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Maison Théâtre au Prospero
Du 15 décembre 2015 au 3 janvier 2016

pour les 4 à 6 ans - spectacle intime
Texte, mise en scène et interprétation Joël da Silva

Avez-vous déjà goûté à des muffins cuisinés avec des oeufs de poules inspirées par un air de Schubert ? Difficile d’être plus savoureux. Avez-vous déjà entendu des muffins brûlés crier : « Assassin ! » à leur cuisinier distrait ? Impossible d’ajouter plus de douce folie et de fantaisie à la confection d’un muffin ! Et la recette est moins simple qu’il n’y paraît avec des ingrédients qui tombent du ciel, se déhanchent dans l’armoire, écoutent du jazz, gambadent sur la table et s’amusent comme larrons en foire.

Il est vrai que ces muffins ont besoin de l’imagination tendre et débridée de leur créateur pour accepter de sortir du four. Et on ne trouvera pas plus inspiré que cet homme-orchestre maniant culs-de-poule, oeufs de poule et cage à poule pour créer la recette la plus ludique et la plus irrésistible de toute l’histoire des muffins.

La compagnie

Théâtre Magasin

Dès sa fondation (1999), le Théâtre Magasin affiche un net parti-pris pour un théâtre métaphorique et une écriture jubilatoire. Par cette approche il cherche à décloisonner les publics pour rejoindre adultes et les enfants dans une même saisie.

Joël da Silva, anime ce lieu de création depuis les débuts. Revendiquant la position de l’artisan, il développe une écriture atypique, bricolage de mots, de musique, d’objets. Son théâtre puise volontiers à la source des mythes et contes de fées, matériaux riches et universels qu’il s’approprie avec une grande liberté. Son humour accompagne toujours le regard qu’il pose sur la cruauté, la peur et la solitude, thèmes qui trouvent dans ses écritures un écho libérateur.

Le Théâtre Magasin poursuit une recherche formelle rigoureuse dans un esprit ludique. D’une création à l’autre, la compagnie varie les positions d’écriture et le cadre de la représentation, passant du théâtre épistolaire au théâtre culinaire, du cabaret aux formes animées. Dans cette aventure, le Théâtre Magasin fait appel à d’autres artistes, d’autres disciplines et, à l’occasion, coproduit avec d’autres compagnies.

Le Théâtre Magasin diffuse ses spectacles en tournée et à l’occasion de festivals. À ces activités se greffe la médiation culturelle, sous forme d’ateliers et d’animation.

Tous les mots du Théâtre Magasin sont garantis à vie, et même au-delà !

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Critique de 2011

Après un passage aux Trois jours de Casteliers, au festival Petits bonheurs et au Théâtre Les Gros Becs à Québec en 2010, la compagnie Théâtre Magasin et l'unique Joël Da Silva convient le public dans un espace beaucoup plus restreint qu'à l'habitude, soit directement sur la scène de la Maison Théâtre. Placé ainsi tout près de l'espace de jeu, soit une cuisine de type provençale des plus récalcitrantes et des plus surprenantes, où la farine danse, les ustensiles se promènent, les armoires révèlent des secrets et la vieille radio joue diverses sortes de musique, le public fait la rencontre d'un cuisinier excentrique, qui concoctera des muffins à sa manière.

Tout et rien à la fois n’est étonnant dans cette cuisine presque magique: le sucre tombe du plafond, des personnages se cachent derrière les portes d'armoire, de petits bonhommes prennent vie d'une boîte d'avoine et le cuisinier y pond même ses propres oeufs. Et même si un vieux muffin brûlé kidnappe la chaleur du four pour empêcher notre ami de cramer davantage de pauvres muffins, celui-ci se dirige vers le septième ciel pour capturer un peu de feu grâce à une guimauve, après avoir enfilé une armure confectionnée de moules métallique. Quand c'est le temps des muffins, ce n'est pas le temps de cueillir la violette, c'est le temps des muffins!

Cette nouvelle création de Joël Da Silva démontre, encore une fois, toute l'étendue du talent de l'homme de théâtre. Le texte est simple, ludique à souhait ; la mise en scène déborde d'imagination et de poésie : en glissant simplement ses doigts sur la surface en vitre de son comptoir, Da Silva réussit à imiter les caquètements d'une poule. Ou alors le lait, contenu dans un gant de latex, devient un personnage dansant, qui s'étire et saute sur place. Chaque ingrédient de la recette apporte son lot d’histoires, d’anecdotes, dont ces fameuses « trois petites gouttes » d’un flacon bleu, un secret de famille de la tante Léa qui ne sera jamais dévoilé.

Le public est conquis dès les tout débuts, les petits comme les grands. On s'esclaffe, on rigole, on est touché. Da Silva réunit ici plusieurs thèmes chers, plusieurs techniques personnelles qu'il maîtrise parfaitement, en les rendant plus concis, plus précis, dans un environnement plus minimaliste. Toute la pièce est imbibée de son humour absurde si distinctif. Aidé sur scène par le marionnettiste Jean Cummings, et à la création par Serge Marois, Joël Da Silva fait prendre vie, directement ou indirectement, à tous les éléments de cette cuisine extraordinaire.

Les références musicales sont riches et nombreuses, de l'opéra au film Psycho, en passant par le jazz, le classique et l'air d'une chanson bien connue du chanteur Christophe. Du bonbon pour les oreilles.

Théâtre d'objets, de marionnettes et de jeu farfelu, Le temps des muffins est un spectacle jubilatoire et la preuve irréfutable qu'on peut jouer avec la nourriture de façon intelligente. Comme l'indique le créateur lui-même, le théâtre est une recette où se mélangent les idées, où « l'on doit accepter de se salir, de se brûler, de se tromper », mais, surtout, de réussir. Et ici, c'est un succès sur toute la ligne. Des muffins drôlement bons!

05-02-2011