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Du 8 janvier au 2 février 2008
Soirée bénéfice 30 janv. 2008 - au profit de la reconstruction du Théâtre Prospero - coût 200$

Les mondes possibles

Texte de John Mighton
Mise en scène Arianna Bardesono
Traduction Maryse Warda
Avec Paul Ahmarani, Denis Bernard, Patrice Coquereau, Catherine-Amélie Côté et Steve Laplante

Georges, un homme sans histoire, est retrouvé mort dans son appartement, le crâne vidé de son cerveau. S’ensuit un chassé-croisé entre l’enquête policière tentant de résoudre l’énigme de sa mort troublante et un voyage philosophique au cœur de ses expériences vécues. Le personnage explore ainsi certaines possibilités de sa vie, naviguant entre différentes réalités.

À chaque étape de notre vie s’offrent à nous de multiples voies, silhouettes frêles et sinueuses de ce que nous pourrions faire ou devenir. Nous empruntons alors une de ces routes sans savoir où nous auraient mené les autres. Mais elles restent là, en parallèle, et reviennent parfois croiser notre destin, semant ainsi le doute sur ce qui est ou ce qui aurait pu être.

Ce spectacle explore certaines théories de la philosophie portant sur l’infinité des mondes possibles, évoluant en parallèle.

Assistance à la mise en scène et régie : Stéphanie Capistran-Lalonde
Scénographie : Romain Fabre
Éclairages : Martin Sirois

Une production du Théâtre de Quat’Sous

Théâtre Prospero
1371, rue Ontario Est
Billetterie : 514-288-7211

 

par David Lefebvre

- (Doctor) Kleber described it as kind of a fluctuating dream state.
Inspecteur Berkley (extrait du texte original)

George Barker (Steve Laplante), un homme inconnu, tranquille, a été assassiné dans son appartement. Le malfaiteur est parti avec son cerveau, sans laisser de traces. Deux détectives (Denis Bernard et Patrice Coquereau) sont chargés de l'enquête. Alors que le premier s'engouffre dans le puits sans fond de l'incompréhension devant ces rapts de matière grise, l'autre tente par tous les moyens d'accentuer ses capacités intellectuelles et promet de résoudre l'enquête. Durant ce temps, Barker voyage à travers différents mondes possibles, parallèles, et tente de (re)conquérir les multiples et différentes images de sa femme Joyce (Catherine-Amélie Côté), décédée il y a trois ans en pleine mer. Possibilité quantique ou lubies d'un cerveau en latence ?

L'histoire du mathématicien et dramaturge ontarien John Mighton, écrite en 1991, a remporté le Prix du Gouverneur général en 1992. Robert Lepage en a fait une adaptation cinématographique en 2000, avec Tilda Swinton et Tom McManus. L'auteur du bestseller The Myth of Ability: Nurturing Mathematical Talent in Every Child, fondateur du JUMP (Junior Undiscovered Math Prodigies) et conseiller sur le script de Good Will Hunting (film oscarisé) est fasciné par la dualité des questions philosophiques et scientifiques ; Les mondes possibles ne fait absolument pas exception. Ses interrogations s'attaquent ici au cerveau, ou encore plus précisément à l'imagination et ses milliards de possibilités. Et si l'humain pouvait vraiment voyager d'un univers parallèle à l'autre? Découvrir qu'il est charpentier dans l'un, agent d'immeubles dans l'autre, amoureux d'une femme qui vend des actions ici, marié avec une scientifique là... Jusqu'à quel point peut-on jouer dans ces mondes? Et est-il possible de le faire, d'altérer la réalité de ceux-ci par nos actions? Jusqu'où est-on prêt à aller pour l'amour que l'on porte à l'autre, quand celui-ci est notre seul univers?

La jeune globe-trotter et très prometteuse metteure en scène Arianna Bardesono, Italienne de naissance et diplômée de l'École nationale de théâtre du Canada, s'attarde sur l'âme humaine, sur les questions philosophiques du texte de Mighton, sur la finalité de la mort, sur notre chemin dans les univers de la vie et sur le bonheur. Les détails sont étudiés, même si parfois mystérieux (du sable, invisible pour la plupart des protagonistes, surgit d'un peu partout), la conception des éclairages, de Martin Sirois, est tout aussi méthodique qu'esthétiquement brillante. Le décor de Romain Fabre, des murs de verre contenant du sable de plage, se veut tout aussi beau que métaphorique, relié au paradis de George Barker. Michel F. Côté a créé une bande sonore qui colle à la pièce et à l'intrigue, par le mélange de divers instruments et sonorités. La traduction de Maryse Warda est juste et à la hauteur du texte original.

Les cinq comédiens circulent sur la scène en tenant leurs personnages respectifs tout près d'eux. Les détectives sont amusants, ancrés dans leur réalité ; Paul Ahmarani interprète le mystérieux docteur Kleber à la démarche droite et au crâne rasé, spécialiste des recherches sur le cerveau, qui travaille sur ceux des rats. Même s'il aurait été intéressant de ressentir plus de candeur et de sex appeal du côté du couple amoureux, pour démontrer l'attirance universel de ces deux amants dans tous les univers possibles, Steve Laplante et Catherine-Amélie Côté se la jouent en douceur, sobrement, mais avec une certaine force psychologique, qui, tout compte fait, rendent plausibles ce George obsédé par sa femme et cette Joyce aux multiples couleurs.

Ce thriller, au parcours imprévisible, pousse le spectateur à démystifier au mieux de sa connaissance les possibilités de la destinée, à entrevoir les probabilités des mondes multiples coexistants et simultanés. Complexe sans être compliqué, Les mondes possibles est un voyage fascinant à saveur existentielle et métaphysique sur l'amour qui ne meurt jamais.

12-01-2008