La pièce retrace le parcours d’une femme secouée par le désir et la difficulté d’aimer. Les fragments de vie se succèdent, en un monologue sensible et drôle, truffé de réflexions sur la vie et la société de consommation. Le fantôme de madame Bovary plane d’un bout à l’autre de la pièce, empruntant de multiples visages, jusqu'à ce qu’Emma rende les armes : «Quand on lit des choses comme ça, on trouve de la vérité [...] et la vérité est sans compromis».
Emma est la troisième production du théâtre l’Instant présentée au théâtre Prospero dans une mise en scène d’André-Marie Coudou. La saison dernière, ce dernier avait proposé Les Combustibles, d’Amélie Nothomb.
Assistance à la mise en scène Marie-Pyer Poirier
Collaboratrice au projet Isabelle Tincler
Concepteurs Noémie Avidar et Alexandre Tougas
Bande son Karl Turpin
Cartes Prem1ères
Date Premières : 7 au 11 septembre 2010
Régulier : 22$
Carte premières : 11$
Une production du Théâtre L'Instant.
Prospero, salle intime
1371, rue Ontario est
Billetterie : (514) 526-6582
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Dates antérieures
Du 12 au 30 janvier 2010, salle intime du Prospero
par Sara Fauteux
La pièce Emma, présentée en janvier dernier, est reprise ces jours-ci à la petite salle du théâtre Prospero, mettant en scène une autre comédienne. Seule, Enrica Boucher incarne Emma, une femme de quarante ans qu’on nous présente à travers les différentes étapes de sa vie. De l’enfant qui barbouille le Madame Bovary de son père, à l’adolescente révoltée à l’idée de lire une vieillerie pareille, à la femme de quarante ans, ivre et amère, qui se plonge enfin dans le roman de Flaubert, jusqu’à la vieille femme qui se demande comment tirer profit de tout ce que Flaubert lui apprend encore sur la vie.
C’est la femme de quarante ans, dont le mari vient de la laisser pour une jeune femme, qui semble être la pierre angulaire de cette traversée des âges. Pourtant, ce n’est pas l’aspect du personnage le plus intéressant. En effet, la vieille femme jetant un regard lucide et douloureux sur sa vie semble déjà un personnage moins stéréotypé à explorer. Plus encore, la perception de l’enfance de Dominique Bréda, dont le ton dans ce passage nous rappelle celui d’Amélie Nothomb dans La Métaphysique des tubes, pique assurément la curiosité. Les hypothèses de Bréda et Nothomb, aussi farfelues et inusitées l’une que l’autre, sont complètement opposées, mais elles ont le mérite de susciter une réflexion originale et imaginative du monde.
Dans ce passage sur l’enfance, le jeu d’Enrica Boucher donne à voir une scène troublante et efficace qui commence bien le spectacle. Pourtant, ce qui fonctionne bien pour cette première scène devient rapidement répétitif puisque les mêmes procédés sont repris tout au long du spectacle. On sent que la mise en scène est au service d’une actrice très physique dont le talent et la solidité lui permettent de jouer de son corps pour donner vie au texte. La scénographie, simple et juste, met en relief le propos de la pièce et sert de support à la comédienne, sans toutefois l’encombrer. Vers la fin du spectacle, pourtant, on a du mal à comprendre les choix de la mise en scène dans ce décor et l’on perd un peu le sens du texte.
Écrit dans un français qui appartient définitivement à nos voisins européens, mais avec des références bien montréalaises, le texte de Dominique Bréda ainsi que l’interprétation d’Enrica Boucher, irréprochable quant au niveau de langue, peuvent néanmoins agacer et sonner faux à quelques moments. En somme, la pièce Emma présente quelques clichés qui en atténuent la profondeur, mais nous offre aussi des moments puissants et un questionnement lucide et d’une importance capitale sur le monde d’aujourd’hui.