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Du 30 octobre au 11 novembre 2012 - Maison Théâtre
21 novembre 2012 - Maison de la culture Frontenac
L'OcéantumeL'Océantume
pour les jeunes de 11 ans et plus
D’après le roman de Réjean Ducharme, publié aux Éditions Gallimard
Adaptation, mise en scène et scénographie : Sylvain Scott
Avec Marie-Claude Guérin, Élisabeth Lenormand, Guillaume Tellier et Anne Trudel

Iode Ssouvie, une adolescente frondeuse, tisse avec sa nouvelle voisine, la très bien élevée Asie Azothe, une amitié capable de toute traversée. Un rêve fou les anime : descendre le littoral jusqu’à la Terre de Feu. « Nous avons été créés pour partir ! » martèle Iode. Elle, son frère et Asie partent en quête de la liberté, puisque « quand on part, tout redevient possible ».


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Éclairages : Luc Prairie
Costumes : Linda Brunelle
Environnement sonore : Antoine Bédard
Maquillage et perruques : Jean Begin
Conseiller dramaturgique : Martin Faucher
Assistance à la mise en scène : Dominique Cuerrier
Direction de production et technique : Nicolas Fortin, Carlos Ponte
Régie : Dominique Cuerrier, Nicolas Fortin

Une rencontre avec les artistes aura lieu le dimanche 11 novembre, après la représentation de 15 h.

Aussi présenté à la Maison de la culture Frontenac le 21 novembre 20h
2550, rue Ontario Est
514 872-7882

Une création du Théâtre le Clou


Maison Théâtre
245, rue Ontario Est
Billetterie : 514-288-7211

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Dates antérieures

21 octobre 2011, Les Gros Becs

 
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 Critique
Critique

par Pascale St-Onge


Crédit photo : Spinprod

Il n'est certainement pas souvent donné au jeune public de profiter de l'oeuvre de Réjean Ducharme, souvent jugée quelque peu inaccessible. Et pourtant, L'Océantume, présenté à la Maison Théâtre ces jours-ci, nous prouve tout l'inverse, démontrant comment cet univers particulier à Ducharme est un matériau riche et original à présenter au jeune public.

Adapté du roman du même nom, L'Océantume traite des thèmes récurrents de l'auteur, tels que le clivage entre la jeunesse et la vie adulte qui les attend, à l'insertion sociale des jeunes et du refus de grandir. Iode Ssouvie, jeune téméraire et entêtée, se lie d'amitié avec l'icône de l'enfant parfaite, Asie Azote. Les deux amies que tout oppose, ainsi que le frère d'Iode, décident de partir jusqu'à la Terre de Feu. Un rêve fou, presque inatteignable. Pour cette production du Théâtre le Clou, Sylvain Scott met au service de la pièce diverses aptitudes, s'occupant à la fois de l'adaptation dramatique, de la mise en scène et de la scénographie.

Cette scénographie amovible, à la limite de la machine, fascine et amuse. Les acteurs en révèlent les surprises à tout moment, nourrissant ainsi l'univers et les folies imprégnées dans le texte grâce à une belle mise en scène. Les costumes colorés et irréels s'ajoutent au jeu très physique, presque clownesque, de la distribution et à cette scénographie complètement délurée, au service des rêves incroyables des personnages.

Si la langue nous semble parfois froide et rigide, c'est que Sylvain Scott a su être fidèle au texte littéraire original et on se fait rapidement à ce petit détail. D'autres, par contre, agacent et ne conviennent pas tout à fait à la proposition ; les moments chantés par la distribution paraissent souvent inutiles ou superflus au déroulement de l'histoire.

Les personnages, fort bien campés par les acteurs Marie-Claude Guérin, Élisabeth Lenormand, Guillaume Tellier et Anne Trudel, nous offrent une vision cruelle et belle à la fois de cette difficulté qu'ont certains jeunes face aux figures d'autorité (parents, professeurs, docteurs...) et comment l'insertion sociale peut être difficile. Peu à peu, nous découvrons avec eux la complexité à gérer les sentiments et à bâtir des relations tout en gardant en vie nos rêves d'enfants. Les relations sont très dures, Iode étant très possessive de ceux qui l'entoure et si spontanée.

