Du 9 octobre au 1er novembre 2009
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Une forêt dans la têteUne Forêt dans la tête

(4 à 8 ans)

Texte Marie-Christine Lê-Huu
Mise en scène Michel Fréchette, Michel P. Ranger
Interprétation-manipulation des marionnettes Lili Gagnon, Marie-Eve Milot, Bryan Morneau, Louis-Philippe Paulhus

Charlie, un enfant inventif et curieux, voit la forêt partout. Grâce à son chapeaubouclier le protégeant des moqueries de ses camarades, il assume et affirme parfaitement son originalité. Un jour, pour aider son ami, il est entraîné au cœur de la vraie forêt où il tombe sur un vieil homme que plusieurs croient fou ou même sorcier. Ce dernier a planté des arbres tout autour de sa maison pour s'isoler. Malgré tout, Charlie va vers cet homme étrange. Une rencontre dont le vieil homme ressortira transformé...

Une Forêt dans la tête, c'est une invitation à pénétrer dans un monde ludique grâce à une scénographie inventive qui évoque tous les plaisirs de l'enfance. Une grande variété de marionnettes, mariée au jeu des interprètes, nous amène dans l'univers des deux protagonistes si différents et pourtant si semblables. Prônant le courage et la fierté de rester soi-même, ce spectacle allume en nous une irrésistible envie d'être libre et d'aller contre le vent.

ACTIVITÉS D'ANIMATION THÉÂTRALE

Le 11 octobre 2009, 16 h
Rencontrez les artistes du spectacle après la représentation. Gratuit.

Les 17 et 18 octobre 2009 à 14 h 30 C
PARCOURS DES PETITS CURIEUX. 10$ par personne, réservation requise.

Durée : environ 50 minutes

Scénographie, marionnettes et costumes Patrick Martel
Musique Guillaume Sauriol-Lacoste
Éclairages Maryline Gagnon
Direction technique et régie Maryline Gagnon
Construction du décor Colin Chabot, Joël Chabot

Une création du Théâtre de l'Avant-Pays

Maison Théâtre
245, rue Ontario Est
Billetterie : 514-288-7211

par David Lefebvre

Charlie est un petit garçon énergique dont la curiosité et l'imagination dépassent l'entendement de ses parents. Toujours en retard le matin, il aime bien flâner sur le sentier de la forêt entre la maison et l’école. Un jour, son ami Victor se fait dérober sa petite voiture rouge par Martin, le bagarreur de la classe. Charlie, coiffé de son chapeau-bouclier qui «repousse les moqueries de ses camarades», veut bien aider son ami à récupérer sa voiture. Alors, Martin le pousse au défi : découvrir ce que le vieux Simon cache derrière une grande porte, verrouillée par trois serrures, dans sa petite maison entourée d'arbres. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire : le vieux Simon vit en ermite et reculé du monde. On dit même qu'il serait un loup-garou, à cause des grognements qu’il pousse de temps en temps et des aboiements qu’on entend parfois tard dans la nuit. Et puis, notre héros aimerait bien impressionner Aurélie, la jolie blonde de la classe. Charlie saura-t-il surmonter sa peur? Et Simon voudra-t-il dévoiler son secret? Par chance, l'écureuil de notre héros, nommé Canard, se mêlera de l'affaire...

Une Forêt dans la tête est la 31e production du Théâtre de l'Avant-Pays, une compagnie dont la réputation dans le monde du théâtre de manipulation n'est plus à faire. On se rappelle de L'Armoire, de À nous deux ! ou du Château sans roi. L’association entre l’Avant-Pays et l’auteure et comédienne Marie-Christine Lê-Huu, connue pour ses personnages dans Cornemuse et Toc Toc Toc, ne pouvait se faire que naturellement. Une Forêt dans la tête, son premier texte pour jeune public, se penche sur les frayeurs enfantines et les souvenirs douloureux des adultes, mais surtout, sur la fierté d'être soi et de s'affirmer tel que nous sommes - et de le rester. Elle trouve avec facilité les mots justes pour amuser et capter l’attention du public, composé de spectateurs de tous âges. Tout en étant très contemporaine, la pièce fait aussi référence à des dizaines de contes traditionnels : la marche dans la forêt, qui alimente l'imagination affamée de Charlie, deviendra une quête initiatique pour le jeune garçon, comme l’a été celle d'Hansel et Gretel, du Petit Poucet ou même du Chaperon rouge.

C’est la comédienne Marie-Ève Milot qui interprète Charlie. Elle joue à merveille ce petit garçon énergique de 7 ans : le ton et la gestuelle semblent étudiés, calculés. On sent que Charlie est vif, curieux, mais les gestes sont parfois un tantinet secs, prompts. Charlie prend aussi une autre forme, soit celle d’une marionnette que la comédienne manipule, comme un pantin. C’est un effet de dédoublement très intéressant qui crée un lien très fort entre le réel et l’imaginaire fertile du garçon. À l’antipode de Charlie, on retrouve le vieux Simon, l’autre personnage «vivant», dont la tristesse et la lassitude le rendent grincheux et lui voûtent le dos. Le jeu de Louis-Philippe Paulhus porte, bien entendu, beaucoup plus vers le rire que le drame, et on s’attache facilement à cet homme bourru au passé non réglé. De plus, il est plaisant de remarquer tout le talent de manipulateur de Paulhus, alors qu'il s'amuse et discute avec l'écureuil Canard.

La mise en scène à deux têtes, de Michel Fréchette et de Michel P. Ranger, propose d’entrer pleinement dans le monde très créatif de Charlie autant par la voie de la réalité que celle du jeu. Les marionnettes étaient donc un choix éclairé pour représenter le monde ludique de Charlie. Cinq différents types de marionnettes sont utilisés lors du spectacle : de type appelé à gueule, objet, photo, à tige et à clavier. Les marionnettistes Lili Gagnon et Bryan Morneau sont excellents, manipulant à vue, et se fondent avec dextérité derrière les personnages. Le nombre de techniques et la maîtrise de celles-ci dans le spectacle démontrent sans nul doute tout le talent et l'expérience de la compagnie dans ce domaine toujours aussi fascinant et en constante évolution. Certains effets sont même saisissants, il faut voir les souvenirs du vieux Simon sortir de leurs cadres photographiques pour rejouer l’enfance de l’homme, et affronter les craintes et les mauvaises décisions de celui-ci.

Du côté de la scénographie, elle ne tient que sur une sorte de butte circulaire, noire et glissante, où sont installés quatre grands troncs d'arbres. Deux de ces arbres sont d'une conception ingénieuse : à gauche, c'est la commode de Charlie, à droite, l'armoire verrouillée de Simon. Par sa forme, on pourrait aussi comparer la petite colline à un pont arqué reliant le monde de Charlie et celui de Simon.

Affronter nos peurs est l'une des étapes les plus importantes, sinon cruciales, dans notre enfance. Puis, rendu à un âge vénérable, confronter nos souvenirs peut paraître une torture. Le jeune Charlie et le vieux Simon auront la chance de se rencontrer et, ainsi, d’apprivoiser ce qui les terrifie. Une forêt dans la tête est un spectacle épuré, débordant d’énergie et d’imagination. Réussi à tout point de vue, la pièce est un hymne à l’enfance et à l’imagination, un appel à la liberté d’être soi-même et à l’ouverture sur le monde.

12-10-2009

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