Espérant se retirer du monde, un drôle de monsieur se cloisonne dans une maison sans portes ni fenêtres. C’est qu’il les a vendues, comme tout le reste d’ailleurs. Le peu qu’il possède est précieusement gardé dans une grande armoire, qui devient tout à coup le théâtre d’événements bizarres. Comme par magie, d’étranges bruits s’en échappent, des notes de piano fusent de ses compartiments, tandis que la nourriture qu’elle contient disparaît. Qui s’amuse ainsi à lui jouer des tours? L’armoire en vient même à se déboîter à la manière de poupées russes, ouvrant du même souffle les portes de la mémoire de l’homme, d’où jaillit le souvenir d’une souris nommée Chopin. En se réappropriant la musique, il renoue avec son bonheur perdu.
Par l’illusion et la fascination, ce spectacle met en scène la fragilité d’un adulte et aborde le thème de la solitude avec humour et tendresse. Depuis sa création en 1993, l’homme est incarné par le même comédien, qui parvient à établir une complicité bien réelle avec les jeunes spectateurs grâce à son charisme. Cet artiste exceptionnel a su insuffler une intériorité émouvante à ce personnage en quête de lumière et de musique.
Scénographie Christian Fontaine, Isabelle Larivière
Éclairages Louis-Marie Lavoie
Musique originale Marc Vallée
Environ 50 minutes
4-8-9-10-15-16 mars 10h
5-6-12-19-20 mars 15h
11 mars 19h
13 mars 13h et 15h
17 mars 10h et 13h
Activités d'animation théâtrale
Le dimanche 6 mars 2011
Rencontrez les artistes du spectacle après la représentation de 15h. Gratuit
Une création du Théâtre du Gros Mécano
Maison Théâtre
245, rue Ontario Est
Billetterie : 514-288-7211
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Dates antérieures
8 novembre au 7 décembre 2007 - Les Gros Becs
par David Lefebvre
Considérée comme un classique du théâtre québécois jeune public, la pièce L'homme, Chopin et le petit tas de bois du Théâtre du Gros Mécano (Prière de ne pas déranger, La Librairie, Lucille in the Sky avec un diamant, Éric n'est pas beau) a été présentée plus de 300 fois depuis sa création en 1993. Le comédien Jean Guy peut d'ailleurs s'enorgueillir d'interpréter le personnage principal de ce conte sur la solitude et la retraite du monde depuis la toute première représentation. Un bel exploit!
Un homme à la barbe et aux cheveux argentés, tout de noir vêtu, bien décidé de se couper du reste du monde trop curieux à son goût, vend portes, fenêtres, cheminée, téléphone, table et autres objets encombrants. Il ne garde que sa chaise préférée, des pots de nourriture déshydratée (autant du navet que du banana split séché) et une vieille armoire qui lui répond quand il lui parle. Le vieil homme, pourtant fort sympathique, veut se faire oublier, et sombre dans sa solitude qu'il croit protectrice, bienfaitrice. Pourtant, il sera dérangé par une sournoise petite souris, qui couine comme un piano, et s'ouvriront les portes de la mémoire dans l'esprit de l'ermite, qui verra enfin les couleurs égayer sa maison.
Le texte de Reynald Robinson est d'une simplicité désarmante, d'une grande tendresse et d'une surprenante poésie, essentiellement vers la fin du récit. Histoire de transition, de transformation, elle est celle d'un homme qui reprend goût au contact des autres, à la vie qui l'entoure, à son rapport entre le visible et l'invisible. La scénographie de Christian Fontaine et Isabelle Larivière, en noir et blanc, réserve pourtant plusieurs surprises épatantes, provenant surtout de la belle armoire de bois. Jean Guy s'avère être un charmant et émouvant vieil homme, et l'expérience du comédien avec le jeune public n'est plus à prouver. Il amène celui-ci dans son histoire, le faisant réagir sans même le demander. Les enfants alors trépignent, crient les réponses, suggèrent à l'homme de regarder l'armoire, de faire attention. Ils rigolent de voir disparaître et réapparaître les pots de nourriture. Ils s'esclaffent à chaque fois que l'homme se prend la main dans les trappes à souris qu'il dissimule. Il y a un peu de clown dans le jeu du comédien, faisant naître le rire grâce à la surprise et à la répétition de gags. Si la musique de Chopin se fait peu entendre, c'est en grande partie à cause de la souris : c'est en fait le nom que le vieil homme, alors garçon (Jean-Philippe Debien), avait choisi pour son petit rongeur adopté. Un souvenir triste, qui pourtant le réanimera.
Le succès de ce spectacle? Une fable enjouée, fantaisiste, une superbe complicité avec les enfants et un jeu qui appelle à l'imaginaire des petits comme des grands. Un spectacle qui ne prend aucune ride avec le temps.