Une fille, armée de bacs de peinture, raconte la vie de la mère qu’elle n’a pas connue. Son héritage : un étrange oiseau, à la fois cadeau et fardeau, qui devient son compagnon. Devrait-elle apprivoiser cette bête qui l’habite ou s’en débarrasser ?
Dans un décor en noir et blanc, les gestes posés deviennent irréversibles. Métaphore d’une société dite civilisée, de la marginalité et de l’exclusion, ce texte traduit une profonde quête de liberté. Son interprète est accompagnée sur scène par la musicienne Diane Labrosse.
« Les oiseaux en cage chantent la liberté, les oiseaux libres volent. »
Scénographie et costimes Julie Vallée-Léger
Éclairages Thomas Godefroid
Illustration Lavinia Manea
Cartes Prem1ères
Date Premières : du 3 au 7 décembre
Régulier : 25$
Carte premières : 12,50$
Une production Voyageurs immobiles, Compagnie de création
par Gabrielle Brassard
La femme corbeau, de l’auteur belge Marcel Cremer, décédé en 2009, est présentée jusqu’au 14 décembre dans la salle intime du Prospero. Mi-fable animale, mi-histoire mère-fille, cette pièce étrange reflète une poésie certaine, mais difficile à saisir dans son ensemble.
Pendant à peine une heure, une femme nous raconte l’histoire de sa mère et de son compagnon de vie, un corbeau. Mais on doit lire le résumé de la pièce pour comprendre qu’il s’agit de cette histoire, ou attendre les derniers instants de la pièce. Sinon, on se laisse porter par ce conte étrange, ne sachant pas trop à qui il appartient, ou ce qu’il représente. En effet, le corbeau est-il une métaphore pour l’homme, un symbole qui représente la jeunesse, l’innocence, la liberté, la séparation? Rien n’est clair.
La comédienne Valérie Dumas, seule en scène, interprète bien cette femme qui nous cite cette histoire bizarre. Avec un jeu très physique, confinée à un espace restreint, mais épuré, Dumas se promène pieds nus, trempant ses mains dans plusieurs bacs de peinture noire. Elle y dessine, aménage des ficelles de tissus pour en faire des cordes à linge, des labyrinthes, des fils sur lesquels se perche le corbeau. La justification de tous ces manèges imaginés par la metteure en scène Milena Buziak (Le bruit des os qui craquent, Grains de sable), est difficile à cerner. On perçoit mal comment les mouvements et les accessoires servent réellement le texte, ce qu’ils ajoutent au propos. La peinture noire, qui évoque vaguement le corbeau, est répandue dans un crescendo correspondant à la montée de la tension dramatique, s’il y en a une, mais là encore, est-ce vraiment utile?
Valérie Dumas, par ses différents tons et son interprétation juste et diversifié des différents éléments de l’histoire, réussit tout de même à nous entraîner dans l’univers étrange de l’oiseau noir, même si on ne comprend pas tout. Subtilement accompagnée par les arrangements musicaux de Diane Labrosse, Dumas se sert de la musique pour ponctuer l’histoire qu’elle nous raconte, chantonnant par moments. La femme corbeau est un objet théâtral sans nul doute original, dans lequel il faut totalement se laisser porter par l’imaginaire de l’auteur belge et de la metteure en scène, sans se questionner davantage, pour réellement apprécier le spectacle.