Ils sont trois qui ne se connaissent pas, invités par Ogo, qu’ils ne connaissent pas. Ensemble, ils attendent Ogo, qui n’arrive pas. Qui aime ça, attendre ? Qu’est-ce qu’on fait en attendant ? Mais quand Ogo arrivera-t-il ? L’attente se remplit rapidement de jeux qui renforceront de plus en plus l’amitié qui naît entre les trois nouveaux copains. Ogo existe-t-il vraiment ? Viendra-t-il ?
L’ATTENTE MERVEILLEUSE
On chante, on court, on joue de l’harmonica et du mélodica, on s’amuse beaucoup en attendant Ogo. Hop ! Le voilà enfin ! Quelle tête il a, cet Ogo ! La magie opère. Les petits sont aussi excités et emballés que nos amis en découvrant cet être doucement magique. Le plaisir de l’attente a décuplé celui de rencontrer Ogo, qui arrive en coup de vent, repart aussitôt et revient tout de go, créant sans cesse la surprise et l’émerveillement.
Ce spectacle intime, où les tout-petits sont assis tout près des comédiens, est une occasion en or de les initier au théâtre. Les artistes qui ont créé le spectacle apprécient particulièrement la spontanéité et la capacité d’émerveillement des enfants de cet âge, qui abordent la vie avec curiosité et naïveté, sans préjugés… Comme la marionnette Ogo !
Section vidéo
Éclairages : Nancy Longchamp
Musique : Isabelle Payant
Régie : Stéphane Guy
Durée 35 minutes
Une création de Théâtre des Petites Âmes
Dates antérieures (entre autres)
5 mars 2015 - Casteliers
Pour clore une saison aussi variée que foisonnante, la Maison Théâtre favorise l’intimité et la découverte avec Ogo du Théâtre des Petites Âmes. Enveloppante et imaginative, l’expérience a charmé les tout-petits, mais aussi «les moyennes et grandes personnes», pour reprendre les mots de la charmante Isabelle Payant qui nous sert de guide avant le début de la représentation.
La compagnie avait précédemment présenté, avec un accueil chaleureux, Hima, sur la vie d’un petit bout de femme, née dans un pays polaire, et Pomme, le récit d’une attachante petite créature blanche et ronde au nez rouge et aux petits yeux inquiets. C’est dans un traitement similaire, préconisant les petites formes et les univers sensoriels, que se déroule l’histoire d’Ogo. Pendant environ 35 minutes, nous faisons la rencontre de trois adultes (mais le sont-ils vraiment?) qui ne se connaissent pas du tout. Odile (Isabelle Payant), Gédéon (Stéphane Heine) et Octave (Patrick Beauchemin) ont été invités tous les trois par un dénommé Ogo, qu’ils attendent incessamment. Ce dernier aurait deux yeux de couleurs différentes : «l’un est vert, l’autre est bleu», comme le confie en chœur à quelques reprises le trio. Pour les plus vieux, leur patience rappelle celle des deux vagabonds Vladimir et Estragon d’En attendant Godot de Samuel Beckett.
Mais lors de l’attente avant l’arrivée du mystérieux protagoniste, une question se pose pour eux. Comment noue-t-on des liens avec des inconnus aux personnalités très différentes de la nôtre? Odile démontre une grande curiosité pour tout ce qui l’entoure, Gédéon parait plutôt timide, tandis qu’Octave, qui surgit sur le plateau avec un grand chapeau, semble aimer davantage l’aventure. Par la suite, avec chacun d’eux, Ogo s’amuse à une sorte de jeu de cache-cache, selon ses fantaisies et ses humeurs pour les amener au bout d’eux-mêmes.
Le décor est recouvert de draps suspendus et composé de différents objets (dont des coussins et des coffres en bois). Dans ce lieu qui s’apparente à un monde plus artisanal, les trois interprètes nous permettent de ressentir avec eux les désagréments et parfois même l’inconfort pour une personne qui se laisse désirer. Mais Isabelle Payant (instigatrice et conceptrice de la production) et ses deux comparses masculins (également collaborateurs) possèdent aussi quelques tours dans leurs sacs. Ils chantent, en plus de jouer de l’harmonica et du mélodica, instrument à vent avec un clavier et une embouchure dans laquelle souffle avec amusement la comédienne.
Contrairement à ses réalisations antérieures dont Pomme (avec une langue inspirée de la forme du haïku)et Hima, Isabelle Payant utilise davantage la parole dans la première partie d’Ogo. Les dialogues demeurent simples, mais efficaces. Par contre, la pièce trouve véritablement toute sa ferveur et sa magie lors de l’arrivée d’Ogo, vécue différemment par les trois personnages. Odile voit la tête de la créature dans l’un des coffres. Lorsqu’elle ouvre ce dernier, une longue corde apparaît devant elle et nous voyons simultanément des projections dans le décor, s’harmonisant avec les éclairages de Nancy Longchamp. Pour Gédéon, la rencontre avec Ogo s’accompagne de la présence de nombreuses échelles qui surgissent comme par enchantement. Le garçon réservé et replié sur lui-même les place à différents endroits du décor. Cette scène enseigne à Gédéon la nécessité de créer des liens et des ponts avec les autres. Elle permet aussi à son interprète, Stéphane Heine, de manipuler habilement des marionnettes de petites dimensions. Pour Octave, Ogo lui donne la chance d’explorer son goût de la fantaisie, grâce, entre autres, à la présence éclair d’un poisson. Ogo, dont le visage blanc ressemble à la forme d’une petite citrouille, permet ainsi à ses trois individus de s’initier à une existence plus étonnante et plus rigolote.
Mais le passage le plus saisissant se révèle dans les dernières minutes. D’étranges figures de différentes couleurs surgissent sous des néons plutôt futuristes et un accompagnement musical assez inventif d’Isabelle Payant. L’œuvre scénique se détache en quelque sorte de son cadre, à l’image de cet Ogo qui a propulsé les personnages vers une plus grande liberté autant intérieure qu’extérieure. Par ailleurs, tout au long du parcours, les deux acteurs et l’actrice démontrent une belle justesse dans leurs prestations respectives.
L’une des réserves pour cette production qui a joué auparavant à quelques reprises, notamment au Festival Petits Bonheurs à Trois-Rivières et à Val-d’Or, concerne un léger manque d’harmonisation entre ses différentes composantes et une amorce qui gagnerait à être légèrement resserrée. Autrement, Ogo et l’équipe du Théâtre des Petites Âmes nous initient sans trop d’anicroches aux joies de l’imagination et du plaisir.