Texte de Hanokh Levin
Traduction de Laurence Sendrowicz (éditions Théâtrales)
Mise en scène Claude Lemieux
Avec Kathleen Fortin, Roc LaFortune, Manuel Tadros
Plus tout à fait jeune, Yaacobi veut rompre avec sa vie trop régulière, un peu ennuyante et dépourvue de sens. Il quitte son vieil ami de toujours, Leidental, avec qui il passait ses soirées à jouer aux dominos. Il rencontre la plantureuse Ruth, qui n’attend qu’une bonne occasion pour s’attacher un mari. Faisant tout
pour se persuader qu’ils sont amoureux, ils s’épousent. Leidental, seul et abondonné, les suit partout et s’offre en cadeau de mariage.
Comédie grinçante et excentrique, cette pièce tire sa force de la folie désarmante qui agite les personnages : deux hommes et une femme en quête du bonheur quotidien. Renouvelant avec brio l’univers des grands auteurs de l’absurde, Levin présente trente scènes de la vie conjugale, drôles, dérisoires ; elles racontent le ridicule et le pathétique de nos vies, de nos aspirations, de nos échecs.
Assistance Annie-Claude Beaudry
Scénographie Simon Guilbault
Composition des musiques Francis Covan
Musicien sur scène Laurent Chaput
Lumières Jean Gervais
Vidéaste Frédéric St-Hilaire
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Une production du Groupe de La Veillée
Prospero
1371, rue Ontario est
Billetterie : (514) 526-6582
par Aurélie Olivier
Présentée en première canadienne au Prospero, Yaacobi et Leidental, du dramaturge israélien Hanokh Levin, est une comédie cocasse et cruelle qui met en scène trois personnages ayant de grandes aspirations, mais empêtrés dans leurs bassesses quotidiennes. C’est ainsi qu’Itamar Yaacobi (Manuel Tadros) décide soudainement qu’il ne veut plus rien avoir à faire avec son ami de toujours, que Ruth Chahach (Kathleen Fortin) est en quête d’un époux à maltraiter et que David Leidental (Roc LaFortune) s’offre en cadeau de mariage avec l’espoir de briser un ménage. Chacun d’entre eux aimerait bien être heureux, mais à la stricte condition qu’aucun des autres ne le soit.
L’humour de Levin est à la fois loufoque et provocant. Il nous donne à rire des maladresses et des déconvenues de trois individus médiocres, mais d’une désarmante sincérité. Si la pièce souffre de quelques répétitions inutiles et d’interventions parfois un peu trop explicatives qui tuent les effets comiques, les scènes sont le plus souvent drôles et rythmées.
Y cohabitent des dialogues, des apartés durant lesquels les personnages s’adressent à eux-mêmes ou au public, et des chansons accompagnées à la guitare ou à l’accordéon par le musicien Laurent Chaput, presque toujours présent sur scène.
Ces 12 intermèdes musicaux sont autant de moments de pure réjouissance : les paroles sont drôles, la musique composée par Francis Corvan est entraînante, les voix sont justes et les chorégraphies qui les accompagnent sont désopilantes. Comment ne pas mourir de rire lorsque Yaacobi, les mains posées sur le postérieur d’une Ruth qui se trémousse l’air mutin, chante avec cœur « Flic, flac, et un et deux, les p’tites culottes douces et soyeuses… Flic, flac, et un et deux, la chair est tendre et généreuse »! Ces chorégraphies constituent un des éléments les plus réussis de la mise en scène qui, pour le reste, est plutôt sans surprise, voire introduit des longueurs par le biais de scènes sans paroles mal maîtrisées et plutôt insipides.
Versant tantôt dans le despotisme tantôt dans le cabotinage, Kathleen Fortin est pétillante à souhait et porte véritablement la pièce sur ses épaules. On regrette que Roc Lafortune et Manuel Tadros n’aient pas son aisance, même s’ils se défendent bien dans les passages chantés.
Règlements de compte, manipulations, obsessions masculines pour les attributs féminins… c’est assurément un portrait acide de la nature humaine que dresse Levin. Est-ce parce qu’ils ont conscience de leurs travers que les personnages nous sont aussi attachants?