranchissement et sa redéfinition des mots famille, couple et fidélité fleurit une pièce à la fois drôle et déstabilisante.
Le premier texte de Nathalie Doummar, Coco, a connu un vif succès lors de sa création à La Petite Licorne en 2016. Sissi, sa deuxième pièce, a fait l’objet d’une mise en lecture publique lors de La Dizaine de La Manufacture, en février 2019. La comédienne et auteure Marie-Ève Milot chapeaute le spectacle. On lui doit aussi la mise en scène de Chienne(s) (2018) et Guérilla de l’ordinaire (2019), présentées au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui.
Texte Nathalie Doummar
Mise en scène Marie-Ève Milot
Avec Mustapha Aramis, Nathalie Doummar en alternance avec Sylvie De Morais-Nogueira, Mathieu Quesnel et Elisabeth Sirois
Crédits supplémentaires et autres informations
Assistance à la mise en scène Josianne Dulong-Savignac
Décor et accessoires Robin Brazill
Éclairages Martin Sirois
Costumes Cynthia St-Gelais
Musique Antoine Berthiaume
Vidéo Chélanie Beaudin-Quintin
Tête-à-tête jeudi 31 octobre
Régulier 35,50$
65 ans et + 29,50$
30 ans et – 25,50$
Le prix de votre billet comprend les taxes, les frais de billetterie et il inclut un montant de 50 sous qui viendra appuyer notre travail de développement dramaturgique.
Une production Tableau Noir et Osmose en codiffusion avec La Manufacture
Le poids du monde sur ses épaules
Après le succès de Coco en 2016, qui abordait la thématique de l’amitié féminine, l’auteure et comédienne Nathalie Doummar foule à nouveau les planches de La Licorne pour présenter sa seconde pièce, Sissi, qui porte sur la pression de la performance que s’imposent actuellement plusieurs femmes dans la trentaine.
Crédit photos : Sylvie-Ann Paré
Nathalie Doummar campe le personnage principal de sa pièce, Romy, que l’on surnomme Sissi en l’honneur de l’impératrice d’Autriche incarnée au grand écran par l’actrice Romy Schneider. Jeune maman, Sissi cherche à trouver de nouveaux modèles de mères que ceux qu’elles retrouvent chez ses sœurs et les autres femmes de sa famille d’origine égyptienne. Elle cherche à se convaincre qu’elle file le parfait bonheur avec son mari Pete et leur adorable fils de quatre ans. Or, Sissi vit mal avec la pression que représente le modèle de famille nucléaire auquel elle aspire à tout prix. Elle rêve de devenir aussi décontractée que Marilyn et Jay, un couple de Québécois « de souche » du voisinage qui a un fils du même âge que le sien. Elle admire des femmes comme Fanny Britt, Catherine Dorion et Anaïs Barbeau-Lavalette, qui semblent assumer leur rôle de mère avec assurance tout en s’épanouissant d’un point de vue professionnel. C’est ce qui pousse Sissi à rechercher des nouveaux modèles de mères afin d’observer comment elles arrivent à rester zen malgré l’hostilité du monde dans lequel vivra la génération future.
La mise en scène de Marie-Ève Milot donne une réelle tribune à la remise existentielle de Sissi.
La mise en scène de Marie-Ève Milot donne une réelle tribune à la remise existentielle de Sissi. La metteure en scène ne cherche pas à étouffer la logorrhée du personnage ou à excuser la maladresse des moyens qu’elle trouve pour échapper au quotidien qui l’étouffe. Elle accepte que l’angoisse et le mal de vivre du personnage prennent toute la place. Sissi exprime ses désirs franchement, même lorsque ceux-ci sont en décalage avec les modèles sociaux habituels. L’urgence avec laquelle elle veut reprendre le contrôle de sa vie témoigne d’une force et d’une détermination loin de la fragilité que laissent présager les premières scènes de la pièce.
La musique techno d’Antoine Berthiaume sert bien le récit, surtout lorsqu’elle accompagne les projections de Chélanie Beaudin-Quintin. L’intériorité tourmentée de Sissi est ainsi représentée par images vidéo qui laissent deviner la silhouette de la femme, l’ombre de son enfant, ou encore des formes impressionnistes qui se déplacent au ralenti. Ces moments marquent le temps qui passe en plus d’offrir une pause dans le rythme effréné des réflexions de Sissi.
Beaucoup de jeunes femmes se reconnaîtront dans le personnage de Sissi qui finit par transmettre au spectateur une partie du poids qu’elle porte sur ses épaules. Malgré le culte de la performance qui ronge particulièrement les femmes, on finit par apprendre à se convaincre, comme elle, que « ça va être correct ».
