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Du 8 au 25 mai 2014 - supplémentaire 25 mai 13h
Une histoire...Une histoire dont le héros est un chameau et dont le sujet est la vie
pour les 4 à 9 ans
Texte : Jean-Rock Gaudreault
Mise en scène : Marthe Adam
Marionnettistes/interprètes : Dany Lefrançois, Christian Ouellet, Marilyne Renaud

Dans cette lumineuse métaphore de l’artiste en quête de beauté, un chameau à la soif de connaissance inassouvissable entreprend d’explorer le désert malgré sa patte folle. L’accompagnent, dans un ballet de mouvements et de rencontres, le gardien du temps, le gardien de l’eau et la danseuse-étoile, qui lui fera découvrir l’art. Durant son périple, le chameau affrontera le lion et les hommes. Il vivra l’esclavage et la liberté, passera de l’innocence à la sagesse.

« Il m’apparaissait essentiel de permettre à notre chameau de se libérer de la lourdeur de son quotidien »,nous ditMarthe Adam, la metteure en scène. Et, grâce à la façon dont les interprètes mettent en relation leur corps avec celui de la marionnette et s’investissent auprès d’elle, le chameau vit ; sa belle tête exprime la curiosité, l’étonnement, le ravissement… On respire avec lui, on s’attarde à ses mouvements, à sa patte folle. On entre aussi dans son imaginaire ; on s’émerveille avec lui des trouvailles visuelles dont est parsemée la mise en scène. Alliant marionnettes, danse, musique et théâtre d’ombres, ce spectacle est un régal pour les sens.

Fondé en 1974 à Alma, le théâtre Les Amis de Chiffon accorde la priorité aux auteurs d’ici reconnus pour la richesse et l’intelligence de leurs textes. La compagnie en est à sa seconde collaboration avec Jean-Rock Gaudreault, après La maladie fantastique, présentée à la Maison Théâtre en 2003. La Maison Théâtre a aussi mis à l’affiche Carton rouge sur carré vert, en 2010, et Une histoire dont le héros est un chameau et dont le sujet est la vie une première fois en 2006. Le spectacle avait fait salle comble.


Assistance à la mise en scène : Jeannot Boudreault
Scénographie, marionnettes et masques : Marie-Pierre Simard
Éclairages : Alexandre Nadeau
Ambiances sonores : Éric Forget
Musique originale : DJFM
Ombres : Alain Lavallée
Chorégraphies : Marie-Josée Paradis
Narration : Sylvie Tremblay
Crédit photos : Pierre LaRue

Rencontre avec les artistes : 10 novembre
Parcours du spectateur : 16 novembre

Une création de Le Théâtre Les amis de chiffon


Maison Théâtre
245, rue Ontario Est
Billetterie : 514-288-7211

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Dates antérieures (entre autres)

Du 2 au 26 mars 2006 - Maison Théâtre
Du 11 au 29 octobre 2006 - Les Gros Becs
21 janvier 2007 Théâtre Outremont

 
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 Critique
Critique

par Olivier Dumas


Crédit photo : Les Amis de chiffon

Pour clôturer une saison stimulante, riche et diversifiée, la Maison Théâtre présente une pièce à la signature douce, aux personnages attachants et aux thèmes métaphoriquement chargés. Conçue comme une broderie artisanale par Théâtre Les Amis de Chiffon, Une histoire dont le héros est un chameau et dont le sujet est la vie s’écoute et se regarde avec surprise et recueillement.

Écrite par le prolifique Jean-Rock Gaudreault (Mathieu trop court, François trop long), l’œuvre demeure par ailleurs l’une de ses plus contemplatives. Elle possède également la force évocatrice de certaines de ses plus belles réussites, comme La Migration des oiseaux invisibles (malgré une histoire très différente), en témoignant avec éclat de moments importants de l’existence humaine sans tomber dans le simplisme enfantin ou la démonstration pédagogique.

D’une durée de cinquante minutes, la production originaire du Saguenay-Lac-Saint-Jean a pour protagoniste un chameau philosophe. Métaphore lumineuse selon le programme de l’artiste en quête de beauté, d’élévation et de grandeur, son désir de connaissances et de découvertes l’entraîne à explorer les étendues vastes et chaudes du désert. Notre bête doit affronter également un handicap personnel, soit de vivre avec une patte folle. Mais sa vie n’est pas qu’un long fleuve tranquille, car il rencontrera des Touaregs et devra affronter un lion rugissant et des individus qui désirent le capturer pour faire des profits. Heureusement, la servitude ne triomphe pas devant l’idéal de liberté, la naïveté s’incline devant la sagesse acquise après maintes péripéties. La trame initiatique permet d’aborder également la transmission de la vie et l’obligation morale de ne pas succomber au chant des sirènes.

