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Écoutez nos défaites END
Du 10 au 22 septembre 2018
lundi, mercredi et vendredi 19h, mardi et jeudi 20h, samedi 16h
Supplémentaires 15-16-17-18 mai 2019

Parmi les fragments choisis du roman, on suit les destins croisés d’un agent des services secrets français et d’un ancien membre des commandos d’élite américains qui a participé à la capture et à l’exécution de Ben Laden à Abbottabad. Depuis cette mission, le soldat a disparu ; il s’est affranchi de l’armée et pourrait devenir encombrant. L’agent des services secrets doit le retrouver pour évaluer son état. S’engage alors une traque. Sur scène, aux moyens de dispositifs vidéo et audio, tous deux entrent en contact. Au fil de leurs échanges, puis dans un face à face réel, ils se reconnaissent et cherchent à trouver un sens aux conflits guerriers auxquels ils ont pris part.

Ce récit brûlant de la guerre et de la destruction, où s’entremêlent l’histoire et la fiction, nous plonge dans les vertiges de nos vies. Car c’est bien de nous aussi dont il est question. Qu’est-ce que perdre ? Qu’est-ce que gagner ?

Laurent Gaudé, lauréat du prix Goncourt à deux reprises, dépeint la futilité de toute conquête et comme toujours chez lui, le pessimisme du propos s’efface derrière la révélation des ressorts insoupçonnés de l’âme humaine, où l’humanité et la beauté seules valent la peine que l’on meure pour elles. Un texte percutant à découvrir.


Texte Laurent Gaudé
Conception, musique et mise en scène Roland Auzet
Adaptation Agathe Bioulès et Laurent Gaudé
Avec Gabriel Arcand et Thibault Vinçon


Crédits supplémentaires et autres informations

Lumières Nicolas Descôteaux
Assistance aux costumes et à la scénographie Fruszina Lanyi
Collaboration à la vidéo Pierre Laniel

Durée 1 h 25

Écoutez nos défaites est paru aux éditions Actes Sud

EN TOURNÉE

Francophonies en Limousin, Limoges, France
Théâtre du Passage, Neuchâtel, Suisse
Comédie De l’Est – Centre dramatique national d’Alsace, Colmar, France
Théâtre de la Ville, Longueuil, Canada
Théâtre français de Toronto, Canada

TARIFS
Scène principale - régulier 37$, 65 ans et + 31$, 30 ans et - / professionnels 29$*, Carte Prospero 28$**
Scène intime - régulier 30$, 65 ans et + 28$, 30 ans et - / professionnels 26$*, Carte Prospero 26$**
Les prix incluent les taxes, commande en ligne ou par téléphone : frais de service de 3$ par billet
* (UDA, UNEQ, CEAD, SACM, SCAM, AQAD, AQM, ATEQ)
** limite de 2 billets par spectacle, par carte Prospero

Coproduction Le Groupe de la Veillée et Compagnie Act-Opus (France)


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Critique disponible
            
Critique



Crédit photos : Nicolas Descôteaux

Spectacle d’ouverture de la nouvelle saison du Prospero, Écoutez nos défaites END a de quoi secouer. Reprenant textuellement certains passages tirés du roman homonyme de Laurent Gaudé, l’histoire racontée s’orchestre principalement autour de deux hommes liés par les nombreuses défaites qu’ils prétendent avoir subies, et que le destin a réunis malgré eux.

L’un (Gabriel Arcand), agent des services secrets français, est mandaté pour étudier l’autre (Thibault Vinçon) et déterminer le risque que cet ancien soldat américain représente pour la société. Grâce à l’utilisation de diverses technologies, le metteur en scène Roland Auzet et son équipe font résonner les mots de Gaudé avec aplomb.

Dès les premiers instants, le public est averti qu’il ne pourra probablement sortir de la salle complètement indemne alors que Gabriel Arcand se met littéralement à nu devant lui juste avant de changer d’identité pour celle d’Assem Graïeb, ce nom qui lui a été imposé par sa profession. Cette scène d’introduction met en place le reste d’une représentation qui semble davantage vouloir faire réfléchir que divertir. C’est en toute simplicité que les décors et les costumes de Fruzsina Lanyi invitent l’assistance à découvrir l’univers assez sobre de l’agent Graïeb. Le public se retrouve face à l’environnement de travail du protagoniste ; c’est à cet endroit que celui-ci reçoit les communications du monde extérieur. Le dispositif de caméras installé à même l’espace scénique permet, entre autres, de projeter sur grand écran l’image vidéo de Sullivan Sicoh, personnage interprété avec une grande intensité par Thibault Vinçon, lors de ses interactions avec Assem par webcam. Capable de faire coexister lucidité et folie dans un seul homme, le comédien d’origine française livre une performance qui mérite d’être sincèrement applaudie. S’il peut paraître étrange d’entendre un Américain parler à la française, il est facile d’y voir aussi une volonté de mettre en valeur la beauté du style de l’auteur qui prédomine sur l’atroce vérité des propos qu’il soutient. Belle façon claire de transposer sur scène le point de vue de l’écrivain quant à l’importance de la beauté dans un univers criblé de défaites !

L’alchimie entre Arcand et Vinçon est remarquable : à certains moments, les deux comédiens semblent littéralement bombarder le public de répliques assez cinglantes.

À l’aide de la musique et quelques effets stroboscopiques, Auzet n’hésite pas à faire monter la tension de l’auditoire. Même le rythme avec lequel s’enchaînent les répliques se veut alarmant. L’alchimie entre Arcand et Vinçon est remarquable : à certains moments, les deux comédiens semblent littéralement bombarder le public de répliques assez cinglantes. Le désir de représenter l’impuissance humaine devant la futilité de la vie est magnifiquement bien ressenti ; dommage que certains passages, de par leur intensité, soient affectés. Certains mots ou passages nous échappent. Mais cela reste tout de même une initiative intéressante, considérant que le spectateur lui-même est, ainsi, appelé à vivre l’expérience du temps qui file à toute allure.

En 70 minutes, les spectateurs ont droit à de belles prouesses verbales de la part du duo Arcand et Vinçon. Même si la structure narrative est un défi à suivre, il demeure évident que le metteur en scène a réussi à donner aux mots de Laurent Gaudé la place dont ils avaient besoin pour imprégner la pensée collective. C’est un départ convainquant pour le théâtre Prospero qui savait certainement qu’Écoutez nos défaites END serait une première victoire.

13-09-2018
 

Théâtre Prospero
1371, rue Ontario est
Billetterie : 514-526-6582 - billetterie.theatreprospero.com

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