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Du 24 septembre au 12 octobre 2014
BabelLe jardin de Babel
pour les 3 à 6 ans
Texte, conception du décor et des marionnettes : Marie-Louise Gay
Mise en scène : André Laliberté
Avec Anne Brulotte-Légaré, Eloi Cousineau, Estelle Richard et Pierre-Louis Renaud

Ce matin-là, Babel ne comprend plus rien au monde. Dans son jardin, tout est sens dessus dessous! Les moutons broutent les nuages. Les lapins poussent à la place des carottes. Les poissons nagent la brasse papillon. Le voisin pêche et attrape un roi nain à barbe bleue. Un château, jamais vu auparavant, se dresse entre deux sillons. Et il y a cette mission, abracadabrante, de délivrer une princesse invisible d’un mauvais sort! D’abord incrédule, Babel se jette dans l’aventure accompagné de ses improbables amis, se disant qu’après tout, s’il est le seul à ne pas voir la mer sous son jardin, c’est sans doute lui qui ne tourne pas rond!

Il y a de ces spectacles capables de faire la joie de plusieurs générations d’enfants. Présenté pour la première fois à la Maison Théâtre en 1999, Le jardin de Babel a gardé toute sa drôlerie et sa capacité d’éblouir. Les ingrédients magiques : une histoire sac à surprises, un texte et des chansonnettes qui nous jouent des tours, des marionnettes attachantes, des éléments scéniques colorés et tout en rondeurs et, surtout, le désir transparent pour les artistes de braver gaiement les idées reçues, tout en faisant passer un réjouissant moment aux enfants.


Section vidéo


Musique : Libert Subirana
Éclairages et régie : Gilles Perron
Conseiller à la scénographie : Richard Lacroix
Crédit photo : Léon Gniwesch

Rencontre avec les artistes : 28 septembre, 15h

Durée 50 minutes

Une création du Théâtre de l'Oeil


Maison Théâtre
245, rue Ontario Est
Billetterie : 514-288-7211

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 Critique
Critique

par Daphné Bathalon


Crédit photo : Léon Gniwesch

Comme presque tout spectacle pour enfants, Le jardin de Babel semble avoir trouvé le secret d'une éternelle jeunesse. Quinze ans après sa création, la 20e production du Théâtre de l'Oeil n'a pas pris une ride et ravit toujours autant.

De retour à la Maison Théâtre pour une courte série de représentation, Le jardin de Babel met en scène les étranges péripéties d'un jeune garçon à la houppette démesurée un jour où la normalité semble basculer complètement. Dans le jardin de Babel, ce jour-là, rien ne va plus en effet : un mouton broute les nuages, un poisson-poète surgit entre les rangs de betteraves, un voisin pêche à la carotte et prend un roi nain à la barbe bleue, et un château pousse au sommet de la colline. Babel n'y comprend plus rien et se laisse, un peu malgré lui, embarquer dans une aventure rocambolesque.

L'auteure Marie-Louise Gay se joue avec plaisir et une tendre malice des codes du conte classique, où le plus humble des jardiniers se transforme en héros et où le merveilleux surgit de tous les recoins. Se mêlent joyeusement aux dialogues de savoureux jeux de mots, parfois compris des adultes seulement, et de sons. Allitérations et rimes font bon ménage dans la bouche des personnages, surtout dans celle du poisson-poète au verbe facile.

Le spectacle a toutes les allures d'un livre de contes avec ses personnages aux yeux comme des billes et aux joues croquables, avec ses décors colorés qui se donnent de faux airs de 2D, et avec des jeux de mots à déguster. Dans cet univers où les princesses sont victimes de hoquets, où les châtelains ont un chat dans la gorge et où les petits Babel tentent vainement de se raccrocher aux règles de la normalité (les moutons broutent l'herbe, non? Et la mer ne pousse pas sous les jardins, n'est-ce pas?), les enfants s'amusent ferme et rient à grands éclats. Il faut dire que l'écriture de Marie-Louise Gay agit en véritable enchantement, et qu'à la mise en scène, André Laliberté sait manier l'art de la surprise. Seule ombre au tableau réjouissant de ce Jardin de Babel, quelques faiblesses dans la manipulation des marionnettes, dont les déplacements manquent par moments de précision et qui auraient parfois besoin d'une petite dose supplémentaire d'énergie. N'en demeure pas moins que les manipulateurs savent rendre leurs personnages attachants, en particulier Éloi Cousineau qui prête sa voix et son humour à l'incrédule Babel.

Bercé par une trame sonore qui reprend habilement les grands classiques de l'enfance, de La mère Michèle à Savez-vous planter des choux, en passant par Meunier, tu dors, Il était un petit navire et J'ai un beau château, Le jardin de Babel propose aussi une plaisante balade musicale. Les reprises de comptines font sourire les parents et chantonner les enfants tout au long du spectacle.

Si Le jardin de Babel est sens dessus dessous, l'équipe de cette très belle production ne perd, elle, pas le nord et nous offre une fascinante aventure dans l'univers du conte, dans un monde où les mots font naître plus d'une sorte de magie.

28-09-2014