PinocchioTexte : Hugo Bélanger, d’après l’œuvre de Carlo Collodi
Mise en scène : Hugo Bélanger
Avec Audrey Talbot, Marie-Eve Milot, Christian Perrault et Claude Tremblay
C’est un Pinocchio à l’état brut, dont l’expérience n’a pas encore poli les manières, que nous propose Hugo Bélanger dans cette adaptation haute en couleur du conte de Carlo Collodi. Rêvant d’arriver sans effort à la célébrité et à la richesse, le petit pantin prend un raccourci après l’autre et ne semble jamais apprendre ni de ses erreurs ni de ses mensonges. À l’école de la vie, il croise le Criquet-Parlant, le Renard et le Chat, Mangefeu, la Fée bleue et plein d’enfants pas sages. Et il y a bien sûr Gepetto, son père, qui, par son attachement à la famille, l’éducation et le travail bien fait, l’indispose royalement…
Les costumes, les masques et les accessoires, tous superbement réalisés et pleins de fantaisie, ravissent l’œil. Le décor aussi ! Excentrique, il évoque l’univers des fêtes foraines ou celui de Chaplin dans Les Temps modernes. Il bouge, s’illumine, séduit, mais a également un côté plus sombre. Pinocchio nous parle du passage à l’âge de raison. Le spectacle interroge aussi de façon très pertinente les chimères que la société propose à la jeunesse.
Tout à Trac est, depuis 1998, un « chasseur d’imaginaire et un découvreur d’univers impossibles ». Mettant de l’avant le jeu masqué, le conte et la marionnette, les spectacles de la compagnie s’adressent à tous, jeunes et grand public. Théâtre qui rêve les yeux ouverts et qui met le spectateur au cœur du voyage, Tout à Trac a revisité, outre Pinocchio, Alice au pays des merveilles (prix Acadie-Rideau en 2008), le baron de Münchhausen (avec le spectacle Münchhausen, les machineries de l’imaginaire) et La Princesse Turandot (Masque de l’adaptation en 2006). La Maison Théâtre a présenté Alice au pays des merveilles en 2009, pour le plus grand enchantement des spectateurs.
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Assistance à la mise en scène : Josianne Dicaire
Décor et costumes : Patrice Charbonneau-Brunelle
Composition musicale et conception sonore : Patrice d’Aragon
Éclairages : Luc Prairie
Masques : Marie-Pier Fortier
Marionnettes : Marie-Pierre Simard
Accessoires : Joannie d’Amours
Maquillages : Maryse Gosselin
Crédit photos : Jérémie Battaglia
Rencontre avec les artistes : 16 février
Parcours du spectateur : 22 février et 1er mars
Durée 55 minutes
Une production du Théâtre Tout à Trac
245, rue Ontario Est
Billetterie : 514-288-7211
Dates antérieures (entre autres)
Du 22 au 30 décembre 2012 - Cinquième salle Place des Arts + tournée en 2013 au Québec
par Daphné Bathalon
Crédit photo : Jérémie Battaglia
Qui ne connaît pas ce cher Pinocchio, pantin de bois qui désire tant devenir un vrai petit garçon? Oubliez le film des studios Disney, et allez découvrir ou redécouvrir le Théâtre Tout à trac, qui en présente sa version à la Cinquième salle de la Place des Arts jusqu’au 30 décembre, puis en tournée, au Québec et, on l’espère, ailleurs dans le monde.
C’est en effet une excellente production que nous propose le metteur en scène Hugo Bélanger, qui a déjà eu auparavant l’occasion de se frotter au petit pantin de bois pour la tournée 2011 de La Roulotte. Plusieurs idées de sa précédente mise en scène du classique de Carlo Collodi se retrouvent d’ailleurs dans cette nouvelle production. Si le spectacle de La Roulotte souffrait de quelques longueurs, cette seconde mouture pétille de joyeuses trouvailles et de bonnes chansons.
Dans sa nouvelle version, la marionnette Pinocchio se rapproche encore plus de sa nature de billot de bois : on distingue son visage dans les noeuds du bois, et ses jambes et bras sont si mal assortis qu’ils lui donnent un air de chenapan. Et c’est bien ce qu’il est dans cette proposition de Tout à trac! Dès sa création, le voilà qui exige, crie, saute partout, tourmente son pauvre vieux père... Il refuse d’aller à l’école, s’attarde en chemin et… tombe entre les griffes de filous, qui le dépouillent jusqu’au dernier sou!
Ne soyez pas leurrés par les adorables masques que portent les deux gredins incarnés par Christian Perreault et Audrey Talbot (en remplacement de Sarah Laurendeau) : derrière ces longues moustaches et ces craquantes oreilles se cachent deux esprits avides d’or. Ils forment une sacrée paire, et leurs manigances déclenchent à tout coup des éclats de rire parmi les jeunes (et les moins jeunes) spectateurs.
Les comédiens s’en tirent à merveille, en particulier Claude Tremblay, qui incarne tour à tour Gepetto, le criquet et Mangefeu, trois personnages bien différents, mais ô combien attachants! Avec quelques éléments de costume seulement, il se transforme de vieil homme à insecte. Quant à la magnifique barbe pleine de personnalité de Mangefeu, elle vole littéralement la vedette à Pinocchio l’espace d’un instant! La scénographie recèle elle aussi quelques menues merveilles, jeux d’ombre et de lumière, tunnel, tiroirs, pantins qui s’animent...
Malgré toutes ses qualités, Pinocchio manque encore un peu de précision. De fait, tout le passage qui suit l’arrivée de Pinocchio au pays des Jouets souffre d’imprécision : comment Pinocchio s’échappe-t-il, pourquoi Gepetto se trouve-t-il sur sa route, où sont-ils exactement? Selon l’histoire, ils auraient été avalés par une baleine, mais sur scène, on s’égare. Même constat dans le public où quelques enfants se sont alors spontanément tournés vers leurs parents pour demander des explications, alors qu’aucun autre moment du spectacle n’a paru poser problème, même aux tout-petits. Autre faiblesse que la tournée arrangera certainement : un singulier manque d’énergie en chanson. Les paroles des chansons sont magnifiques, drôles et entraînantes, pourtant, leurs interprètes ne semblaient pas, surtout en première partie, encore totalement assumer le côté musical du spectacle.
Il ne faut pourtant pas bouder son plaisir, car à l’instar du petit Pinocchio dont il raconte l’histoire, le spectacle du Théâtre Tout à trac nous fait rapidement tomber sous son charme!