Paul un preacher itinérant va de ville en ville accompagné de sa femme, Hélène, afin de parler de Dieu aux gens. Il court inlassablement les places publiques pour se faire entendre et exprimer sa passion pour le Dieu qui l’habite. Pourtant ce Dieu, autant que ses auditeurs, l'ignore. Il a beau lui adresser toutes ses adjurations, il demeure toujours sans réponses. Sa femme Hélène le suit dans son errance, bien qu’elle ne croie pas à un autre paradis que celui de l’ici et du maintenant. Tandis que Paul cherche désespérément à s'élever, Hélène n'attend pas de vérité autre que celle du quotidien et ne connaît de morale que celle de son corps. C’est l’éternelle lutte entre la raison et la pulsion.
Alors que la question de Dieu est abordée à travers son absence, c’est dans le silence que résonnent les mots des Paroles.
Dans une langue épurée, aride, le dramaturge australien Daniel Keene brosse, avec Les paroles, l’impitoyable portrait d’un couple en quête de sens. Avec cette étonnante fable ecclésiastique où se mêlent mouvements et paroles, la metteure en scène et chorégraphe Alix Dufresne a créé un objet hybride qui prend le spectateur à bras-le-corps.
Scénographie Max-Otto Fauteux
Éclairages Erwann Bernard
Costumes Shlomit Gopher et Sarah Lachance
Son Gonzalo Soldi
Assistance à la mise en scène Alexandra Sutto
Visuel : Maxime Côté
Photos : Maxime Côté –
Guillaume Regaudie – Julie Artacho
Tarifs
Au guichet : régulier 33 $, aîné 26 $, 30 ans et - et membres 24 $, groupes (15 personnes +) 18,50 $, étudiant en théâtre 16 $
Par téléphone et en ligne : régulier 35,50 $, aîné 28,50 $, 30 ans et - et membres 26,50 $, groupes (15 personnes +) 18,50 $, étudiant en théâtre 18,50 $
Jeudi 2 pour 1
: Remise des billets en personne au guichet du
théâtre de 18 h 30 à 19 h 15. S’applique sur le tarif
régulier et aux spectacles présentés sur la scène
principale. En quantité limitée.
Les rendez-vous du mercredi : 29 octobre
Une production J'le dis là
par Gabrielle Brassard-Lecours
Les paroles des non-dits
La première mise en scène d’Alix Dufresne, jeune finissante de l’école nationale de théâtre, est présentée ces jours-ci jusqu’au 9 novembre. C’est dans une alliance de danse et de théâtre que Les Paroles, de l’auteur australien Daniel Keene, nous raconte la quête spirituelle d’un couple à la dérive.
Paul et Hélène se promènent de ville en ville, sans répit, afin de répandre la « bonne parole ». Lui s’interroge sur la foi, sur le manque d’intérêt de son public, un peu à l’image de la société désintéressée de tout. Elle le suit, infatigable, même si essoufflée, nomade malgré son désir de stabilité. Le couple se tient, dans ses doutes comme dans ses convictions, dans la fatigue et le poids du monde qu’ils semblent porter, dans la foi, sans cesse ébranlée.
Incarnés par les très solides Marc Béland et Rachel Graton, on ne peut qu’admirer la performance et se laisser emporter par le jeu et la complicité des deux comédiens. Avec une présence intime et enveloppante, le couple alterne entre les marches interminables d’un endroit à l’autre, leurs doutes face à l’un et à l’autre dans des moments individuels, et l’amour, qui, malgré tout, semble persister.
Les Paroles, malgré son titre, comporte peu de texte. C’est véritablement dans le geste, dans la danse, toujours présente dans le travail de la metteure en scène, que se déroule l’action. Essoufflement physique et moral, amour, colère, angoisse, discours sur Dieu, tout passe par le jeu physique des comédiens et par la très sensuelle scénographie de Max-Otto Fauteux. C’est sur une petite scène, remplie de sable, que le couple tente de croire encore à Dieu. Un gros bloc incarne le bagage, le poids qu’il traîne avec lui. Par moment, le sable découvre un plancher éclairé en forme de croix, dans les instants de doutes, de colère. Nous sommes dans le noir, la lumière est tamisée et sombre, comme un reflet du monde dans lequel nous vivons.
« Mes personnages n’ont pas la parole facile. Ils veulent faire entrer une infinie douleur dans un dé à coudre », dit l’auteur de ses œuvres, dont Les Paroles. Cette affirmation est tout à fait juste ; c’est exactement le sentiment de cette douleur enfouie et brûlante que l’on ressent en face de ce nouveau spectacle de la jeune compagnie J'le dis là, présenté jusqu’au 9 novembre au Théâtre Prospero.