Gros gars, prise de parole analogique est un spectacle théâtral à mi-chemin entre la performance et le récital de poésie. Le gros gars, c’est le double fantasmé de l’auteur. C’est celui qui a peine à se mouvoir, à avancer, immobilisé par sa paresse, mais en même temps, c’est la magnitude, l’homme de tous les combats, le champion de la compassion qui a le courage de se rêver autrement.
À l’aide de moyens technologiques en apparence vétustes tout droit sortis des années 80, Mathieu déploie devant nous, par couches successives, son univers intime foisonnant, curieux, sensible et engagé. Nous assistons, témoins privilégiés, à un combat contre la procrastination qui guette tout processus de création dont le spectacle qui se déroule devant nos yeux.
Poussé par l’équipe du Théâtre de la Banquette arrière, dont il est membre, Mathieu Gosselin – auteur et interprète du solo – dévoile ici la théâtralité de sa poésie. On lui doit également les pièces Ils étaient quatre (écrite en collaboration avec les comédiens), La fête sauvage et Province, présentées à La Licorne. Après avoir mis en scène Gamètes de Rébecca Déraspe, créée sur nos planches en 2017, Sophie Cadieux dirige ici son complice.
Texte et interprétation Mathieu Gosselin
Mise en scène Sophie Cadieux
Crédits supplémentaires et autres informations
Décor et accessoires Julie Vallée-Léger
Costumes Francis-William Rhéaune
Éclairages Leticia Hamaoui
Musique Frédéric Auger
Interlocuteur sensible Justin Laramée
Tête-à-tête date à confirmer
Durée -
Les places sont limitées
Webdiffusion : 20$
Tarifs
Régulier : 37,75$, abonnement 2 pièces ou plus : 30$ par spectacle
65 ans et + : 31,75$, abonnement 2 pièces ou plus : 27$ par spectacle
30 ans et - : 27,75$, abonnement 2 pièces ou plus : 24$ par spectacle
Toutes les représentations supplémentaires peuvent être sélectionnées pour créer votre abonnement. Toutefois, c’est le tarif régulier de 37,75$ qui s’applique
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Une production du Théâtre de la Banquette arrière en codiffusion avec La Manufacture
C’est dans une ambiance de cabaret que nous accueille Mathieu Gosselin, ou Gros Gars, son double fantasmé – « procrastinateur » avéré, mais créatif –, pour sa prise de parole poétique et analogique. Sur la scène surchargée de La Petite Licorne, l’artiste, auteur, comédien, marionnettiste et même poète nous invite à une immersion dans sa psyché débridée. Le résultat est toutefois un peu décousu.
Face à une salle clairsemée pour cause de mesures sanitaires, Mathieu Gosselin, seul en scène, parvient à créer un lien unique avec le public dans une apparente spontanéité parsemée de moments drôles ou de maladresses, qui fait une grande part du sel de cette production. Pendant près d’une heure trente, il trace la topographie de son paysage intime, nous confie ses interrogations sur la création même qu’il est en train de nous présenter, se questionne sur ses motivations, la direction qu’il veut prendre et ce qu’il souhaite (ou non!) nous transmettre, tout en multipliant les apartés et en se laissant emporter à plus d’une reprise dans un souvenir ou une réflexion secondaire.
La mise en scène de Sophie Cadieux s’efface derrière le personnage du Gros Gars et de son double artistique, laissant opérer le charisme de Gosselin pour nous entraîner dans ce voyage débridé.
La mise en scène de Sophie Cadieux s’efface derrière le personnage du Gros Gars et de son double artistique, laissant opérer le charisme de Gosselin pour nous entraîner dans ce voyage débridé. La sympathique personnalité de l’artiste sert d’ailleurs de liant à cette production éclatée du Théâtre de la Banquette arrière qui, sous ses aspects brouillons, transmet la pluralité d’intérêts de Gosselin aussi bien que ses doutes. On s’y perd néanmoins quelque peu soi-même, chaque moment poétique interrompu par une distraction tantôt sous la forme d’un ami venu quêter quelques rimes, tantôt sous celle d’une dissertation « improvisée » alors qu’on souhaiterait parfois s’attarder à une image évoquée par l’artiste ou à la résonance d’une idée.
Le décor ajoute à cette accumulation de couches ; la scène déborde d’objets issus de la jeunesse de l’artiste ou d’objets qui l’inspirent, autant d’éléments qui composent son identité de Gros Gars « né Deep N Delicious » : des Mr. Freeze décongelés qui colorent sa console de maître de cérémonie à la montagne précaire de caisses de lait en passant par ses collections de CD et de t-shirts. Ceux-ci, que l’artiste enfile les uns après les autres, sont autant de clins d’œil à sa personnalité. En un tournemain, il les transforme en marionnette grandeur nature pour donner voix au geignard Gros Gars qui s’agonit d’insultes; on reconnaît là l’amour de Gosselin pour l’art de la marionnette et son talent à l’utiliser pour servir son propos. Ce sont les moments les plus touchants, ceux qui sonnent les plus vrais.
Cabaret poétique iconoclaste, Gros Gars a les défauts de ses qualités : chaleureux, captivant, débordant d’images et de pistes de réflexion pertinentes, il laisse toutefois l’impression d’un spectacle qui n’assume pas encore complètement ses débordements et ses aspérités, comme hésitant à aller jusqu’au bout de ses idées.