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Du 25 octobre au 19 novembre 2011, 20h, mercredi à 19 h
Enfants de la pleine luneLes enfants de la pleine lune
Texte d'Emanuelle Delle Piane
Mise en scène Luce Pelletier
Avec Louise Cardinal, Steve Gagnon, Jacques L'Heureux et Catherine Paquin-Béchard

La Mère et ses enfants sont retenus prisonniers par le Vieux qui règne sur leur vie et les maintient dans la plus grande ignorance du monde extérieur. Les enfants grandissent, puis l’adolescence apporte son lot de questionnements et le courage de la révolte. La vie tente de reprendre le dessus.

Un fait divers a servi d’amorce à l’écriture du texte. Révoltée par la façon dont on relate l’horreur dans les médias, Emanuelle DELLE PIANE a voulu donner la parole à l’enfance abusée. Ses mots se font légers - alors que son sujet ne l’est pas - et nous permettent d’aborder l’inabordable.

Les enfants de la pleine lune a remporté, en 2009, suite à une lecture, le Prix des « spectateurs engagés » de la Comédie-Française.

Lauréate de nombreux prix, Emanuelle DELLE PIANE est l’auteure de plus de vingt pièces pour adultes et pour enfants, mais aussi de scénarios et de pièces radiophoniques. Elle réalise et produit des courts et des moyens métrages ainsi que des documentaires.

Les enfants de la pleine lune sera créé en première mondiale par le Théâtre de l’Opsis au Prospero.


Assistance à la mise en scène Claire L’Heureux et David Trottier
Scénographie Olivier Landreville
Costumes Julie Breton
Musique Catherine Gadouas
Lumières Erwann Bernard
Photo : Maxime Côté


Les Salons du CEAD 2011

Les salons du CEAD sont une série de rencontres conviviales avec des auteurs professionnels en résidence d'écriture ou de passage à Montréal qui viennent vous faire découvrir leurs pratiques théâtrales, leurs expériences et les spécificités de leurs milieux culturels.

Samedi 29 octobre à 21h30- Au Théâtre Prospero (1371 rue Ontario Est)
Salon avec Emanuelle delle Piane
Après la représentation de sa pièce LES ENFANTS DE LA PLEINE LUNE, produite par le Théâtre de l’Opsis et présentée jusqu’au 19 novembre au Théâtre Prospero, Emanuelle delle Piane vous parle de ses oeuvres et de son parcours. La discussion sera animée par Élizabeth Bourget.

D’origine italienne et suisse, née à La Chaux-de-Fonds, Emanuelle delle Piane est l’auteure de plus d’une vingtaine de pièces pour adultes et pour enfants, mais aussi de scénarios, de pièces radiophoniques et de nouvelles. Certains de ses textes comme La monstre, Le tiroir suivi de L’armoire, Les soeurs Bonbon ont été maintes fois représentés. Lauréate de nombreux prix, elle enseigne l’écriture visuelle et théâtrale principalement en France et en Suisse. Elle est également consultante pour différentes sociétés de production et compagnies théâtrales.

Des rencontres peuvent s'ajouter tout au long de l'année.
Pour plus d’information www.cead.qc.ca


Production Théâtre de l'Opsis


Prospero
1371, rue Ontario est
Billetterie : (514) 526-6582

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 Critique
Critique

par Olivier Dumas


Crédit photo : Maxime Côté

Luce Pelletier demeure l’une des metteures en scène les plus pertinentes de la scène québécoise. Son approfondissement constant d’une démarche artistique significative s’est traduit par de magnifiques productions. Les récents cycles du Théâtre de l’Opsis nous ont ainsi permis de découvrir des auteurs des États-Unis et maintenant de l’Italie. Mais pour reprendre la réplique célèbre des Fourberies de Scapin, mais qu'est-elle allée faire dans cette galère avec ces Enfants de la pleine lune?

Écrite par la dramaturge d’origine italienne Emmanuelle Delle Piane, la pièce s'inspire de l'affaire monstrueuse de Fritzl, un pervers autrichien qui a enfermé sa fille dans un abri antiatomique sous sa résidence entre l’âge de 18 et 42 ans. De cette union incestueuse, sept enfants ont vu le jour. Sur la scène du Théâtre Prospero, deux de ces rejetons, un garçon et une fille, sont présents. Entre deux agressions toujours exécutées les soirs de pleine lune, les enfants passent le temps à faire des exercices de multiplication et à rêver de l’ailleurs. À l’adolescence, les innombrables questionnements sur la vie entraînent chez eux un désir de rébellion et de combattre l’inacceptable.

Dans les textes de présentation du spectacle, l’auteure exprimait le désir de donner la parole à  l’enfance bafouée, trop souvent spectatrice de l’intolérable. Son propos trouvera certainement plusieurs oreilles attentives chez le public québécois. L’univers sombre qu’elle dépeint peut évoquer par moment celui les grandes œuvres télévisuelles de Victor-Lévy Beaulieu dans son portrait dur de l’inceste. La récurrente symbolique de la lune trouve un écho dans l’univers de Michel Tremblay (entre autres la conclusion de sa magistrale Albertine en cinq temps). Dans la partition à quatre voix d’Emmanuelle Delle Piane qui dure à peine plus d’une heure, la langue oscille entre des passages très crus sur l’horreur de la réalité et d’autres plus poétiques qui demeurent certainement les plus intéressants. Car à trop vouloir coller à la moelle épinière des faits, l’auteure oublie parfois que l’art théâtral permet à « l’inabordable » de transcender la brutalité des faits et d’atteindre une dimension encore plus déchirante. Sans véritable progression, l’enchaînement des actions se déroule de manière très prévisible. Trop au premier degré, l’ébranlement anticipé ne vient pas, si ce n’était de certaines répliques plus touchantes par leur portée allégorique.


Crédit photo : Maxime Côté

L’inégalité de la distribution demeure également l’un des maillons faibles de la représentation. En bourreau pédophile, Jacques l’Heureux fait preuve d’une trop grande douceur pour convaincre de l’atrocité des actes odieux commis par son personnage. Ses emportements ressemblent davantage à des gémissements d’un père en manque d’autorité qu’aux menaces d’un manipulateur sadique. Ses partenaires de jeu s’en tirent mieux, particulièrement Steve Gagnon et Catherine Paquin-Béchard (dont il s’agit de la première expérience professionnelle) qui incarnent les enfants avec aplomb sans forcer le trait.

Les mises en scène antérieures de Luce Pelletier se démarquaient par leur rigueur à creuser les soubresauts d’écritures dramatiques riches et significatives, notamment le réjouissant Bar présenté au début de l’hiver 2011. Son travail pour Les enfants de la pleine lune comportait de nombreuses redondances d’actions (les jeux avec les poupées, les protagonistes enchaînés, le casque d’écoute pour empêcher le jeune homme d’entendre certains bruits) sans apporter une perspective éclairante à des enjeux autrement déjà mieux représentés sur scène. Dans cette même veine, les apparitions d’une pleine lune projetée sur écran relevaient plus d’un effet démonstratif plaqué.

D’une femme de théâtre moins douée que Luce Pelletier, la déception aurait été moins grande devant ces Enfants de la pleine lune qui s’annonçait comme une occasion exceptionnelle de découvrir une figure contemporaine de la scène italienne. Soulignons toutefois le courage d’aborder une histoire dérangeante et l’espoir de retrouvailles plus florissantes avec Frères de Francesco Silvestri, prochain périple du cycle italien du Théâtre de l’Opsis.      

28-10-2011