Le tonnerre gronde ! Et voilà une femme portée par la tempête qui est parachutée, seule, sur un banc de parc. Elle se sent invisible au milieu de tous ces gens qui ne font que passer, courir, texter. Cette exilée se rappelle son passé, pas si lointain, qui l’émeut, la réconforte, la bouleverse. Alors qu’elle croit avoir tout perdu, son regard croise celui d’une jeune fille qui fuit, elle aussi.
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Conseils dramaturgiques : David Paquet
Assistance à la mise en scène : Josée Fontaine-Rubi
Décor (idéation) : Yves Simard
Scénographie, costumes et accessoires : Pierre-Étienne Locas
Musique : Christian Légaré, J. S. Bach
Vidéo : Michel-Antoine Castonguay
Lumière : Sylvain Letendre
Maquillages : Suzanne Trépanier
Équipe de création : Jacques Beauchemin, Laurianne Brabant, Kim Henry, Andréanne Joubert, Marie-Ève Lafontaine, Frédéric Nadeau, Marilyn Perreault, Lysanne Richard, Aude Rioland, Hugues Sarra-Bournet, Martin Vaillancourt
Une rencontre avec les artistes aura lieu le dimanche 20 janvier, après la représentation de 15 h.
Un parcours du spectateur aura lieu le samedi 26 janvier, à 14 h 30.
Aussi à Québec, au Théâtre Les Gros Becs, en février 2013
Une création de Dynamo Théâtre
par Pascale St-Onge
Le directeur artistique de la Maison Théâtre, juste avant la première de Devant moi, le ciel, a insisté sur comment la nouvelle création de Dynamo Théâtre l'avait profondément touché. C'est effectivement le sentiment général qui nous habite à la sortie de ce spectacle jeune public (10 ans et plus) qui mise sur la simplicité et les corps pour partager sa poésie.
Devant moi, le ciel est un spectacle sans paroles, basé sur les relations et langages des corps des cinq comédiens-acrobates. Une jeune femme doit quitter son pays de force et nous assistons à son arrivée dans une nouvelle vie qui ne s'arrêtera pas pour l'accueillir. Car il ne s'agit pas, contrairement à plusieurs pièces, d'un public qui assiste au chapitre entier d'une vie, mais plutôt au moment précis où la page se tourne, la transition d'une tranche de vie à une autre. Par cette simple décision, le récit ne tombe pas dans le piège facile du mélodrame qui accompagne si souvent les portraits de réfugiés politiques et un espoir se dessine rapidement pour le personnage féminin.
Comme unique décor, deux bancs de parc dos à dos dissimulant un trampoline, centre d'attention de toute la mise en scène acrobatique d'Yves Simard. Pour le reste, un ciel immense est projeté sur le mur du fond laissant place à tous les possibles. Une panoplie de personnages qui défilent témoigne pour le jeune public la base du travail d'acteur, comment le corps est le matériau de toute création et composition de personnages et avec l'acrobatie, cette notion de base est poussée encore plus loin en créant un véritable poème corporel. La jeune femme étant pianiste, la trame sonore de Christian Légaré est pratiquement uniquement composée de piano et comble le silence tout en ajoutant une sensibilité sans pareil à l'action.
Le récit se divise en deux temporalités qui se croisent sans cesse ; les tentatives de l'exilée pour entrer en contact avec les gens de son pays d'accueil et les souvenirs de sa vie d'avant. Dans le premier cas, la protagoniste apprivoise très doucement ce nouveau monde par le regard. Allant même jusqu'à s'effacer partiellement pour mieux observer, ce mécanisme relevant presque de la défensive nous permet de nous tourner vers les autres personnages qui font partie de cette nouvelle vie. Les passants nous surprennent en dévoilant peu à peu une poésie et une fantaisie inattendue, voire même parfois inespérée pour une partie d'entre eux. Par la suite, ses souvenirs avec son mari et sa famille s'avèrent être des moments de pure grâce, des bonheurs auxquels on s'accroche malgré une fin plus difficile pour cette vie laissée derrière. Le banc sur lequel elle s'échoue devient ainsi un refuge où elle se protège de ce qui la submerge tout en conservant ses souvenirs si précieux dans une petite valise, seul bagage et trace tangible de ce passé. Le premier réel contact se fait avec une jeune fille qui fuit ce qui se brise dans sa propre vie, soit sa famille, et c'est elle qui ramène chaque fois la protagoniste dans le réel. La musique les rapproche, créant un lien sans mots qui permettra à la réfugiée de faire un pas de plus dans une nouvelle vie dans une finale qui nous arrache presque les larmes.
Ce spectacle limpide est un message rempli d'espoir pour les nouveaux départs. Devant ce ciel, immense et infini, tout est possible. Bien que parfois le spectacle soit prévisible au niveau narratif, il nous apprend à observer la poésie du monde quotidien, à nous attarder à la présence des autres et à regarder la vie faire des petits miracles. Par-dessus tout, Devant moi, le ciel est un délice visuel par la qualité de la performance des comédiens-acrobates et par les images projetées jointes à la mise en scène qui nous touchent droit au coeur. Ici, malgré les malheurs, il est toujours possible de rêver.