L'ombre de l'escargot

(5 à 9 ans)

Texte et mise en scène, avec la collaboration de l'équipe de création Jean-Philippe Joubert
Interprétation Maxime Allen, Émilie Lévesque, Sonia Montminy

Valérie et son frère sont complètement différents. Lui est un petit garçon tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Elle est en fauteuil roulant, ne parle pas, ne marche pas et bouge étrangement. Entre eux, il y a l'amour et la complicité, mais surtout une montagne de questions. Que se passe-t-il dans la tête de Valérie ? Quels désirs se cachent derrière ses yeux mystérieux ? Un soir, son frère rêve qu'elle se met soudainement à danser. Et si ce rêve devenait réalité ?

Inspiré de l'expérience personnelle de l'auteur et metteur en scène, L'Ombre de l'escargot est un hommage au corps qui bouge autrement, un pas de deux vers la découverte de la différence des personnes handicapées. Dans un mélange d'ombres, de vidéo et de danse, le spectacle porte un regard lumineux et positif sur un sujet rarement abordé sur scène. Il invite à apprivoiser cette autre réalité et à s'ouvrir à la beauté d'un mystère...

par David Lefebvre

La pièce L'ombre de l'escargot aborde un thème plutôt difficile, mais profondément humain et universel : la déficience intellectuelle. Mais au-delà du handicap, le texte très personnel et la mise en scène de Jean-Philippe Joubert ouvrent, un tant soit peu, les yeux sur la différence, et fait regarder d'un autre oeil certains comportements qui peuvent nous paraître étranges, incompréhensibles.

Valérie est confinée dans son fauteuil roulant. Elle aime dormir, elle aime bouger. C'est son anniversaire bientôt et son frère cherche un cadeau à lui donner. Complice de son quotidien, il trouve une boîte à musique, mais Valérie semble apprécier davantage la figurine de la ballerine plutôt que la mélodie, qu’elle arrache de la boîte. Alors qu’il essaie de réparer le cadeau que Valérie a cassé, la ballerine se matérialise. Tout d'abord éberlué, le frère présente son escargot à la nouvelle venue, Valéria. La danseuse, dans toute son élégance, ne comprend pas, et le regarde tout d'abord avec dédain, mais finit par apprécier le mollusque. Puis, elle rencontre Valérie : mêmes incompréhensions. Elle pose mille questions, impose sa dynamique maladroitement, pour finalement entrer dans l'univers de ces deux jeunes inséparables.

Alliant agréablement la danse - essentiellement classique, l'ombre et la vidéo, L'ombre de l'escargot est une fable tout ce qu’il y a de plus réaliste. Le décor est quasi inexistant, si ce n'est d'un écran de forme circulaire bosselé, permettant les projections animées et les ombres. L'espace, ainsi nu, permet au jeune public de se concentrer entièrement sur Sonia Montminy, qui interprète Valérie avec beaucoup de sensibilité, sans tomber dans la caricature (son expérience en danse lui permet un jeu corporel désarticulé et fort réaliste) et d'Émilie Lévesque, en gracieuse et talentueuse Valéria, toujours sur les pointes, accumulant arabesques, pirouettes et entrechats. Ce personnage incarne le contraire de Valérie, dans la recherche du geste et de la posture parfaite, comparativement aux efforts de simples gestes quotidiens que Valérie doit accomplir. Valéria est aussi le miroir du monde en général, de par ce regard interrogateur, cette incompréhension et ce mépris involontaire. Et son pas de deux est des plus contagieux, à voir les fillettes tournoyer, les bras au ciel, à la sortie du spectacle. Maxime Allen joue le rôle du frère avec beaucoup d'aisance ; il adore sa soeur, arrive à déchiffrer certains messages, mais se pose lui aussi tant de questions, et voudrait bien savoir à quoi elle rêve, à quoi elle pense, derrière ses grands yeux mystérieux et souvent fuyants.

Malgré quelques redondances, L'ombre de l'escargot propose un spectacle simple, épuré, accessible, d'une très grande douceur. Un dialogue, entre parents et enfants, avant ou après la représentation, sera des plus bénéfiques, pour bien cerner le message de la pièce : accepter et s'ouvrir à la différence.