Le récit bénéficie d’une narration  tout en émerveillement et toute en douceur de Sylvie Tremblay. La chanteuse et comédienne (Bouscotte) nous fait vivre de façon parfois étonnante, parfois grave, les sentiments qui habitent ce grand ruminant à bosses. Elle glisse quelques répliques chantées, nous donnant l’occasion d’entendre sa magnifique voix. Par ailleurs, l’une des principales forces de cette production créée en 2006 demeure notre inclinaison à s’attacher (ou plutôt de se prendre d’affection) pour cette créature à la curiosité contagieuse, aux réflexions débonnaires et à la tendresse inouïe. Ce personnage présenté à la fois sous forme de marionnette géante (manipulée par les trois très bons interprètes Dany Lefrançois, Christian Ouellet et Marilyne Renaud) ou de marionnette à tige nous ensorcelle à tout instant. Le petit chameau qui surgit du ventre du héros nous émeut grandement, même si sa présence demeure plus sporadique.


Crédit photo : Les Amis de chiffon

La mise en scène de Marthe Adam traduit cet univers avec un rythme lent dans l’esprit de ces déserts à la chaleur brûlante et à l’énergie somnolente. La scénographie de Marie-Pierre Simard, constituée principalement d’un long drap en forme de bosses, permet de représenter les lieux du périple avec inventivité, en plus d’exposer un propice terrain d’accompagnement aux  péripéties. Des jeux d’ombres et de représentations visuelles sur carton, dont une ville, apportent une facture visuelle de couleurs plus vives à ce propos qui demande souvent un état d’abandon. Les êtres méchants, comme le lion, portent des têtes imposantes sur leurs épaules et font rigoler. Quelques séquences chorégraphiées par Marie-Josée Paradis donnent à l’ensemble une touche plus ludique, alors que Maryline Renaud se métamorphose en danseuse.

Une histoire dont le héros est un chameau et dont le sujet est la vie a également le mérite de proposer une aventure théâtrale plus exigeante que la moyenne des propositions pour le jeune public. Au cours de la représentation de samedi après-midi, certains enfants interrogeaient leurs parents sur le sens des paroles entendues. Lors de la tombée du rideau, les applaudissements semblaient moins enthousiastes que pour d’autres productions de la saison. Mais à la sortie de la salle, le public était amené à voter pour son appréciation. Plusieurs ont déposé un signe d’appréciation dans la boîte «J’ai beaucoup aimé». Cette histoire et ce héros-chameau rejoignent donc le cœur et l’esprit des petits et des grands.

12-05-2014



par Magali Paquin (Québec, 2006)

Pour ouvrir la saison 2006-2007, la scène des Gros Becs se transforme en désert ensablé avec « Une histoire dont le héros est un chameau et dont le sujet est la vie », une pièce de l’auteur Jean-Rock Gaudreault présentée par le Théâtre Les Amis de Chiffon. Cette troupe du Saguenay-Lac-St-Jean fait de la marionnette un élément incontournable de ses spectacles, tout en insufflant à celles-ci une force poétique remarquable.

Le titre à lui seul résume quasiment tout. Pas de surprise, donc, que le protagoniste de cette histoire soit effectivement un chameau. Celui-ci est né sous le soleil du désert avec une soif si grande qu’elle le pousse à parcourir sans relâche les immenses étendues ensablées et ce, malgré son handicap, une patte folle qu’il peine à discipliner. Mais si ce valeureux animal a soif d’eau, il a également soif de découvertes et c’est au-devant de la vie qu’il marchera ainsi. De dunes en dunes, notre héros roule ses bosses, découvrant au fil de son chemin la communauté, la solitude, la peur, la captivité et la liberté, la joie de donner la vie, l’inquiétude ou la vieillesse.

Par des propos très poétiques, souvent très abstraits, narrés par la voix hors scène aux accents de tendresse de Sylvie Tremblay, ce chameau à trois pattes entraîne les spectateurs dans sa quête où s’entremêlent espoir, émotions et imaginaire. Les acteurs sur scène (Martin Gagnon, Dany Lefrançois, Marie-Josée Paradis) se font totalement silencieux et disparaissent derrière les marionnettes qu’ils manipulent ou se font apparitions fugitives devant les grands yeux de l’animal. La mise en scène élaborée par Marthe Adam est enveloppée d’une douceur qui, bien que conférant sérénité à l’ensemble, en vient à accorder la cadence de l’action sur le même ton. Le rythme relativement uniforme du spectacle est heureusement compensé par le recours sporadique à des jeux d’ombres, des éléments de décor cartonnés ou par l’insertion de scènes dansées, qui oeuvrent comme de petites oasis de fraîcheur au cœur d’un ensemble souvent répétitif. La totale réussite des marionnettes et des masques conçus par Marie-Pierre Simard contribue de son côté à susciter l’intérêt pour les différents personnages. Si le héros à deux bosses est particulièrement charmant et son petit tout à fait attachant, le lion du désert est quant à lui plutôt effrayant, tandis que le vilain humain est représenté sous la forme d’un être immense, à la tête bleue proéminente.  La chaude luminosité des éclairages permet de son côté de quasi transpirer sous le soleil, tandis que la musique rythmée du désert cadence les pas tout comme les émotions de l’aventureux animal.

Petite bouffée de chaleur entre les vents froids de l’automne, « Une histoire… » est une pièce d’une belle simplicité, douce à l’esprit pour la poésie que confèrent ses images visuelles et métaphoriques. Et lorsque les propos sont plus nébuleux, mieux vaut simplement se laisser porter au rythme de la caravane et des mirages de passage...

16-10-2006