Du 5 mars au 3 avril 2010

Carton rouge sur carré vert

(4 à 8 ans)

Texte Pascale Rafie
Mise en scène Marc-André Roy
Interprétation-manipulation des marionnettes Vicky Côté, Martin Gagnon, Dany Lefrançois
Interprétation Sébastien Bouchard

Les Couguars de Saint-Elzéar rencontrent aujourd'hui les Pythons de Saint-Siméon. Sur le terrain de soccer, les jumeaux Fou-fou et Coco s'affrontent. Le premier voudrait bien être un champion pour plaire à son père, mais le ballon lui court après ! Coco, quant à elle, tente, en marquant des buts, de conquérir l'estime de ce père et, surtout, de lui faire comprendre qu'une fille peut aussi jouer au soccer. Pendant le match, les rêves des jumeaux et ceux de leur père se jouent. Chacun apprendra-t-il à apprivoiser la réalité de l'autre ?

Marionnettes et interprètes incarnent les personnages de ce match de soccer presque aussi vrai que nature. La scénographie originale, le décor en mouvement, les objets et le théâtre d'ombres rendent la partie encore plus surprenante. Entre les coups francs, les jambettes et un carton rouge, le spectacle met en scène des thèmes à l'image des défis que doivent relever les enfants : la rivalité, l'estime de soi et bien sûr le plaisir du sport.

par David Lefebvre

Créé suite à la coupe du monde de soccer de 1966 entre l’Argentine et l’Angleterre, un tournoi qui fut très tendu, le carton rouge est le symbole de la sanction la plus sévère d’un match, qui signifie l’expulsion d’un joueur sans qu’on puisse le remplacer. La faute peut autant être attribuée à un geste violent qu’à un manque de fairplay (second avertissement, crachat, annihilation d’une chance sûre de marquer en touchant le ballon, etc.). La pièce Carton rouge sur carré vert, de la compagnie Les Amis de Chiffon, s’inspire, selon l’auteure Pascale Rafie, de ce fameux coup de tête de Zinedine Zidane au joueur italien Marco Materazzi en 2006. L’auteure voulait, au départ, réfléchir sur le sport et la violence. C’est pourtant un autre chemin qu’elle emprunte : en se servant du soccer, un sport qui explose en popularité chez les jeunes de 5 à 15 ans, elle explore les thèmes de l’estime de soi, de la place de la jeune fille dans les activités souvent réservées à tort aux garçons et de la pression parentale sur les enfants.

Francisco « Fou-fou » et Coralia « Coco » Blanco sont jumeaux. Le premier est plutôt rêveur, et veut annoncer à son père, ancien joueur étoile, qu’il désire lâcher le soccer, sans pourtant y arriver. Coco, jeune fille dynamique, joueuse impressionnante, aimerait dire à son père qu’elle joue, malgré son interdiction, et ce, déguisée en garçon. Voilà la coupe des quartiers, et les deux équipes dont font partie les jumeaux s’affrontent. Qui l’emportera? Pourront-ils enfin s’exprimer? Comment réagira papa?

C’est dans un décor minimaliste mais toujours en mouvement que la petite troupe, composée de Sébastien Bouchard, Vicky Côté, Martin Gagnon et Dany Lefrançois, s’exécute. Après avoir dialogué avec les enfants dans la salle, les comédiens montent rapidement sur scène et s’étirent. Ça bouge, ça saute, ça danse, l’activité physique à son meilleur! La scénographie est principalement composée de cubes que l’on redresse, penche, ouvre, que l’on décore de gazon, de lignes et de buts. Un écran, en forme de cercle, ferme la scène, à l’arrière, et permet de projeter différentes photos et images. Son utilisation est complétée avec créativité par un théâtre d’ombres, avec lequel on démontre, par exemple lors d’un tango, la relation passionnelle des parents des jumeaux et leurs origines espagnoles.

Les deux marionnettes principales, Fou-fou et Coco, ont été superbement conçues par Stéphan Bernier. Pour le reste des membres des équipes, on les représente par des têtes sur une chemise, des paires de jambes ou un peloton emmêlé – l’attention est donc toujours portée vers les jumeaux.

Les comédiens allient le jeu réel (comme le papa, Archibald, interprété par Sébastien Bouchard) et la manipulation d’objets et de marionnettes. La chorégraphie et la direction des mouvements sont coordonnées de main de maître par Marie-Josée Paradis et le metteur en scène Marc-André Roy. La musique originale de Guillaume Thibert, quoique trop forte par moment, accompagne parfaitement la pièce, qui met le mouvement en avant-plan.

L’affirmation de soi, la lutte aux préjugés et l’égalité entre les sexes trouveront écho surtout chez les spectateurs un peu plus âgés, mais le dynamisme et le côté ludique et enjoué de Carton rouge sur carré vert charmeront assurément tout le public.

09-03-10