Marie et Karl, jeune couple en déclin,partagent leur quotidien entre misère sentimentale, pauvreté matérielle et étroitesse d’esprit. Leur mode de communication se résume à des clichés et de vieux proverbes éculés. Puis Karl apprend la soudaine grossesse de Marie. Dans Négresse, une femme invite son jeune amant à manger et à passer la nuit chez elle. Elle est séparée, mais non divorcée de son mari qui boit et a perdu son travail.
« Négresse…pièce formidable, sexiste, brutale, magnifique que j’ai écrite à mes débuts... Et ce qui me plaît tellement chez Kroetz, c’est qu’il n’explique rien, il ne donne pas de leçons, il ne juge pas, il décrit, simplement. Comme je connais bien ce jeune Kroetz, je sais : il écrit sur un milieu qu’il connaît ! C’est authentique, plastique, merveilleusement terrible. Exactement ma pièce…» F.X . Kroetz, tiré d’un entretien.
Le Théâtre Kata offre une incursion dans l’oeuvre de Kroetz, figure majeure de la dramaturgie allemande, en tissant habilement deux pièces marquantes de son répertoire. Influencée par le happening, la performance et l’installation, la compagnie met le doigt sur l’absurdité de l’existence à travers un travail axé sur l’inconscient de l’acteur et ses états de corps.
Section vidéo
Tarif Scène principale
Régulier : 35 $
Senior (65 ans et +) : 28 $
30 ans et - : 26 $
Dans la solitude des champs de coton 38 $
Tarif Salle intime
Régulier : 28 $
Senior (65 ans et +) : 25 $
30 ans et - : 23 $
Tous les prix incluent les taxes.
Aucun frais de service pour l’achat de billets au guichet
Commande en ligne et téléphonique : 3$ de frais de service par billet.
Horaire scène principale :
Mardi, jeudi, vendredi à 20h
Mercredi à 19h
Samedi à 16h
Horaire salle intime :
Mardi, jeudi, vendredi à 20h15
Mercredi à 19h15
Samedi à 16h15
Production Théâtre Kata
Dans la salle intime du théâtre Prospero est présentée jusqu’au 29 octobre la pièce Le sang de Michi, avec en intro un fragment de la pièce Négresse, de l’Allemand Franz Xaver Kroetz. Les deux segments ont été intégrés de façon à ne former qu’une seule pièce cohérente. Une courte représentation qui frappe comme une tonne de briques, et qui laisse les spectateurs sonnés.
Le sang de Michi, c’est l’histoire de Marie et Karl, un jeune couple qui « mange de la misère pour souper ». Pour l’écrire, Kroetz s’est inspiré des classes ouvrières du Munich des années 70. Les protagonistes sont peu éduqués ; ils n’ont rien, ou presque, à part l’un l’autre, et encore. C’est un drame ordinaire entre deux êtres écorchés, une histoire de violence. On le constate notamment à leur façon de s’exprimer, que la traduction québécoise de Jean-Luc Denis et Marie-Élizabeth Morf rend fort bien : échanges en parallèle, sacres et formules toutes faites résonnent dans l’abysse sombre de leur quotidien.
Un jour, Marie annonce qu’elle est enceinte. Et tout fout le camp. Pour eux, il ne peut n’y avoir qu’une seule option : l’avortement. Le monde extérieur n’existe pas, et c’est Karl qui mène l’intervention sur Marie, au péril de la vie de la jeune femme.
Dirigés par Olivier Arteau-Gauthier (Théâtre Kata), les acteurs Ariel Charest et Marc-Antoine Marceau livrent de poignantes et solides performances. Marceau interprète un Karl dur, brusque et violent. Il n’y a aucune place pour la sensiblerie, la douceur, la tendresse, mais le spectateur parvient à ressentir son désœuvrement, ses limitations. Ariel Charest rend une Marie touchante, émouvante. Victime de violence, elle ne se plaint jamais, malgré toute la détresse qu’elle peut ressentir. Elle recherche avant tout à se faire aimer. Comme nombre de femmes violentées, c’est ce désir de ne pas être seule qui lui fait endurer les pires souffrances et qui la pousse à rester et à subir. D’ailleurs, Marie ne sort jamais. Elle est prisonnière de ce lieu, de cette relation.
Les rires qui fusent dans la salle dans les premières minutes de la représentation laissent rapidement place à un silence lourd qui s’installe au fil des tableaux. Le spectateur assiste, en voyeur, à ce drame humain. La technique – trame sonore et mise en scène – accentue cette impression de voyeurisme, tout en permettant de mettre une distance entre la violence de certaines scènes et le spectateur. Le décor, une maison construite sur scène, sert de quatrième mur sur lequel on projette ce qui se passe à l’intérieur de ses murs. Parfois, on n’entend que les sons. Le tout contribue à créer une atmosphère sombre, où l’on devine l’ampleur de la détresse des personnages. La scène de l’avortement, dans laquelle un melon d’eau est utilisé pour reproduire l’utérus, est particulièrement troublante et efficace.
Le sang de Michi fait réfléchir à la condition humaine et laisse une impression forte, une fois la dernière scène jouée. D’ailleurs, lors de la première, il a fallu un certain temps avant les applaudissements. C’est là la démonstration de toute la force du texte, du jeu des acteurs et de la mise en scène. Un défi relevé avec brio et dont le spectateur ne ressort pas indemne.