Après avoir volé des radios d'auto pour le compte d'un gang de rue, Dave, jeune frondeur qui n'a pas la langue dans sa poche, va fêter son exploit en se soûlant dans un bar. Rempli d'un sentiment d'invincibilité, il provoque une altercation qui fera basculer le cours de sa vie. Commence alors une véritable descente aux enfers. Entre la violence et les peines d'amour surgira peu à peu de son personnage, David Morin, un jeune homme influençable, mais pas inconscient, qui cherche à tout prix à oublier le vide immense qui l'habite.
Après plus de 120 représentations à travers le Québec, King Dave fait un retour inattendu, à la salle intime du théâtre Prospero, lieu de sa création. À seulement trois semaines d’avis Dave, alias David Morin, ce petit délinquant qui croit régner en maître sur son territoire, reprend du service. C’est la chance ultime de voir ou de revoir cette pièce acclamée par la critique et le public! Outre ce retour inattendu, un projet de long-métrage sera déposé cet automne par la productrice Nicole Robert. C’est Podz qui assurera la réalisation.
Assistance à la mise en scène : Dominique Cuerrier
Éclairages : Jonas Bouchard
Décor : Geneviève Lizotte
Musique : Martin Bédard
Régie : Mariflore Véronneau
Direction technique : Julien Véronneau
Crédit photo : Marilène Bastien
par Rébecca Deraspe (2006)
King Alexandre
Après avoir raflé les prix d’Interprétation masculine et de Meilleur texte au plus récent Gala des Masques, Alexandre Goyette retourne sur les planches avec sa pièce King Dave, cette fois-ci présentée au Théâtre la Licorne. Nos attentes, élevées, sont le résultat de cette gloire, qui, d’ailleurs, est bien méritée.
Après une fête bien arrosée, David se réveille prisonnier de son destin. Il doit voler des radios d’auto pour le compte d’un gang de rue. Suite au succès de cette douteuse entreprise, il sort dans un bar pour fêter son exploit. Il y provoque une bataille d’où il sort grand perdant. La perte est cependant plus grande qu’il ne le croit. Il s’engage dans une vengeance sans fonds, fondement de sa déchéance prochaine.
King Dave, c’est l’histoire d’un combat. Un combat qui prend racine dans une quête identitaire. L’identité pour soi mais aussi pour les autres. Et la violence pour se convaincre que le monde t’appartient. Ne rien voir parce que la rage se fait trop aveuglante. Ne rien entendre parce que la peur crie à ta place. La terreur entre les deux oreilles, entre deux stations de métro, entre un gang et une seule personne. L’amour, aussi. Puis, le silence qui n’en peut plus de ne pouvoir prendre sa place.
Alexandre Goyette prend la scène, la dévore presque et nous amène avec lui, en lui, nous porte dans ses bras, nous sert si fort, et, la tête posée contre son cœur qui bat trop vite, nous le suivons. Parce que sa peur devient la nôtre. Parce que ses mots deviennent les nôtres. Parce que sa quête aurait pu être la nôtre. Même si, parfois, les expressions qu’il utilise ne nous sont pas familiers, nous en comprenons l’essence : sa peur, sa rage, son combat, sa quête. La langue est ardue puisqu’elle appartient à une génération d’adolescents et de jeunes adultes. En plus de créer des images excessivement fortes, elle nous rapproche du personnage, de son univers, tout en établissant une dichotomie entre lui et nous. Le comédien, seul sur scène, interprète tous les rôles, transformant sa voix, empruntant des accents, de façon à nous plonger dans un récit aux couleurs des rues sombres, entre Pointe St-Charles et Laval. La mise en scène de Christian Fortin est généreuse et impeccable, tant du point de vue « humain » que du point de vue « mise en place ».
La scénographie semble être conçue pour créer une division, un parallèle avec le combat que mène David. Le salon, lui-même prisonnier d’un cadre, est à la fois l’appartement de la mère de David et celui d’une « chick qui sent bon ». De l’autre côté, une salle de bain. Cette pièce représente l’appartement de David, choix tout à fait pertinent. C’est effectivement dans une salle de bain qu’on se lave, qu’on se met à nu, qu’on se refait et qu’on se libère. De plus, les plafonds de ces deux lieux semblent être trop bas, trop près de la tête de l’acteur. Ils le tiennent presqu’en cage, le confinant physiquement au décor, conçu par Geneviève Lizotte, nous donnant une impression d’étouffement très appropriée, L’éclairage tient ici un langage théâtral important. Il suit David tout au long de son périple, l’aide à retrouver, à venger, à espérer. La conception, de Jonas Veroff Bouchard, est une réussite qui retrace avec brio l’ambiance urbaine de la pièce. Urbaine et sale, urbaine mais aussi parfois propre. L’environnement sonore, créé par Martin Bédard, nous prend tout autant au détour, nous transportant « malgré nous » dans un lieu qui n’existe que pour un instant. Pour son instant.
Une pièce qui prend assez fort pour retenir son souffle. Une inspiration théâtrale bouleversante qui se vit et qui s’expire difficilement.