Cendresmardi et jeudi 20h, mercredi et vendredi 19h, samedi 16h
Survivants d’un feu ravageur qui les a rendus orphelins, Étienne et sa sœur Viviane s’efforcent de recommencer leur vie, pendant que là-bas, au loin, dans les pays de rêve et de plages, la saison des ouragans se déploie avec furie. Leur sœur Sophie, de retour au pays après des vacances interrompues par le passage d’Irma, est à l’emploi d’une compagnie d’assurances, mais ignore tout de la tragédie qui a secoué sa famille.
Quand elle réapparaît en plein burn-out dans la vie d’Étienne et de Viviane après des années d’absence, elle est comme de cendres, elle aussi, anéantie devant l’urne de leurs parents, leur immeuble, leur vie d’avant…Tous trois tentent d’inventer le prochain pas à faire. Pendant ce temps, l’hiver arrive, le dernier rhinocéros blanc meurt et la pizza que Viviane a commandée n’arrive pas. Est-ce la fin ou le début d’un monde ?
Alliant théâtre, danse contemporaine, danse percussive et gigue, Cendres s’aventure sur le terrain de nos espoirs et de nos dépossessions. Les artistes Emmanuelle Jimenez et Menka Nagrani font équipe dans cette production nouvelle de la compagnie Des pieds et des mains.
Texte Emmanuelle Jimenez
Adaptation, mise en scène, direction musicale et chorégraphie Menka Nagrani
Interprétation et création Gabrielle Marion-Rivard, Marilyn Perreault, Olivier Rousseau
Crédits supplémentaires et autres informations
Lumières Anne-Sara Gendron
Scénographie Erica Schmitz
Arrangements des chansons traditionnelles et composition musicale Maëva Clermont
ainsi qu'une pièce de Michel Faubert
TARIFS
Scène principale - régulier 37$, 65 ans et + 31$, 30 ans et - / professionnels 29$*, Carte Prospero 28$**
Scène intime - régulier 30$, 65 ans et + 28$, 30 ans et - / professionnels 26$*, Carte Prospero 26$**
Les prix incluent les taxes, commande en ligne ou par téléphone : frais de service de 3$ par billet
* (UDA, UNEQ, CEAD, SACM, SCAM, AQAD, AQM, ATEQ)
** limite de 2 billets par spectacle, par carte Prospero
Les Productions Des Pieds et Des Mains
Crédit photos : Jackie Hopfinger
Alors qu’en novembre dernier sa plume rayonnait au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, voilà que l’auteure Emmanuelle Jimenez revient avec Cendres, actuellement à l’affiche sur la scène principale du Prospero. Résultat d’une collaboration avec Menka Nagrani, la metteure en scène, chorégraphe et directrice musicale du spectacle, cette pièce raconte l’histoire de trois frères et sœurs adultes, désormais orphelins, qui, à la suite d’un désastre ayant complètement rasé leur ancienne vie, tente de se construire un avenir décent avec ce qui reste de leur passé.
Amalgame parfaitement équilibré de théâtre, danse et chant québécois traditionnel, cette production de Des pieds Des mains réunit un trio de comédiens des plus investis. Touchante par son authenticité assumée, Gabrielle Marion-Rivard (connue grâce au film Gabrielle sortie en 2013), elle-même atteinte d’une déficience intellectuelle comme son personnage, est tout simplement pétillante. Abordant constamment un sincère sourire aux lèvres, celle-ci témoigne, à elle seule, comment la puissance d’une interprétation si près de soi peut servir un texte dramatique. Appuyée par une Marilyn Perreault d’une surprenante intensité et d’un Olivier Rousseau dont la rigueur corporelle donne droit à de riches moments sans paroles, Marion-Rivard s’abandonne sans la moindre retenue au profit d’un souci de vérité rarement aussi bien reflété. Consciente d’alléger la tension ainsi, Perreault semble éprouver un plaisir fou à jouir de l’ironie pour en faire rire plus d’un. La comédienne révèle toute son expertise tandis qu’elle passe de la comédie au drame toujours en pleine possession de ses moyens. Quant à Rousseau, outre le fait de confirmer ses talents de danseur, il s’avère particulièrement crédible dans son rôle de frère protecteur grâce à sa réelle complicité avec ses partenaires de jeu. Ensemble, les trois interprètes sont tout simplement attachants.
Appuyée par une Marilyn Perreault d’une surprenante intensité et d’un Olivier Rousseau dont la rigueur corporelle donne droit à de riches moments sans paroles, Marion-Rivard s’abandonne sans la moindre retenue au profit d’un souci de vérité rarement aussi bien reflété.
Même si le texte de Jimenez présente un drame et des dialogues assez réalistes, la scénographie imaginée par Erica Schmitz apporte une théâtralité intéressante, aidée de l’éclairage d’Anne-Sara Gendron qui segmente clairement les différents univers de l’action en variant l’intensité. Étant couvert de morceaux de linge gris faisant office de cendres, le sol est constamment en mouvement, exprimant de belle façon l’instabilité de la situation. Cela occasionne également quelques instants de pure folie tandis que les personnages s’en servent pour jouer et se bâtir un univers à eux. Le modeste mobilier de salle à manger présent ainsi que la laveuse servent de repère au réel sans encombrer l’espace, donnant toute la place nécessaire à l’exécution de quelques pas de gigue ou de danse contemporaine par la distribution. Moins gracieuses que leur collègue masculin, les comédiennes s’en sortent plutôt bien malgré quelques difficultés perceptibles. De ce petit défaut pleinement assumé paraît découler une magnifique humanité ; il en est de même pour les quelques instants chantés qui, malgré certaines fausses notes, demeurent très touchants. Un vrai beau diamant brut !
Au terme de 80 minutes de spectacle, le trio d’interprètes a de quoi être fier. Récoltant de chaleureux applaudissements, chacun peut se féliciter d’avoir brulé les planches avec autant de laisser-aller. Dirigeant ses comédiens vers un jeu authentique rigoureux, mais avec une pointe d’ironie, Menka Nagrani a légèrement donné un peu d’éclat au Cendres d’Emmanuelle Jimenez honorant le passé en le peaufinant avec une certaine originalité.
