Quand la peur maladive d’une vie normale, sans extase, mène à un cul-de-sac. Quand une plaie mal soignée cicatrise mal. Mélanie grince des dents la nuit. Son boulot ennuyant, sa vie affective chaotique et son avenir l’angoissent. La rencontre troublante d’un ex ravive le sentiment d’urgence qu’elle éprouve : trouver ce qui l’empêche de dormir et d’avancer. Sa quête prend alors un chemin étonnant quand, en remontant le fil de ses déroutes et nuits d’insomnie, Mélanie trouve la source de ce qui l’enlise. Il est question aussi de yoga, de la Reine des neiges et de samouraï. De dépression, de dépendance et d’extasy, bien sûr.
Mélanie sans extasy a fait l’objet d’une lecture publique lors du festival Zone Homa en 2016 et sera la production-baptême de la compagnie Le Choix de la Présidente.
Texte Édith Paquet
Mise en scène Nicolas Gendron
Avec Marc-François Blondin,
Louis-Olivier Mauffette,
Édith Paquet,
Véronique Pascal,
Éric Robidoux
Crédits supplémentaires et autres informations
Assistance à la mise en scène et régie Amélie-Claude Riopel
Décor Joëlle Harbec
Costumes Leïlah Dufour Forget
Éclairages Renaud Pettigrew
Environnement sonore Gaël Lane Lépine
Affiche: Patrick Damien (et Édith Paquet) avec la collaboration de Catherine Lepage
Mardi 20h15, mercredi 19h15, jeudi-vendredi 20h15, samedi 16h15
TARIFS
Scène principale - régulier 35$, sénior 65 ans et + 28$, 30 ans et - / membres 26$
Scène intime - régulier 28$, sénior 65 ans et + 25$, 30 ans et - / membres 23$
Les prix incluent les taxes, commande en ligne ou par téléphone : frais de service de 3$ par billet
Production Le Choix de la Présidente
Entrevue
Par Olivier Dumas
Dans Mélanie sans extasy, Édith Paquet nous expose les tumultes d’une trentenaire «cynique», mais pas encore «blasée».
Dans le sous-sol d’un café très chaleureux près du métro Jarry, Édith Paquet rigole de voir sa pièce Mélanie sans extasy s’inscrire dans la thématique de la consommation qui imbibe bien des propositions de la présente saison théâtrale. «Au Prospero (où la création foulera les planches de sa salle intime), je pense aux Enivrés d’Ivan Viripaev (avec entre autres Évelyne Rompré, sa copine du Conservatoire) où les individus recherchent la vérité dans les effluves de l’alcool.» Sa Mélanie oscille quant à elle entre deux extrêmes «pas si éloignés», soit la drogue et le yoga.
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Mélanie tourne en rond, se cherche, se crée au fil de ses passions passagères, que ce soit avec l’extasy de sa jeunesse de rave, le karaté qui a suivi, ou, encore, à travers ses formations et retraites de yoga. Crise de la trentaine ou problème du passé non réglé ? Cette comédie dramatique aborde différents thèmes tels que la quête de soi, le besoin de liberté, la famille, l’amour et la recherche du bonheur. Première pièce longue d’Édith Paquet, Mélanie sans extasy a d’abord été présentée sous une forme courte en 2013 à Théâtre tout court, puis à Zone Homa en 2016 dans sa première version longue, avant de prendre l’affiche, cette année, de la salle intime du Théâtre Prospero.
La scène est plutôt épurée ; côté jardin, un store de bambous, côté cour, un paravent japonais, au centre, un bar à côté duquel Mélanie (l’énergique Véronique Pascal) médite en pratiquant quelques postures de yoga. C’est dans cet univers tout simple que défilent des tranches de vie de Mélanie. On y rencontre sa sœur névrosée (la sublime Édith Paquet) qui incarne ce qu’elle ne veut pas devenir, un ex qui a été victime d’un grave accident (le touchant Éric Robidoux), qui représente ce qu’elle aurait bien pu devenir, des collègues de yoga intenses (Paquet, Robidoux et Blondin), une relation d’un soir étouffante (l’amusant Marc-François Blondin) et son beau-frère au bout du rouleau (l’attachant Louis-Olivier Mauffette), qui lui renvoient tous une projection de ce qu’elle pourrait être. À travers eux, elle cherche son point d’équilibre, qu’elle considère non pas comme un point fixe, mais plutôt comme une oscillation entre deux extrêmes.
La proximité que permet la salle avec la scène crée une atmosphère intime, propice aux confidences. La simplicité de la mise en scène de Nicolas Gendron laisse toute la place au magnifique texte d’Édith Paquet. Celui-ci présente des personnages à la fois forts et vulnérables, tourmentés et fragiles, qui sont tous, au fond, à l’instar de Mélanie, à la quête d’un sens à donner à leur propre vie. L’interprétation est juste, nuancée, mettant en relief cette dualité profondément humaine qui les anime.
Alliant humour, franc parlé et questionnements existentiels, Mélanie sans extasy charme par son authenticité et par sa quête universelle où chacun pourra se reconnaître et s’identifier.