Au commencement, l’œuf miaule, évidemment. Puis, dans le désordre, voici l’histoire d’un écureuil avec une queue de mouffette et des oreilles d’éléphant, d’une mini baleine bleue qui ne veut plus se mouiller, d’une dinde dépressive, de deux bosses qui se disputent sur le dos d’un chameau, de porcs-épics portant chapeaux melon qui se piquent en se serrant la pince… Et ce n’est pas fini…
DE DRÔLES DE BÊTES !
Deux comédiens et leur machine à jouer avec les bêtes nous racontent de petits récits animaliers, éclatés et inusités, farfelus et incongrus, en mots et en images. Un régal que ce drôle de bestiaire, à saveur surréaliste, qui évoque avec une douce folie ces liens que nous entretenons avec les animaux.
Pour créer le spectacle, les artistes ont visité des groupes d’enfants et ont joué avec eux à partir de thèmes animaliers. Ils se sont inspirés de leurs propositions, de ce qui les a amusés et touchés, pour inventer une histoire loufoque dans laquelle apparaissent une machine mystérieuse et beaucoup de bêtes curieuses.
La curiosité sous les poils et les plumes : entrevue avec Marie-Hélène Larose-Truchon et David Paquet pour «Histoires à plumes et à poils»
Avant de participer à la conception du bestiaire aussi farfelu qu’hétéroclite Histoires à plumes et à poils (qui sera ces jours-ci à la Maison Théâtre) Marie-Hélène Larose-Truchon et David Paquet s’étaient déjà amusés avec des références aux animaux. Paquet avait notamment concocté un Porc-épic aux répliques piquantes. Sa camarade d’écriture s’était illustrée (tout comme lui) dans le collectif 26 lettres: Abécédaire des mots en perte de sens avec des allusions à l’autruche. Elle avait aussi signé un texte avec un titre évocateur, Un oiseau m’attend.
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Scénographie : Isabelle Caron
Éclairages : Andréanne Deschênes
Musique : Yann Godbout
Durée 45 minutes
Une création de Petit Théâtre de Sherbrooke
Après nous avoir émus avec le très touchant spectacle de danse-théâtre Lettre pour Éléna, qui abordait avec beaucoup de sensibilité le thème du deuil, Le Petit Théâtre de Sherbrooke explore l’univers des animaux et la question de l’identité dans Histoires à plumes et à poils.
Il y a un petit œuf dans son nid douillet, tout là-haut. Mais un œuf de quoi? se demandent Elle et Lui, qui, déterminés à le savoir, le délogent de son perchoir pour mieux l’examiner. Joueur et aventurier, l’œuf leur glisse rapidement entre les doigts pour aller explorer le monde. Lancés à sa poursuite, Elle et Lui découvrent un drôle de bestiaire…
Histoires à plumes et à poils donne tout le temps nécessaire à l’enfant pour imaginer chacune des aventures vécues par l’œuf, Elle et Lui. La mise en scène d’Érika Tremblay-Roy (qui signe aussi le texte à trois mains, avec Marie-Hélène Larose-Truchon et David Paquet) bâtit davantage l’histoire par l’évocation et le jeu, laissant le soin à l’enfant d’inventer le décor et d’imaginer ce qui se cache dans le petit œuf (un flamant rose? Un chat? Un chien?... Un chat-chien?).
Alors que des bruits d’animaux surgissent d’un endroit, puis de l’autre, au point où, comme les personnages, on ne sait plus où donner de la tête, l’œuf coquin apparaît et disparaît, roule d’un côté, s’envole de l’autre pour visiter autant le désert que l’océan, grâce à quelques tours de passe-passe des comédiens Ludger Côté et Emmanuelle Laroche. Tantôt aux côtés d’une petite baleine au souffle puissant, tantôt sur le dos d’un chameau, dont les deux bosses se livrent querelle, tantôt encore dans la peau de deux gentlemen porcs-épics, les comédiens s’amusent visiblement beaucoup à manipuler les mécanismes, les rouages et les tubes éparpillés sur scène pour créer cette faune. Le tout au grand plaisir des enfants.
Sous des dehors ludiques, la production propose aux jeunes spectateurs une véritable quête initiatique au cours de laquelle ils explorent les caractéristiques et l’habitat de nombreux animaux. De saynètes rigolotes en saynètes plus poétiques, Histoires à plumes et à poils remet en question notre façon de projeter sur autrui, ici un bébé pas encore sorti de sa coquille, nos envies et notre vision, alors qu’il y a encore tant à découvrir. Le texte, simple, mais efficacement porté par les deux interprètes, nous mène tout en douceur vers la conclusion du spectacle selon laquelle notre identité n’est définie ni par notre allure ni par notre environnement, car chacun de nous est unique.
Avec sa plus récente production, Le Petit Théâtre de Sherbrooke offre un magnifique voyage dans l’imaginaire et, surtout, un très beau message sur le vaste univers des possibles qui s’ouvre à tous. À l’instar de l’œuf, dont la nature demeurera un mystère, l’enfant peut aspirer à devenir ce qu’il veut, pourvu qu’on lui en laisse le temps.