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Du 30 mai au 10 juin 2012
Une lune entre deux maisons
pour les jeunes de 3 à 5 ans
Texte Suzanne Lebeau
Nouvelle mise en scène Marie-Eve Huot
Assistance Dominique Cuerrier
Avec Philomène Lévesque-Rainville et Simon Labelle-Ouimet

Malgré leurs différences, Plume et Taciturne s’apprivoisent lentement. Plume est vive et enjouée. Elle parle tout le temps. Taciturne, quant à lui, est peu bavard, mais il observe et il écoute. Sa plus grande passion, c’est la musique. Chacun traînant une maison à l’image de sa personnalité, ils tentent maladroitement d’établir les premiers contacts. Mais c’est sous la lune, alors que survient une menace issue de la nuit, qu’ils se rencontrent réellement. Réunis par les grandes émotions qu’ils éprouvent, ils en viennent à surmonter ensemble leurs peurs, et à devenir ainsi des amis inséparables.

Illustrant brillamment le langage coloré des enfants et s’appuyant sur un univers symbolique auquel ils adhèrent instinctivement, ce spectacle tout en finesse évoque avec humour et poésie ce moment merveilleux où deux âmes opposées s’ouvrent l’une à l’autre et au monde.


Section vidéo
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Scénographie Patrice Charbonneau-Brunelle
Éclairages Thomas Godefroid
Conception sonore Nicolas Letarte
Costumes Cynthia Saint-Gelais
Direction technique Dominique Gagnon

Activités d'animation théâtrale

Rencontre avec les artistes: 2 juin

Une recréation de la compagnie le Carrousel


Maison Théâtre
245, rue Ontario Est
Billetterie : 514-288-7211

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Dates antérieures (entre autres)

7 au 18 mars 2012, Les Gros Becs

 
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 Critique
Critique

par David Lefebvre


Crédit photo : François-Xavier Gaudreault

La Maison Théâtre termine de merveilleuse manière sa saison 2011-2012 en invitant tout-petits et tout-grands sur la scène, lieu de mille merveilles, au coeur du décor futuriste et spatial d'Une Lune entre deux maisons. Après le Théâtre Les Lucioles, qui avait repris en 2004 cette pièce de Suzanne Lebeau, c'est au tour du Carrousel de nous offrir sa version de ce conte simple et désarmant sur l'amitié, d'abord, puis sur l'apprivoisement des différences de l'Autre et des bruits de la nuit.

Première surprise, pour les personnes qui avait assisté au spectacle en 2004 : Plume n'est plus un garçon, mais bien une petite fille très volubile, interprétée avec jovialité et naïveté par Philomène Lévesque-Rainville, qui accueille le public avec des bonjours tout en sourire. Taciturne, joué par Simon Labelle-Ouimet, se veut plus timide, préférant communiquer avec la musique plutôt que par la parole. Ratapoil, son chien, le suit toujours, accroché à ses épaules. Les costumes de Cynthia Saint-Gelais collent aux personnalités des protagonistes. La scénographie, plutôt bien conçue par Patrice Charbonneau-Brunelle, se veut un univers de jeux, recréant avec des poutres de métal amovibles un immense mobile au-dessus des deux maisonnettes. Celles-ci sont tout aussi intéressantes et représentent bien leurs propriétaires : la maison de Taciturne comporte un rideau, cachant son intimité, à l’intérieur d’un anneau pivotant, offrant de multiples manières de créer de la musique, dont des cordes tendues et des percussions. Plume, elle, habite un espace tout ouvert, soit un escalier, et s'occupe du soleil et de la lune qui logent chez elle, comme des ballons prêts à sortir pour jouer.

