MonTheatre.qc.ca, votre site de théâtre
Du 18 janvier au 5 février 2011
Terre confite
Texte de Marc Gauthier
Mise en scène et images vidéo de Stéphanie Pelletier
Avec Catherine Lavoie et Évelyne St-Pierre (sur vidéo)

Katryne, une jeune femme, fuit un passé qui la hante tout en le poursuivant à la fois. Elle est remplie des images que son amie Héléna, morte à huit ans, lui a léguées. Depuis, Katryne porte en elle les souvenirs terrorisants de son amie d’enfance et dont elle ne sait se débarrasser. Ce fardeau de mémoire pèse de plus en plus lourd sur les épaules de Katryne : mémoire qui est la sienne et ne l’est pas. Elle cherche à se remémorer la première image qui a tout provoqué, celle qui la délivrera de ce joug : en marchant, en se couchant, en dansant. Mais surtout en parlant. Elle parle pour se souvenir, pour se divertir, mais aussi pour enterrer une autre voix qui s’élève de plus en plus fort. Dans ce jeu du chat et de la souris, qui se croit invincible? Qui sera réellement vainqueur? Qui est Katryne? Et à qui appartiennent réellement ces images?

Suite au succès rencontré par Ombilic dans la salle intime en février 2009, le Collectif [dif]FRACTION propose une deuxième création poursuivant l’exploration et l’intégration de différentes expressions artistiques et diverses technologies au sein du spectacle.

Mouvement et chorégraphies Marie-Ève Demers
Scénographie et costumes Marzia Pellissier
Musique originale Robert Ethier
Lumières Marie-Michèle Fillion

Du mardi au samedi à 20 h 15, le mercredi à 19 h 15

Une production Collectif [dif]fraction - page Facebook

Prospero, salle intime
1371, rue Ontario est
Billetterie : (514) 526-6582

Delicious
______________________________________
 Critique
Critique
Imprimer la critique

par Olivier Dumas

Alors que les principales institutions de la métropole sortent leurs canons pour annoncer d’imposantes productions très attendues, il devient de plus en plus difficile pour les petites compagnies d’avoir leur place au soleil et de laisser une trace tangible. D’où la nécessité d’explorer, de témoigner et de faire connaître les nouvelles voix, grâce, notamment, à certains médias électroniques, comme MonTheatre, qui permettent la découverte de différentes démarches artistiques des arts de la scène. Dans cette lignée, Terre confite, la deuxième création du Collectif [dif]FRACTION que l’on peut voir ces jours-ci dans la salle intime du Théâtre Prospero, fait preuve d’une rigueur et d’une ingéniosité artistique qui mérite d’être vue, soulignée et encouragée.

Bien que l’auteur de ces lignes ne soit pas sorti entièrement comblé le soir de la première médiatique, il n’en reste pas moins que cette production comporte plusieurs points forts. Écrite par Marc Gauthier, l’histoire de Terre confite raconte, ou plutôt, explore la psyché d’une jeune femme, Katryne, qui tente de s’extirper d’un passé accaparant. Elliptique, parfois cru, le récit a été comparé par certains blogueurs aux écrits du grand écrivain Thomas Bernhardt ou encore à Kafka. Il s’amuse à laisser planer ses zones d’ombres et de turbulence autour de cette Lolita en collants et jupette rose qui se remémore son amie d’enfance Héléna, morte à l’âge de huit ans. Durant les 55 minutes de la représentation, les questions entourant la mémoire, les traumatismes ou les dédoublements de personnalité sauront satisfaire les amateurs de psychologie comportementale ou encore les inconditionnels du cinéma de David Lynch.

Plus près de l’esprit des installations pluridisciplinaires que celui du théâtre plus traditionnel, les concepteurs du spectacle ont bénéficié des conseils de l’acteur, metteur en scène et danseur Marc Béland. Par ailleurs, la mise en scène de Stéphanie Pelletier est d’une grande précision, modulant ainsi les variantes du texte avec une plasticité superbe. Dans un décor d’une blancheur javellisée, la comédienne Catherine Lavoie est entourée de cubes, d’une vieille poupée et de projections vidéo, créant un troublant contraste entre le dépouillement de la scène et la violence symbolique des propos d’une actrice qui apporte une touche émouvante et humaine à l’ensemble.

Nihiliste, postmoderniste ou encore labyrinthique, Terre confite ne manque certainement pas d'appellation pour tenter de décrire son univers étrange. Sous ces nombreuses couches analytiques et sa recherche formelle, la nouvelle production du Collectif [dif]FRACTION laisse présager d’intrigantes avenues pour la suite des choses.

24-01-2011

Retour à l'accueil