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Une lune entre deux maisons
3 à 5 ans
Du 26 septembre au 7 octobre 2018
Plume est vive et enjouée. Elle parle tout le temps. Elle voudrait être amie avec sa nouvelle voisine, Taciturne. Le problème, c’est que celle-ci porte trop bien son nom. Elle n’est pas vraiment d’humeur à parler. Elle est plutôt secrète et préfère s’exprimer par la musique. Il faudra la nuit, ses bruits hostiles, ses ombres inquiétantes pour qu’elles apprennent à s’apprivoiser et combattent ensemble leurs peurs.

Alors que Taciturne vit dans une maison très originale, mais fermée sur elle-même, Plume, la bavarde, demeure dans une maison tout ouverte et un peu extravagante. Elles sont entourées d’instruments de musique étranges, de ballons, d’épingles à linge en forme de plumes et d’un chien très poilu qui jappe souvent. L’enfant se retrouve dans un univers ludique familier qu’il peut facilement reconnaître et décoder… pour son plus grand bonheur.

Présenté dans une nouvelle mise en scène, ce classique du théâtre jeunesse met le doigt avec beaucoup de justesse sur les émotions des petits et nous fait entrer dans leur imaginaire parfois délirant et débordant. Cette fable poétique met en lumière la période durant laquelle l’enfant se définit par rapport au monde, à l’autre, à l’inconnu. Celle où il apprend à s’affirmer… et à reconnaître les différences de l’autre.


Texte : Suzanne Lebeau
Mise en scène : Marie-Ève Huot
Interprétation : Aurélie Brochu Deschênes et Catherine Leblond


Crédits supplémentaires et autres informations

Assistance à la mise en scène : Marie-Claude D’Orazio
Décor : Patrice Charbonneau-Brunelle
Costumes : Cynthia Saint-Gelais
Environnement sonore : Diane Labrosse
Lumières : Dominique Gagnon
Maquillages et coiffures : Sylvie Rolland Provost

RENCONTRE AVEC LES ARTISTES (après la représentation de 15h) : dimanche 30 septembre 2018

TARIFS

Spectacles
réguliers

Spectacles intimes*

Trilogie d'une émigration (pour les 3 spectacles)

À LA CARTE 17,00 $ 20,00 $ 30,00 $
Abonnement 2 spectacles 15,00 $ 18,00 $ 24,00 $
Abonnement 3 spectacles et + 13,00 $ 18,00 $ 24,00 $

Tarif par personne par spectacle. Taxes en sus.
Frais d’administration inclus. Frais de 2 $ pour envoi des billets par la poste.

*Les spectacles intimes, parce qu’ils sont présentés devant un petit nombre de spectateurs installés sur la scène, vous font vivre une expérience de proximité avec les artistes. Places limitées.

Durée 40 minutes

Le texte de Suzanne Lebeau est édité aux Éditions théâtrales Jeunesse.

Production Le Carrousel, compagnie de théâtre


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Critique disponible
            
Critique

Œuvre pionnière du théâtre québécois pour les tout-petits, Une lune entre deux maisons de Suzanne Lebeau s’est réinventée à diverses reprises depuis sa création en 1979. Par son exploration de nouvelles pistes scéniques, l’acuité de son propos et son message humaniste, la nouvelle version présentée sur les planches de la Maison Théâtre, sous la gouverne de Marie-Ève Huot, est à marquer d’une pierre blanche.   




Source photos : site du Carrousel

La codirectrice de la réputée compagnie Le Carrousel s’était déjà attaquée une première fois à ce classique au printemps 2012. À Montréal, le public se rendait dans un petit espace aménagé à l’arrière de la scène de la Maison Théâtre. Huit ans plus tard, la mise en scène a complètement changé, tout comme la distribution, toute féminine cette fois-ci (composée de Catherine Leblond et d’Émilie Dionne), et l’aire de jeu, désormais dans la salle régulière.

