PIGMise en scène de Gaétan Paré
Avec Marie Charlebois, Violette Chauveau, Karine Gonthier-Hyndman, Philippe Robert et Gabriel Szabo
La vie de Paul est compliquée : neuf ans, deux mamans, pas de papa, et l’irrépressible envie de devenir une Muse. Une chance qu’il y a Sunny Riendeau, son baby-sitter, qui lui révèle le cinéma de Polanski et la beauté immuable de Sharon Tate. Une chance aussi que sa maman numéro deux, Phoebe Woodhouse, lui a permis de se confectionner en cachette pour l’Halloween une merveilleuse robe de Muse, alors que Claire Richard, sa rêche maman numéro un, lui a imposé un costume de cochonnet. Or, le soir de l’Halloween, au moment mystérieux où le cochonnet va se métamorphoser en Muse, Paul disparaît dans la nuit noire.
PIG fera cohabiter deux mondes : celui ludique et lumineux de l’enfant (avant sa disparition), puis celui sombre et angoissant du désarroi des deux mères homoparentales et du trouble du baby-sitter, fan des premiers essais cinématographiques de Polanski. Ces deux univers représentent à la fois celui étincelant de l’écriture de Simon Boulerice et celui plus obscur de la mise en scène de Gaétan Paré, deux artistes de la scène accomplis qui n’ont plus besoin de présentation. Une rencontre entre l’ombre et la lumière qui promet de montrer le théâtre de Boulerice comme jamais nous ne l’avons vu auparavant.
Scénographie Clélia Brissaud
Direction technique Alexandre Paquet
Éclairages et direction de production Marie-Aube St-Amand Duplessis
Dramaturgie Sara Fauteux
Tarifs
Au guichet : régulier 25 $, aîné 21,50 $, 30 ans et - et membres 20 $, groupes (15 personnes +) 17 $, étudiant en théâtre 15 $
Par téléphone et en ligne : régulier 27,50 $, aîné 24 $, 30 ans et - et membres 22,50 $, groupes (15 personnes +) 17 $, étudiant en théâtre 17,50 $
Une production Abat-Jour Théâtre
1371, rue Ontario est
Billetterie : (514) 526-6582
Dates antérieures (entre autres)
Du 5 au 19 février 2014, Salle intime Prospero
par Pascale St-Onge
Crédit photo : Julie Artacho
L’univers du prolifique auteur Simon Boulerice est de plus en plus connu et reconnu par le public montréalais (et international, si on en juge par ses plus récents voyages en France). Ses thèmes, son style d’écriture et certaines de ses fantaisies sont reconnaissables d’un texte à l’autre et en font sa signature toute singulière. Sa dernière création, PIG, initialement prévue pour la saison dernière et mise en scène par Gaétan Paré, surprend toutefois en s’inscrivant dans un questionnement social qu’on lui connaît un peu moins.
Paul a neuf ans. Sa mère biologique, Claire, a la même blonde depuis un peu plus de cinq ans, Phoebe, qui est pour ainsi dire sa deuxième maman. Pour l’Halloween, Paul aimerait se déguiser en Muse ; alors que Claire s’y oppose farouchement, Phoebe suggère à Paul de l’aider en cachette. Entre temps, le voisin, Sunny, vient faire du babysitting quelques soirs et lui fait découvrir Polanski tout en développant une certaine amitié. Le soir de l’Halloween, condamné à porter un costume de cochon, mais prêt à tout pour tout de même enfiler son costume de Muse, Paul disparaît.
Sous ce personnage attachant qu’est celui de Paul et son histoire, la question de l’homoparentalité est abordée à la fois avec finesse et quotidienneté. La mère biologique de l’enfant refuse que son enfant désire porter des robes, de peur qu’il soit « fif », comme elle le dit elle-même. Cette drôle de contradiction souligne parfaitement toute la complexité d’un noyau familial homoparental, sans jamais pour autant douter de celui-ci. Le couple semble être le seul à se contrevenir à lui-même, semblant parfois douter de la possibilité qu’une telle famille puisse fonctionner, pourtant tout y est. Bien que parfois l’envie nous traverse de voir cette famille, ou plus précisément Paul, dans un milieu plus public, à l’école, par exemple, le portrait est juste et vraisemblable.
Les fantaisies qu’on connaît de Simon Boulerice viennent teinter de magie le récit : les lubies de Paul, la présence de la culture populaire et le personnage éclaté de Phoebe n’en sont que quelques exemples. La pièce nous lance d’abord plusieurs pistes, notamment autour du cinéaste Polanski, qui finissent toutes par se lier les unes aux autres, de façon parfois quelque peu forcée, il faut l’avouer. La mise en scène de Gaétan Paré demeure simple, usant du petit lieu à son maximum, mais dans une esthétique très épurée. L’ensemble de la distribution nous impressionne : notamment Violette Chauveau, flamboyante dans son interprétation d’une Phoebe colorée et passionnée, et Gabriel Szabo, qui nous fait croire complètement à l’univers du petit Paul.
Malgré quelques longueurs et incohérences dans les derniers moments de la pièce, PIG est une pièce rafraîchissante, marquant un certain changement de ton chez son auteur. Boulerice, tout en gardant ses thèmes qui lui sont chers, grandit dans son écriture. Une porte s’est ouverte, le reste du monde semble affecter ses personnages plus que jamais et que son écriture de l’intime s’en trouve encore plus juste et saisissante. Un très beau spectacle.