Le voyage d'hiverMise en scène de Benoit Landry
Avec Ashley Carr, Véronique Gauthier, Gisèle Henriet, Lauren Joy Herley, Sandrine Mérette, Anna Ward
Première création de Nord Nord Est, compagnie de création en arts multidisciplinaires, Le voyage d’hiver propose une œuvre hybride regroupant des concepteurs et interprètes utilisant les langages du théâtre, de la performance, du cirque, de la danse contemporaine, de la musique électronique et électroacoustique, du chant classique, de la poésie et de l’art visuel.
Poème scénique, exposition performative et sensorielle, le spectacle apparaît tel une suite de tableaux vivants d’où surgissent d’étranges et mystérieux rituels.
Benoit Landry et l’artiste de cirque Anna Ward se sont rencontrés sur le plateau de Rain du Cirque Éloize ; dans Le voyage d’hiver, ils explorent les notions de sacré, de rituel et d’amour, à une époque où le cynisme est perçu comme une marque de lucidité.
Section vidéo
Conception acrobatique Anna Ward
Assistance à la mise en scène Dominique Leblanc-Bolduc
Scénographie et costumes Benoit Landry et Anna Ward
Éclairages Francis Hamel
Conception sonore Colin Gagné
Photo Isabel Rancier
Rencontre avec les artistes le mercredi 26 mars, après la représentation
Une production Nord Nord Est
par Pascale St-Onge
Crédit photo : Isabel Rancier
Le spectacle Voyage d’hiver, présenté d’abord l’an dernier dans le cadre de Montréal Complètement Cirque, nous mène à un questionnement pertinent : dans le cadre d’une présentation multidisciplinaire, quelle peut être notre ligne directrice afin de faire saisir au public l’idée d’ensemble du spectacle ? À la base de ce projet : Benoit Landry, issu du milieu théâtral, et Anna Ward, circassienne. Dans le spectacle, la musique, la danse et la poésie prennent aussi une place importante au milieu d’un beau désordre scénique.
Voyage d’hiver est une fabulation à partir du Winterreise de Schubert, qui se présente sous la forme d’un enchaînement d’une vingtaine de tableaux et où un système de sens tente de se déployer à mesure que le spectacle avance. Malheureusement, le tout manque cruellement d’assises et demeure au stade de succession d’images qui semble chercher à nous dire quelque chose pour le moment encore insaisissable.
La compagnie n’a pas de mal à installer une ambiance mystérieuse et onirique, avec, notamment, cette déconstruction et cette destruction graduelle du décor par les interprètes et une habile cohabitation des corps dans un même espace. Mais que cherche-t-on à nous dire ? Quelle histoire nous raconte-t-on ? Il y a certes quelques beaux moments, concentrés surtout au tout début du spectacle, mais l’ensemble est encore trop chaotique et disparate pour nous toucher ou nous faire réfléchir. À cela s’ajoute une conception d’éclairage inégale et qui ne sert pas toujours la scénographie et les interprètes, sans oublier une conception sonore décousue ; le son de la salle était d’ailleurs beaucoup trop fort lors de la première pour nous permettre de l’apprécier. Le texte aurait eu avantage à s’ancrer davantage dans le concret afin de nous être accessible, car au milieu de tous ces éléments, cette poésie étrange ne nous parvient que comme un ensemble de mots qui ne s’accroche à rien.
Le multidisciplinaire prend parfois cette tendance empruntée à la performance de ne rien raconter de précis, de fuir la notion de fable et de personnage. Peut-être est-ce que ça fait plus « contemporain » et « à la mode » ? Pourtant, dans un cas comme Voyage d’hiver, devant nos yeux, ce sont précisément des personnages qui tentent d’accomplir quelque chose qui n’est pas nommé, alors pourquoi ne pas nous les donner ? Certaines bases théâtrales manquent visiblement à ce spectacle pour en faire une expérience complète.