Une caméra, dotée d’une personnalité curieuse et intrépide, déambule dans les bois avec un émerveillement naïf. Au cœur de cette forêt grouillante de vie se succèdent des personnages attachants : un écureuil protégeant jalousement son butin, une fourmi aux prises avec sa légèreté, un orignal fougueux mais amical, et un papillon en cavale. De son œil bionique, Caméra partage ses différents angles de vue sur la puissance de la nature, l’enchaînement des jours et des nuits, l’évolution des saisons et la splendeur végétale et animale, jusqu’au déchaînement des éléments. Pourtant, bien qu’elle fasse des pattes et des mains pour capter l’essence des bois et s’enraciner, Caméra demeure une intruse...
Dans cet astucieux spectacle sans paroles, la musique est omniprésente, révélant les bruissements enchanteurs du paysage sonore de la nature. Le théâtre d’ombres et les marionnettes, jumelés aux jeux de lumières colorées et contrastées, incarnent avec beaucoup d’esthétisme l’âme de la forêt. Questionnant notre rapport actuel avec la nature, Sur 3 pattes propose une réflexion poétique et imagée sur l’admirable force de la vie, sur le temps qui la transforme, puis qui la fait s’éteindre pour mieux la faire renaître.
Environ 55 minutes
19 mai 9h45 et 13h
20 mai 19h
21-22 mai 4-5 juin 15h
24-26-31 mai 2 juin 10h et 13h
25 mai 1er-3 juin 10h
28 mai 13h
29 mai 13h et 15h
Activités d'animation théâtrale
Le dimanche 22 mai 2011
Rencontrez les artistes du spectacle après la représentation de 15h. Gratuit.
Le dimanche 29 mai 2011, 14 H 30 Complet
Parcours du spectateur. 10$ par personne, réservation requise.
Une création du Théâtre de l’Oeil
Maison Théâtre
245, rue Ontario Est
Billetterie : 514-288-7211
par David Lefebvre
Le Porteur, La Félicité, La cité des loups, Ah, la vache!, le Théâtre de l'Oeil ne cesse, projet après projet, de surprendre petits et grands grâce à la créativité de ses concepteurs et de ses auteurs, et ce, depuis presque 40 ans. Imagination et observation environnementale se croisent dans une forêt bien malmenée par nos déchets, lors de ce visuellement splendide Sur 3 pattes.
Un ours amaigri meurt tout près d'une décharge en plein boisé. De lui émane un papillon, symbole de son âme, qui s'emprisonne de lui-même dans une vieille caméra vidéo sur trépied. La voilà qui prend vie et devient le témoin privilégié d'une faune vivante. De Stamoé, l'écureuil aux mille trésors, dont un briquet qu'il traine partout, à la fourmi qui mâche de la gomme et qui s'envole avec la bulle qu'elle a soufflée, en passant par de terrifiantes créatures de la nuit et un veau et son parent orignal sorti d'une pancarte, la caméra capte, s'amuse, glisse, tremble, s'ennuie. Surgit ici et là Philomène, cette vieille dame nature, représentante du cycle de la vie.
Ce spectacle sans paroles, conçu par Simon Boudreault et Richard Lacroix, se veut un amusant conte dont la scénographie et la marionnette deviennent véritablement la matière narrative principale. Placées ainsi au coeur de l'histoire, les scènes que créent les décors sont tour à tour poétiques, comiques, effrayantes. Du dépotoir à la clairière luxuriante, de l'étang à l'hiver enneigé, les nombreux changements se font avec une rapidité et une adresse désarmantes. Le personnage de la caméra nous offre même des plans rapprochés grâce à son objectif ; les images ainsi captées sont reproduites en fond de scène. Grâce aussi au travail méticuleux et contrasté de Gilles Perron à l'éclairage, le tout donne une forte impression cinématographique qui plait énormément à l'oeil. Si quelques longueurs se font sentir lorsque l'action est suspendue, quelques gags répétitifs viennent regagner l'attention des plus petits qui s'esclaffent allègrement.
La trame sonore de Michel F. Côté est omniprésente et pige dans plusieurs courants musicaux. Si la musique est créée pour plaire au jeune public, l'adulte arrive aisément à se laisser porter par des thèmes plus rythmés ou plus jazzés. Par contre, les effets sonores auraient eu avantage à être mieux choisis et plus inventifs. Les créatures et les marionnettes de Richard Lacroix, essentiellement à tige, sont magnifiques. Si l'écureuil est d'une taille parfaite, on s'amuse ailleurs avec la perspective, grâce essentiellement aux différentes incarnations de Philomène, de petite dame à une immense tête attachante et symbolique. Notons l'excellent travail des quatre marionnettistes, manipulant cachés derrière des panneaux noirs ou sous le décor, soit Jean Cummings, Stéphane Heine, Myriame Larose et Graham Soul.
Si les tableaux de Sur 3 pattes nous font découvrir d'une autre manière ce grand territoire, peuplé de mythes et d'animaux, la trame écologique se veut malheureusement trop propre pour réellement sensibiliser les enfants aux désastres environnementaux qui nous entourent. Ce tapis de détritus qui disparait en un claquement de doigts, ou ce feu de forêt naissant d'un terrier, événement finalement plutôt positif, incinérant déchets et permettant une certaine renaissance de la nature, s'avèrent, certes, jolis, mais manquent d'engagement. La morale se veut ainsi absente d'une histoire qui, pourtant, aborde un sujet important et d'actualité. Si quelques personnes s'en réjouissent, d'autres y voient une occasion ratée de mobiliser et de sensibiliser concrètement et d'une façon ludique le jeune public.