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Du 23 octobre au 10 novembre 2007

Une heure avant la mort de mon frère

Texte de Daniel Keene
Traduction de Séverine Magois
Mise en scène de André-Marie Coudou
Avec Isabelle Tincler et Martin Tremblay

Dans le parloir d’une prison, après des années de séparation, Sally rend une ultime visite à son frère condamné à être pendu. Un étrange lien, mêlé de rancoeur, d’angoisse et de tendresse, unit ces deux êtres qui portent au plus profond d’eux-mêmes les stigmates d’une enfance brisée.

Traduction : Séverine Magois
Concepteurs Marie-Ève Pageau, Alexandre Tougas, Yves Morin, Marie-Sophie Rodrigues, Mona-Dominique Régnier

Une création Théâtre « l'instant »

Théâtre Prospero
1371, rue Ontario Est
Billetterie : 514-526-6582

 

 

par Aurélie Olivier

Daniel Keene est à l’honneur cette saison : après Moitié-moitié, présentée à l’Usine C fin septembre-début octobre, c’est au tour de Une heure avant la mort de mon frère de prendre l’affiche au Prospero, par le truchement du Théâtre L’Instant.

Une nouvelle fois, l’auteur explore les relations troubles qui peuvent exister au sein d’une fratrie. Ce sont ici un frère Martin (Martin Tremblay), et une sœur, Sally (Isabelle Tincler) qui se retrouvent après des années d’éloignement, une heure avant que Martin, condamné à mort pour assassinat, ne soit pendu.

C’est en se laissant « guider par des coups de cœur, puis par la force de la parole que l’œuvre laisse à entendre » que le Théâtre de L’Instant monte ses spectacles. C’est en effet une parole poignante que nous livre ici Daniel Keene, nous entraînant dans l’abîme d’une relation fraternelle déchirante. Au fil des souvenirs, des accusations, des évocations, des reconstitutions de scènes du passé, le frère et la sœur prenant parfois le rôle de la mère ou du père, l’auteur nous livre l’histoire de Sally et Martin, par bribes, nous laissant le soin de reconstituer ce qui n’est pas dit.

Afin de laisser la puissance du texte s’installer sur scène, le Théâtre de l’Instant a misé sur le dépouillement. Pour tout décor, une table, deux chaises, un néon : la prison. Pas d’extravagances scénographiques, pas vraiment de surprises au niveau de la mise en scène (André-Marie Coudou), c’est sur les comédiens que tout repose.

Après des débuts hésitants et manquant quelque peu de conviction, ceux-ci prennent pleinement possession du texte, portant en eux, corps et âme, les déchirures de leur personnage et nous faisant ressentir avec intensité le drame de cette relation fraternelle complexe faite d’amour, de complicité, de désir, mais aussi de ressentiment, de répulsion, de haine, sur fond d’enfance brisée par la mort trop précoce d’une mère et l’alcoolisme irrémédiable d’un père plein de chagrin. Il se dégage de cette rencontre entre deux êtres sur le point d’être séparés à tout jamais par la mort, planifiée, de l’un d’eux, de leurs rires, de leurs cris, de leurs souffles qui se mêlent, de leurs corps avides de se toucher encore, une vive émotion, qui nous prend à la gorge et nous laisse les yeux plein d’eau, sous le choc, presque incapables d’applaudir à ce qui est pourtant une réussite manifeste.

27-10-2007