Pendant un peu plus d’une demi-heure, l’histoire destinée aux trois à cinq ans focalise sur la rencontre entre deux êtres aux personnalités antagonistes. Enjouée et vive, Plume aime la vie et ses innombrables aventures. Au début de la représentation, elle fredonne une chanson et souhaite devenir l’amie de sa nouvelle voisine. Or, celle-ci semble farouche et porte si bien son nom : Taciturne. Secrète, c’est la musique qui lui permet de s’exprimer, principalement sa petite guitare. Or, il faudra la nuit, ses bruits et ses ombres angoissantes pour que les deux protagonistes se rapprochent, s’apprivoisent et apprennent à combattre leurs peurs dans un esprit fraternel.

Par son exploration de nouvelles pistes scéniques, l’acuité de son propos et son message humaniste, la nouvelle version présentée sur les planches de la Maison Théâtre, sous la gouverne de Marie-Ève Huot, est à marquer d’une pierre blanche.

Prolifique, Suzanne Lebeau a démontré au cours des décennies une constante rarement démentie. Depuis quelques années, des reprises toujours aussi pertinentes de ses pièces (Contes d’enfants réels) ont côtoyé, entre autres, une nouvelle création (Trois petites sœurs) qui a osé aborder des réalités graves (le deuil et la maladie) avec sensibilité et respect. Conçue des décennies plus tôt, Une lune entre deux maisons s’inscrit parfaitement dans ce répertoire toujours à l’écoute des sensations et de la curiosité des enfants. Par la place accordée aux objets, à des mots judicieusement choisis et aux effets de surprises, elle rejoint une autre de ses belles réalisations vues aussi à la Maison Théâtre (Souliers de sable).

Dans sa précédente exécution scénique du texte, Marie-Ève Huot avait misé sur une scénographie plus enveloppante (malgré l’exigüité du lieu) où l’auditoire avait davantage l’impression de se retrouver dans un cocon. Moins intimiste, l’actuelle relecture apporte toutefois des couleurs différentes à la partition. Ancrée dans certaines préoccupations contemporaines, elle rend plus prégnant le désir de traiter de l’ouverture à la différence et de l’importance de surmonter ses appréhensions dans un monde rempli d’inconnu. Derrière une scénographie constituée, entre autres, de deux espaces circulaires de gazon, des projections ponctuent à certains moments l’intrigue, dont celles de gouttes de pluie qui tombent du ciel durant les premières minutes du spectacle, ou encore un peu plus tard, de longues tiges évoquant des troncs d’arbres. Le traitement visuel s’accompagne d’un travail sonore d’une grande qualité effectuée par Diane Labrosse. L’inquiétude vécue par le duo devient plus tangible et plus incarnée. Ce synchronisme entre les bruits et les images constitue une autre réussite pour l’orchestratrice de la proposition après son Des pieds et des mains.    

Les plus belles séquences de l’ensemble demeurent celles où les deux comparses apprennent à se connaître à l’aide d’accessoires judicieusement choisis, comme l’installation entre les deux terrains d’une petite corde (sur laquelle se trouve un petit carillon éolien permettant d’entendre quelques notes de musique) pour établir l’amorce d’un lien. Lorsqu’un ballon aux teintes dorées surgit comme par enchantement sur la scène, des réactions fusent de la salle, tout comme plus tard l’apparition d’un autre de couleur bleue. Ces moments s’harmonisent avec les éclairages soignés de Dominique Gagnon; leur beauté à la fois sombre et énigmatique rappelle ceux qu’elle avait conçus pour une autre production du Carrousel : Gretel et Hansel de Suzanne Lebeau. Avant la tombée du rideau, la dernière scène s’avère frémissante.            

Mentionnons les prestations sensibles des deux comédiennes douées. Catherine Leblond et Émilie Dionne (déjà émouvantes dans Trois petites sœurs) démontrent toutes deux une justesse attachante et une complicité émouvante.   

Les joyaux de notre dramaturgie ne cessent de briller malgré le temps qui passe. La lueur qui entoure cette Lune entre deux maisons ne risque donc pas de s’éteindre de sitôt.  

30-09-2018
 

Maison Théâtre
245, rue Ontario Est
Billetterie : 514-288-7211

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