Dans un décor urbain marqué par le capitalisme et l’appât du gain, trois jeunes adultes en quête de sens se rencontrent par hasard dans une boîte de nuit. Rolando, Paula et Maria attendent de cette soirée quelque chose qui visiblement n’arrivera pas. La vacuité ambiante a tôt fait de réunir ces trois inconnus désoeuvrés dans une chasse à l’ennui. Leur projet ? Éteindre la lumière, faire sauter les boîtes de nuit, les supermarchés, et révéler au peuple sa propre noirceur au risque de s’y perdre soi-même : un jeu qui pourrait ressembler à du terrorisme ? —— Dans une langue crue et violente, Stop the Tempo, adaptée par David Laurin, met en scène le parcours d’une jeunesse perdue dans une société malade. Dramaturge et metteure en scène née en 1977, Gianina Carbunariu, figure emblématique du théâtre contemporain roumain, est l’auteure d’une vingtaine de pièces, traduites et jouées dans plusieurs pays d’Europe.
Chorégraphie Danielle Lecourtois
Scénographie, accessoires et costumes Odile Gamache
Son Gaël Lane Lépine
Éclairages Julie Basse
Assistance à la mise en scène Marc-André Thibault
Photo Sophie Samson
Au guichet : Régulier 26 $, aîné 23 $, 30 ans et - et membres 21 $, groupes (15 personnes +) 18,50 $, étudiant en théâtre 16 $
Par téléphone et en ligne : régulier 28,50 $, aîné 25,50 $, 30 ans et - et membres 23,50 $, groupes (15 personnes +) 18,50 $, étudiant en théâtre 18,50 $
Production Théâtre de l'Embrasure
Dans une Roumanie postcommuniste marquée par de nombreux changements radicaux, une génération erre à tâtons, sans repères, désillusionnée, perdue dans un rythme de vie effréné. C’est le cas des trois protagonistes de Stop the tempo : Maria, travailleuse acharnée qui cumule les emplois, le Xanax et les aventures sans attaches, Paula, publiciste blasée traversant un passage à vide et Rolando, DJ déchu essayant d’être « cool » à nouveau. Les trois personnages, trois inconnus, se retrouvent par hasard dans une boîte de nuit avec l’intention de se défoncer pour oublier leur « vie de marde ». Mais aucun d’entre eux n’a vraiment envie d’être là. Tout comme aucun d’entre eux n’a tellement envie du trip à trois dans lequel ils aboutissent en fin de soirée. Leurs destins se lient pourtant, quelque chose les pousse à se retrouver dans la même boîte de nuit. Face au tumulte de ces jeunes qui s’éclatent, leur ennui les pousse alors à couper le courant, semant ainsi une panique. Cette déconnexion salvatrice dans un univers où tout le monde est hyperconnecté et survolté devient pour eux une véritable drogue.
Stop the tempo est une pièce de Gianina Carbunariu, dramaturge et metteure en scène roumaine très importante de la scène contemporaine européenne. Le texte est à la fois cru, cynique, revendicateur et plein d’humour grinçant. L’auteure dresse un portrait de cette génération perdue et désœuvrée au lendemain de la chute du communisme en Roumanie, mais elle pourrait assez facilement représenter nos jeunes générations occidentales aspirées dans ce tourbillon de surconsommation et de rythme de vie effréné. De plus, « l’action terroriste » qui anime les protagonistes est terriblement d’actualité.
Les acteurs, Lucien Bergeron, Marie Ève Morency et Marie-Josée Samson font preuve d’une fougue impressionnante. La scénographie d’Odile Gamache nous transporte immédiatement dans un univers de bars-techno un peu glauque à la fois sombre et froid avec les murs tapissés d’affiches de beuveries et de DJs. Des projections à même le corps des acteurs et des changements brusques d’éclairages alliant néons, pénombres et stroboscopes (conception de Julie Basse) apportent un dynamisme à l’action dramatique.
Stop the tempo réussit véritablement l’exploit d’arrêter le temps, l’espace d’un instant, et de susciter de gros questionnements avec humour et ferveur.