Téqui aime la terre et ce qui y pousse. Téoù préfère l’espace et ce qui y flotte. Pour s’apprivoiser, pour découvrir les chemins qui vont vers l’autre et les frontières de chacun, Téqui et Téoù déplient et replient de petits univers faits de papier et de carton. Ils s’amusent avec les sons et la lumière. Dans leurs jeux, leurs pieds deviennent des voitures, leurs têtes, des maisons, leurs bras, des chemins, et leurs voix, des villes.
En misant, entre autres, sur les contrastes d’échelle, le spectacle aborde le rapport que chacun entretient avec l’espace de l’intime et celui de l’universel. De quelle façon habitons-nous notre corps, notre maison, notre quartier, notre planète ? Les petits spectateurs sont invités à explorer en toute simplicité ces grandes questions.
Des mots d’la dynamite ne cesse, depuis 1988, de surprendre par l’éventail de ses propositions artistiques et leur inventivité. La compagnie conçoit, produit et diffuse des œuvres interdisciplinaires de facture artistique volontairement artisanale et intimiste, qui se situent au carrefour du théâtre, des arts visuels et de la musique. Bien qu’elle s’adresse principalement à un public adulte, la compagnie se découvre tôt un attrait pour le jeune public. Le retour du refoulé, théâtre perforé (1990) et Des mots d’la dynamite, théâtre en forme de femme (1996) sont adaptés pour rejoindre le public adolescent. En 2002, la Maison Théâtre propose de présenter aux enfants de 7 à 12 ans Du temps d’antennes, solo low-tech, créé pour un public adulte. L’expérience séduit. La Maison Théâtre accueille de nouveau la compagnie en 2011 avec Le Spectacle de l’arbre, qui est destiné à la petite enfance, un public peu visité au Québec en arts de la scène.
Collaborateurs artistiques : Lucie Bazzo, Louis Hudon et Catherine Tousignant
Consultants son et mouvement : Elinor Fueter, Joanie Racine et Nancy Tobin
Crédit photos : Caroline Künzle
Durée 35 minutes
Les billets de ce spectacle seront en vente à partir du 1er novembre 2013
Sera aussi présenté lors de PDA Junior le 2 février 2014
Une création de Des mots d’la dynamite
par Olivier Dumas
Au moment de quitter la salle bondée du Théâtre Prospero, le contraste est saisissant entre la chaleur enveloppante du spectacle Là où j’habiteet le nom de la compagnie, Des mots d’la dynamite. Toute en douceur et en subtilité, la production, conçue et tricotée pour les gamins de 18 mois à 5 ans, s’apprivoise et se regarde avec un grand bonheur.
Parmi les œuvres très intéressantes destinées aux tout-petits qui ont envahi les scènes cette saison et ces dernières années, la plus récente création de la compagnie de Nathalie Derome se démarque par son exigence à exposer un univers riche et pluriel. Comme une poupée gigogne, l’histoire et la démarche artistique dévoilent, au fur et à mesure des 35 minutes de la représentation, des aspects nouveaux toujours bien amenés dans la progression de l’histoire.
Les deux comédiens en scène, Nathalie Derome et Steeve Dumais, possèdent la sensibilité, la disponibilité et la curiosité nécessaires pour vivre et raconter la gamme des émotions qui habitent leurs personnages, en quête d’eux-mêmes et d’aventures palpitantes.
Les thèmes abordés savent même rejoindre les spectateurs plus âgés. Nous faisons connaissance avec deux amis, un garçon et une fille dont les noms Téqui et Téoù explorent les possibilités sensorielles qu’affectionne une artiste multidisciplinaire comme Nathalie Derome. Les deux protagonistes apprendront l’importance de se définir comme individu par rapport au monde environnant, de se reconnaître un lieu d’appartenance et d’enracinement, autant intérieur qu’extérieur, en plus d’explorer les possibilités de la nature. Tout cet univers, comme un cocon réconfortant, se déploie avec beaucoup d’imagination et une approche minutieuse de ses concepteurs.
La facture visuelle réussit à rendre palpable et frémissante toute cette matière. À la fois sobre et imaginative, elle harmonise cette trame initiatrice et donne une cohérence à ces péripéties qui, autrement, pourraient sembler décousues. La scénographie sait charmer l’œil avec en arrière-scène, entre autres, un cercle qui symbolise les différents éléments mentionnés dans l’intrigue. Parmi les nombreux objets utilisés par les artistes, tels des magiciens de l’illusion, il y a notamment deux maisons qui recouvrent à certains moments leurs têtes, des chaussures en forme d’automobiles qu’ils portent à leurs pieds, des maisons miniatures, des projections et de toutes petites marionnettes. Les éclairages soignés accentuent cette sensation de convivialité, comme un proche qui nous chuchote un secret dans le creux de l’oreille. Dans ce genre de théâtre, la recherche et la conception musicale a, de mémoire de critique, rarement atteint la force exploratoire et la richesse évocatrice qu’elle possède ici, dans Là où j’habite.
Pourtant, le lieu choisi par la Maison Théâtre ne permet pas à son public de prédilection d’apprécier le spectacle à sa pleine mesure. Quelques coussins ont été ajoutés sur l’aire de jeu pour rapprocher les enfants et leurs parents à quelques centimètres des interprètes. Mais la disposition et la grandeur de la salle principale du Prospero donnent une impression d’éloignement et de distance qui sert mal le propos, car la proposition demeure une expérience de proximité et de découverte, pour plusieurs, des arts de la scène.
Lors d’une représentation un samedi matin, alors que la ville encore endormie est recouverte de neige et de pluie verglaçantes, de nombreux parents dans les gradins du Prospero ont retenu de force leur progéniture qui voulait rejoindre les artistes et toucher la multitude d’objets attrayants présents sur la scène. Cette image gardée en mémoire traduit parfaitement l’attrait et la pertinence de Là où j’habite.