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Du 21 au 23 janvier 2016
Les malpeignés
pour les 6 à 9 ans
Spectacle en création
Détails à venir

Il était une fois, dans un parc de Montréal, un jeune roi qui réquisitionnait tous ses amis pour participer à sa cour royale. Il avait grand besoin de tyranniser ses sujets. Il dictait sa loi et, en cas d’infraction aux règlements, il décidait aussi des sanctions… aussi farfelues que cruelles. Si ses amis veillaient à respecter scrupuleusement les ordres et les lubies de leur roi exigeant et ingrat, c’est parce qu’il était atteint d’une maladie fatale. Alors, ils acceptaient qu’il mette leur amitié à l’épreuve, comme un boxeur s’assurant de la solidité de son punching-ball.

On entre avec beaucoup de bonheur dans cet univers de jeunes, riche des couleurs chatoyantes de chacun des membres du clan et rempli d’énergie brûlante, de fantaisie et d’un humour qui leur est propre… Et peut-être qu’il sera une fois un roi qui comprendra le vrai sens de l’amitié et de la solidarité.

L’Option-Théâtre du collège Lionel-Groulx et le Centre des auteurs dramatiques (CEAD)

L’auteure, Lauriane Derouin, est la lauréate de la 9e édition du concours Le théâtre jeune public et la relève, une initiative conjointe de la Maison Théâtre, de l’Option-Théâtre du collège Lionel-Groulx et du Centre des auteurs dramatiques (CEAD). La Maison Théâtre fait ainsi le pari de la création en offrant à cette auteure de la relève la chance de vivre une expérience unique qui conjugue le savoir-faire des finissants de l’Option-Théâtre et l’expérience de professionnels.


Spectacle en création
Détails à venir

Durée du spectacle : 60 minutes

Production L’Option-Théâtre du collège Lionel-Groulx et le Centre des auteurs dramatiques (CEAD)


Maison Théâtre
245, rue Ontario Est
Billetterie : 514-288-7211

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Critique

Dans Les Malpeignés, des finissantes et finissants de l’option théâtre du Collège Lionel-Groulx amorcent leur carrière dans un joyeux élan.   

Sur les planches de la Maison Théâtre, neuf interprètes déploient leur énergie sous la direction de Philippe Soldevila. Lauréate de la neuvième édition du concours Le théâtre pour les jeunes publics et la relève, Lauriane Derouin a bénéficié du parrainage de Lise Vaillancourt, une auteure qui s’est illustrée entre autres dans le répertoire jeunesse (Une histoire pour Édouard). Les années antérieures, dans le cadre du concours, le public avait pu applaudir les premiers écrits de David Paquet (AM/FM) et de Marie-Hélène Larose-Truchon (Reviens!), que Claude Poissant et Marie-Ève Huot avaient respectivement portés à la scène.

Dans un esprit de découverte que n’aurait pas renié un Robinson Crusoé, la pièce nous présente un monde où toute présence adulte est absente. Nous faisons la connaissance d’une bande de neuf enfants en quête d’aventure, de liberté et d’eux-mêmes. Comme un conte, mais transposé à la sauce contemporaine, nous avons un roi et ses sujets. Dans un parc de Montréal, le jeune Maté est atteint d’une maladie fatale. Ce qui ne l’empêche pas de régner en despote sur ses proches, prêts à subir les sanctions les plus farfelues en cas de désobéissance. Accepter ou ne pas accepter des réprimandes au nom de la vertu ou de «l’amitié sincère»? Telle est la question qui aurait plu aux figures shakespeariennes.

Pendant l’heure exacte de la représentation, des enjeux à la fois graves et cocasses se vivent sous nos yeux. Les protagonistes apprennent les rudiments de la vie parsemée de ses joies, de ses peines, de ses injustices et de ses doutes. Avec leurs caractères différents, parfois récalcitrants, mais surtout sympathiques, ils forment un tableau crédible de la jeunesse sans forcer la note. Entre autres, Youri, surnommé le petit rat, veut revoir les membres de sa famille originaires d’un autre pays. Son camarade Luc souffre d’une grande timidité, tandis que les filles tentent d’attirer l’attention de «leur supérieur». Fort heureusement, les rapports de force et d’obéissance évoluent un peu avant la conclusion.

Au centre du plateau se déploie une montagne d’objets hétéroclites, tels des vieilleries disparates et déglinguées. Au sommet trône le siège du souverain comme un supérieur sur sa cour. C’est au son des casseroles, sur lesquelles on tape avec des baguettes, et d’autres matières percussives que s’amorce cette fresque aussi réaliste qu’imaginative.  

Le texte de Derouin comprend de jolies trouvailles langagières («ma mère n’est jamais en colère… sauf lorsqu’elle se fâche). Il étonne également par la justesse du ton dans un créneau qui sombre parfois dans les discours moralisateurs ou la pédagogie trop appuyée. Les thèmes difficiles abordés tout au long des péripéties (la maladie, le respect des autres et les relations de pouvoir) sont traités avec sensibilité, nuance et sobriété par une jeune dramaturge déjà en bonne possession de ses moyens.   

Par contre, quelques jeux de mots ou redondances faciles (comme l’expression «bobette» qui revient assez souvent) n’ajoutent absolument rien aux péripéties menées, en grande partie, rondement. Autre petite faiblesse, l’histoire gagnerait à être un peu resserrée. Durant le dernier quart d’heure surtout, un certain relâchement était perceptible quant à l’intérêt de l’auditoire.

Autrement, les écoliers et écolières réagissent spontanément à de nombreuses reprises, par exemple, lorsque l’un des personnages place des bas blancs sales dans sa bouche. Les sensations de dégoût ne tardent pas à se manifester. Quand Youri se retrouve plongé tête première dans une poubelle, c’est l’agilité et la souplesse du comédien qui impressionnent à ce moment. Dans un autre registre, la finale demeure très émouvante. La troupe se regroupe pour soutenir physiquement «le petit roi», qui apprend enfin à ouvrir son cœur. L’ensemble est habilement orchestré par Philipe Soldevila, qui avait également conçu un sensible Conte de la neige récemment à la Maison Théâtre. La conception musicale de Gaël Lane Lépine accompagne habilement ce tableau d’êtres fébriles, oscillant entre la douce rébellion et le conformisme rassurant de leur âge. 

Lors de la représentation du jeudi matin, les interprètes démontraient déjà une grande assurance (il y a deux distributions différentes pour le spectacle). Ces Malpeignés se retrouvent donc ici plutôt bien disposés à briller dans leurs premiers pas professionnels que nous souhaitons fructueux pour les années à venir.

24-01-2016