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Du 26 septembre au 14 octobre 2007

Ah, la vache!

De 5 à 10 ans

Texte et mise en scène de Javier Swedzky
Avec Éloi Archambaudoin, Joël Melançon, Christian Perrault, Catherine Vidal

Madame Henriette Toutamoi, les yeux cernés par ses nuits d'insomnie, arrive en pleurs chez les détectives Bob et Tom pour leur faire part du vol de son ourson en peluche. C'est le drame, car elle ne peut pas dormir sans lui... Bob et Tom ont donc recours à leur infaillible arme secrète : un déguisement de vache. Grâce à leur subterfuge, ils retrouvent le toutou dérobé. Mais c'est là que tout se complique : pourquoi le voleur veut-il empêcher la terre entière de dormir ? Et puis, à qui appartient vraiment cet ourson ?

Mélangeant marionnettes, acrobaties et chansons, Ah, la vache ! est un spectacle loufoque et complètement éclaté, une histoire délirante qui emprunte couleurs et rythmes à l'univers déjanté de la bande dessinée. L'oeuvre traite de façon hétéroclite et joyeuse d'un sujet pourtant passablement sérieux : le débat sur l'appartenance des choses et, surtout, l'importance du dialogue comme moyen de conciliation.

Conseiller artistique : André Laliberté
Conception des marionnettes et des décors Javier Swedzky / Marc-André Coulombe
Musique Libert Subirana
Éclairages Gilles Perron

Une création du Théâtre de l'Oeil

Maison Théâtre
245, rue Ontario Est
Billetterie :
514-288-7211

 

 

par David Lefebvre

On dit souvent que le théâtre pour jeune public est l’un des arts les plus inventifs et créatifs, question de capter et (surtout) de garder l’attention des petits comme des grands. Ah, la vache ! fait assurément honneur à cette réputation. Conçue par Javier Swedzky, artiste multidisciplinaire originaire de Buenos Aires en Argentine, la pièce parfois burlesque, loufoque et sans prétention a de quoi ravir inévitablement son public.

L’immense (et c’est le mot) chanteuse et comédienne Henriette Toutamoi s’est fait voler son ourson. Elle ne peut plus dormir… Elle fait appel aux détectives Bob et Tom qui, sans emploi, se précipitent immédiatement sur les traces du brigand. Seul indice, un long poil rose. Pendant ce temps, le très petit Teddy Nounours, insomniaque notoire depuis sa tendre enfance et inventeur diabolique, répand sur la ville des oursons tapageurs qui empêchent les gens de faire leur dodo. Alors que Tom et Bob mettent finalement la main sur la peluche volée, grâce à leur arme secrète, un costume de vache, une question est soulevée : mais à qui appartient vraiment cet ourson?

Dès le départ, la pièce nous plonge dans un monde près du cirque ou du “soft freak show”. Une présentatrice (Catherine Vidal), au costume flamboyant, nous présente sa toute nouvelle invention : la machine à voix. Cinq bouches, cinq voyelles, qui chantent plus ou moins juste. Mais dès qu’elle est partie, les lèvres charnues complotent entre elles, et deviennent alors narrateurs de cette histoire abracadabrante de kidnapping. Les marionnettes de Swedzky et Marc-André Coulombe sont bien confectionnées, travaillées : on passe de l’énorme madame Toutamoi (qui ne divulgue que sa tête, ses bras et ses jambes, grâce à un mur de boîtes aux multiples trappes), au très petit M. Nounours. Ce dernier, pour se déplacer, grimpe sur le dos d’un grand lapin machiavélique robotisé, aux yeux rouges illuminés. On est sans contredit émerveillé par les simples et géniales idées de la mise en scène, de la scéno et des marionnettes.

Les deux comédiens qui interprètent les détectives (Éloi Archambaudoin et Christian Perreault), s’amusent, cabriolent et font éclater de rire la salle dans leur costume de vache – un relent du film Top Secret ? – à la bouille sympathique, aux déhanchements et aux pas de danse irrésistibles. Catherine Vidal prête sa jolie voix à Henriette et entonne quelques airs de cabaret. Le seul que nous ne voyons pas est Joël Melançon, qui s’occupe des manipulations et des voix de quelques marionnettes. Grâce à un travail d’équipe impeccable, plusieurs surprises plus comiques les unes que les autres fusent de ce mur aux multiples portes et coulisses, dont une émission de télé, la chambre à coucher de M. Nounours et le bureau des détectives.

Tout aussi drôle que sérieuse, la belle réussite qu’est Ah, la vache ! du Théâtre de l’œil ne présente étonnamment aucune véritable morale. Mais des questions restent en suspend. À qui appartient l’ourson ? Qu’est-ce qui est mal, qu’est-ce qui est bien ? Est-ce que le bonhomme est si bon que ça ? Est-ce que le petit méchant ne cacherait pas une douceur sous sa carapace ? Est-ce que tout est blanc ou noir ? C’est au petit comme au grand spectateur de faire son bout de chemin et de réfléchir à ces questions sensibles.

28-09-2007