Autant pour les adultes que pour les jeunes visés par ce spectacle, L'Océantume est une pièce audacieuse et rafraîchissante. C'est un spectacle qui redonne vie à nos rêves d'enfants oubliés et qui rend hommage au grand auteur québécois qu'était Réjean Ducharme, en respectant les folies dépeintes dans son écriture incomparable. À travers Iode et ses deux compagnons, nous voyons facilement Inès et Inat, Mille Miles et Châteauguay, ainsi que d'autres personnages qui décrivent bien les obsessions de l'auteur, celles qui composent toute son oeuvre.

04-11-2012

par Chloé Legault

L’Océantume, partir pour renaître


Crédit photo : Spinprod

Dans le cadre du festival littéraire Québec en toutes lettres, le théâtre Les Gros Becs présente une adaptation du premier roman écrit par Réjean Ducharme (bien qu’il soit le troisième publié), L’Océantume. Un roman d’une verve flamboyante, mettant en scène des personnages enfants, transposé sur scène par Sylvain Scott, du Théâtre Le Clou, dans une version qui s’adresse d’abord aux adolescents, mais que les plus vieux sauront apprécier, assurément.

L’Océantume, c’est l’histoire d’Iode Ssouvie (interprétée par Marie-Claude Guérin)  une petite fille à la fois inquiétante et terriblement attachante, au vocabulaire riche et coloré. Iode vit dans un bateau, un bateau cimenté au sol nommé « Mange-de-la-mer-de », avec sa famille qui est on ne peut plus dysfonctionnelle. Sa mère, Ina Ssouvie (Carmen Ferlan), est alcoolique ; elle passe ses journées à boire et à dormir. Iode, qui est la narratrice, nous la représente de façon monstrueuse, comme elle la perçoit. C’est l’emménagement d’Asie Azothe (Anne Trudel), une petite Finlandaise, et de sa famille dans le manoir voisin qui vient bousculer le récit, changer la vie d’Iode. Si la jeune Ssouvie prend d’abord plaisir à torturer la nouvelle arrivée, elle se rend vite compte que la petite Asie Azothe pourrait devenir son amie. En effet, les deux gamines se lieront d’amitié et ensemble, elles vivront de belles aventures grâce à leur imagination sans borne. En compagnie d’Inachos (Guillaume Tellier), le frère d’Iode, elles élaboreront le projet immense de longer le littoral du Nouveau-Brunswick jusqu’à la Terre de Feu, au sud du continent américain.

Une histoire d’amitié, mais aussi d’espoir et de rêve. Le rêve de partir, parce que dans cette épopée aux couleurs de conte cruel, partir est synonyme de renaître.

La mise en scène de Sylvain Scott respecte tout à fait l’esprit de Réjean Ducharme ;  le grotesque s’amalgame à la poésie. Encombrée, la scène rappelle cette « poétique du débris » dont parle Élisabeth Nardout-Lafarge, afin d’illustrer le style ducharmien. Les costumes sont plus gros que nature, ils permettent de faire ressortir certains traits des personnages, tout en étant représentatifs de la vision personnelle d’Iode Ssouvie, car n’oublions pas que c’est à travers ses yeux, son regard, que nous avons accès à cette histoire.

Ce spectacle est certes une belle porte d’entrée aux adolescents à l’œuvre de Réjean Ducharme. Simplifié par la concision qu’engendre l’adaptation d’un roman au théâtre, L’Océantume n’en demeure pas moins une pièce emblématique, permettant de saisir les enjeux fondamentaux chez Ducharme. C’est donc dire que Sylvain Scott et le Théâtre Le Clou ont su s’approprier les mots de cet auteur secret, afin, peut-être, de le mettre dans la bouche d’une nouvelle génération.

20-10-2011