Un matin, trois petits vieux reçoivent une lettre leur annonçant qu’ils ont épuisé tous les jours qu’il leur restait à vivre. Est-ce une blague ? Impossible ! Ils ont beau la renvoyer à l’expéditeur et cadenasser la boîte aux lettres, il est trop tard : le doute plane pour ces amis de longue date. Les heures passant, dans la complicité des échanges, ils apprivoisent l’idée de la mort à travers la ronde des émotions qu’elle soulève, les petits deuils du quotidien, les souvenirs tendres et les fous rires.
UN JEU EXPRESSIF ET ÉMOUVANT
Portant des demi-masques, un accessoire théâtral de plus en plus rare, les trois interprètes livrent un jeu physique et clownesque – ponctué par les notes d’un accordéon et d’une clarinette – qui enchantera petits et grands. Grâce à Ernest, Stanislas et Désiré, ces personnages attachants au crépuscule de leur vie, la réalité du deuil se teinte d’une douce bouffonnerie.
APPRIVOISER L’INCONNU
Qu’est-ce que la mort : le bris d’une théière ? Qui est la mort : une araignée venimeuse ? Quand et comment la mort nous visite-t-elle ? Et si nous étions éternels ? Avec délicatesse et drôlerie, ce spectacle soulève une question qui nous intrigue tous. Pourtant, entre la peur, le courage et la nostalgie se fait aussi entendre une célébration de la vie et de l’amitié !
Texte Suzanne van Lohuizen © L’Arche Éditeur
Traduction du néerlandais Marijke Bisschop
Mise en scène Johanne Benoit
Interprétation Vania Beaubien, Alexandre L’Heureux et Isabel Rancier
Crédits supplémentaires et autres informations
Scénographie Pierrick Fréchette
Musique originale Raphaël Reed
Éclairages Jeanne Fortin-L.
Masques Vania Beaubien, Pierrick Fréchette et Marie Muyard
Durée 55 minutes
TARIFS |
Spectacles réguliers |
Spectacles intimes* |
À LA CARTE | 17,00 $ | 20,00 $ |
Abonnement 2 spectacles | 15,00 $ | 18,00 $ |
Abonnement 3 spectacles et + | 13,00 $ | 16,00 $ |
Tarif par personne par spectacle. Taxes en sus.
Frais d’administration inclus. Frais de 2 $ pour envoi des billets par la poste.
*Les spectacles intimes, parce qu’ils sont présentés devant un petit nombre de spectateurs installés sur la scène, vous font vivre une expérience de proximité avec les artistes. Places limitées.
Production Théâtre du Frèt en coproduction avec le Festival Les Coups de théâtre
critique publiée lors de la présentation de la pièce aux Coups de théâtre 2018
Après la poésie de l’enfance chorégraphiée dans Romanzo d’infanzia, c’est au tour du destin des aînés de se voir incarné sur les planches aux Coups de Théâtre. La compagnie québécoise le Théâtre du Frèt, en collaboration avec le Théâtre Ciel Ouvert, nous offre une proposition particulièrement truculente, Les Trois Petits Vieux qui ne voulaient pas mourir.
Au Studio Multimédia du Conservatoire, la pièce écrite par l’auteure néerlandaise Suzanne Van Lohuizen (publiée dans une traduction française chez L’Arche Éditeur) conjugue un humour contagieux à une réflexion sur le sort qui attend les individus en fin de vie. Pendant 50 minutes, l’histoire aborde le quotidien de trois hommes (les trois petits vieux du titre), Ernest, Stanislas et Désiré, défendus par des interprètes allumés et loufoques derrière leurs masques et leurs rembourrures, Vania Beaubien, Alexandre L’Heureux et Isabel Rancier. Un matin qui ressemble à tous les autres, le trio d’inséparables se réveille de bonne humeur jusqu’au moment où une étrange lettre arrive dans une boîte postale (qui s’illumine à quelques reprises, accentuant la dimension inquiétante du récit). Le message les frappe en plein visage : « Aujourd’hui, c’est le dernier jour. Toutes les journées ont été utilisées! » Les protagonistes décident alors d’ignorer le message prophétique, de s’inventer de nouvelles existences, aussi éphémères soient-elles, et de s’amuser comme des gamins.
Cette folie se répercute dès la première scène. Pour accompagner leur désir d’évasion, les personnages jouent parfois de l’accordéon ou de la clarinette. La musique occupe une place importe et suscite aussi des éclats de rire, par des allusions reconnaissables à deux airs célèbres dans des registres aux antipodes l’un de l’autre : l’Ave Maria de Schubert et l’hymne rassembleur par excellence, soit le Bohemian Rhapsody du groupe Queen. Par ailleurs, de voir les artistes se lancer à ce moment dans des effets de voix des plus bouffons apporte beaucoup de drôlerie à l’ensemble.
L’un des passages les plus sympathiques de la production se déroule autour d’une table où les amis partagent un repas animé avec une baguette de pain et des bouts de saucissons. La tension monte, alors que chacun prend son couteau d’un air menaçant. Fort heureusement, les conflits laissent place à des accolades.
Si le thème de la mort a connu maintes déclinaisons sur les planches et même à quelques reprises dans le répertoire jeunesse, notamment dans la magnifique pièce Trois petites sœurs de Suzanne Lebeau, rarement le ton a été aussi enjoué qu’ici. Les deux actrices et l’acteur s’investissent à fond dans les effets comiques, tant dans certaines positions corporelles que dans leurs mimiques. Toutefois, des répliques plus émouvantes s’insèrent dans la partition, notamment lorsque l’un d’eux confie son premier béguin lorsqu’il était enfant pour une « jolie demoiselle conduisant une bicyclette rouge et qui a fait pipi » devant lui avant de repartir au loin; cette « amourette » s’est terminée pour lui sur cette image saisissante.
La musique de Raphaël Reed nous permet de vivre les nombreuses atmosphères de l'intrigue, autant les sons près de l’esprit d’une fanfare du début que ceux plus tristounets au fur et à mesure que se développe la progression dramatique. La scénographie de Pierrick Fréchette confère une dimension plus nostalgique avec ce décor de chambre constitué d’un lit qui semble tout droit sorti d’une autre époque.
Une œuvre théâtrale comme Les Trois Petits Vieux qui ne voulaient pas mourir nous donne, certes, l’occasion de rire haut et fort de la venue de la Grande Faucheuse, mais son traitement scénique explore un sujet grave avec une grande franchise et une infinie tendresse.
Dates antérieures (entre autres)
21 mai et 14 novembre 2018 - Coups de théâtre 2018