Tout comme le décor, le jeu se veut ludique, rappelant au passage plusieurs émissions jeunesse des années 70. La proximité des comédiens fascine les gamins qui écoutent avec attention l'histoire de la première rencontre entre Plume et Taciturne, ponctuée de gags – Plume trouve difficile de dire certains mots, et mélange les syllabes, au bonheur des petits - et de chansonnettes. Plus la nuit avance, plus les bruits deviennent inquiétants ; on a beau fermer les fenêtres, on a beau faire de la musique encore plus fort, reste qu'à deux, la peur s'estompe. Nicolas Letarte fait un excellent travail avec le son, le faisant craquer de partout. Si la musique est au coeur du récit, on l'aurait voulue plus mélodieuse que cacophonique, malgré le talent indéniable de Simon Labelle-Ouimet.

Le texte de Suzanne Lebeau, d'une belle douceur poétique, ne s'enlise jamais, respectant l'univers onirique dans lequel il évolue. La nouvelle mise en scène de Marie-Ève Huot est rafraîchissante et propose plusieurs clins d'oeil ; on devine les inspirations, on sourit devant la candeur des personnages. On découvre pour certains, on renoue, pour d’autres, avec un réel classique du théâtre jeune public québécois. Charmant.

01-06-2012

 



par Magali Paquin (Québec)

C’est en toute intimité que l’on découvre Une lune entre deux maisons, une pièce pour tout-petits qui avait remporté un vif succès lors de sa création il y a plus de trente ans. Que toutes craintes tombent : cette pièce créée par le Théâtre Le Carrousel (Montréal) n’a pas perdu son charme avec l’âge, d’autant plus qu’elle est cette fois enrobée d’une fraîche mise en scène.

Dans un espace très intimiste, où les bancs sont disposés à quelques pas de la scène, le jeune public est invité à entrer dans le monde de Plume (Philomène Lévesque-Rainville) et de Taciturne (Simon Labelle-Ouimet). La première est joyeuse, joueuse et bavarde, tandis que le second, réservé, préfère laisser la musique et son chien Ratapoil parler pour lui. Les deux personnages, récemment voisins, font lentement connaissance au rythme de leurs personnalités respectives. Il n’est cependant pas facile d’amorcer le dialogue lorsqu’on est si différent l’un de l’autre…

C’est par le texte doux et l’intrigue très simple de Suzanne Lebeau que les enfants sont invités à partager l’amitié naissante de Plume et Taciturne. La mise en scène de Marie-Ève Huot colle également à cette sobriété, en accordant aux enfants du temps pour saisir ce qui joue devant eux. Le rythme du récit est en effet plutôt lent, à des lieux de la cacophonie de sons et lumières que l’on retrouve souvent sur le petit écran. La pièce est toutefois montée de telle manière que les enfants demeurent attentifs, impliqués qu’ils sont dans les craintes, les peurs et les questions exprimés par les personnages. Plus encore, certains participent même avec grande spontanéité à l’action. Les esprits plus vagabonds peuvent quant à eux s’émerveiller du décor (Patrice Charbonneau-Brunelle) et des costumes (Cynthia Saint-Gelais), qui enveloppent l’atmosphère d’un tendre onirisme aux accents futuristes. Sur ce qui semble être une petite planète aux rochers étoilés se trouvent deux petites maisons circulaires et mobiles, à l’image de leurs propriétaires. L’une aux fenêtres colorées et ouverte sur le monde, l’autre composée d’instruments de musique, repliée comme un cocon. Se déploie au-dessus de cet univers, tel un mobile au-dessus d’un lit, un ciel de tubulures aériennes. Pour parfaire ce charmant tableau, il ne manquerait qu’une touche sonore et musicale : la chansonnette de Plume et les mélodies expérimentales de Taciturne sont des procédés qui auraient gagné à être répétés et bonifiés pour semer ça et là des petites pointes de dynamisme dans l’action.

Du fait de son caractère intimiste et de l’accessibilité du récit, Une lune entre deux maisons est tout à fait à propos pour une première incursion au théâtre. On a bien fait de faire renaître cette pièce ; qui sait, peut-être les enfants l’ayant appréciée il y a trente ans la feront aujourd’hui découvrir à leurs propres rejetons…

11-03-2012