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Le dire de Di
Du 23 octobre au 3 novembre 2018
mardi et jeudi 20h, mercredi et vendredi 19h, samedi 16h

Di, jeune fille de 16 ans, habite toujours la trop grande maison familiale perdue entre les champs, les forêts et la grand-route. Elle y vit avec sa mère Makati, son papa Paclay et le beau Mario Morneau, le deuxième mari de sa mère. Ce fragile mais merveilleux équilibre est rompu par l’arrivée de Peggy Bellatus et ses dévastatrices machines minières, qui déchirent la terre, les désirs et déterrent les secrets.

Avec cette « pièce pour une femme seule », Michel Ouellette poursuit son exploration d’un théâtre poétique et ludique, où les personnages construits comme des poèmes, s’expriment dans une langue bigarrée, joueuse, pleine de rebonds.


Texte Michel Ouellette
Mise en scène Joël Beddows
Avec Marie-Ève Fontaine


Crédits supplémentaires et autres informations

Assistance à la mise en scène Jean-Nicolas Masson
Scénographie Michael Spence
Éclairages Guillaume Houët
Environnement sonore Thomas Sinou
Conception gestuelle Marie-Josée Chartier

TARIFS
Scène principale - régulier 37$, 65 ans et + 31$, 30 ans et - / professionnels 29$*, Carte Prospero 28$**
Scène intime - régulier 30$, 65 ans et + 28$, 30 ans et - / professionnels 26$*, Carte Prospero 26$**
Les prix incluent les taxes, commande en ligne ou par téléphone : frais de service de 3$ par billet
* (UDA, UNEQ, CEAD, SACM, SCAM, AQAD, AQM, ATEQ)
** limite de 2 billets par spectacle, par carte Prospero

Coproduction Théâtre français de Toronto et Théâtre La Catapulte


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Critique disponible
            
Critique



Crédit photos : Marc Lemyre

Après avoir été présenté à Ottawa et à Toronto, Le dire de Di, écrit par Michel Ouellet et mis en scène par Joël Beddows, prend l’affiche au Théâtre Prospero. Ce one woman show porté par Marie-Ève Fontaine transporte le spectateur dans un univers poétique à la fois dur et magnifique.

Malgré ce qu’elle laisse paraître, l’équilibre de Di est fragile. Du haut de ses seize ans, bientôt dix-sept, elle se plaît à la campagne, dans la maison familiale dans laquelle elle a grandi. Elle semble comblée par l’amour de son père Paclay, de sa mère Makati et du second mari de sa mère Mario, décidée à passer le reste de sa vie à parler aux oiseaux et à laisser aller son imagination. Mais son monde s’écroule lorsqu’elle rencontre Peggy Bellatus, une représentante de compagnie minière tout aussi dangereuse que séduisante. Marie-Ève Fontaine rend compte de la complexité du trouble qui envahit Di, du fait de ressentir un désir aussi viscéral pour celle qui provoquera l’effondrement de sa famille. Ce sentiment paradoxal d’amour-haine est au cœur du « grand malheur » qui hante l’esprit de Di.

Di porte en elle la révolte de l’enfant-sauvage tout autant qu’une extrême-lucidité insoutenable. La pièce se situe à la frontière du rite initiatique et du conte poétique.

Dès les premières minutes de la pièce, quelque chose cloche avec Di. La spontanéité et la pureté de son amour pour Peggy ? Son incapacité à dire ? Sa relation fusionnelle avec sa mère ? La femme ne semble pourtant pas consciente de sa différence ou de l’espace artificiellement réconfortant qu’elle s’est construit en vivant isolée du reste du monde avec sa famille. Dans une des plus belles scènes de la pièce, Di trouve un œuf de rouge-gorge abandonné et décide de le couver en le glissant dans son ventre. Malgré toute l’étrangeté de ce comportement, une grande tendresse se dégage de ce geste porteur d’espoir.

Di porte en elle la révolte de l’enfant-sauvage tout autant qu’une extrême-lucidité insoutenable. La piècese situe à la frontière du rite initiatique et du conte poétique. Une logorrhée prend possession du corps de Di alors que Marie-Ève Fontaine incarne tous les personnages de l’histoire. La langue de Michel Ouellet se transforme au gré des personnages qu’elle évoque. Remplie de redites, de reformulations et d’allitérations dans la bouche de la jeune femme, elle devient plus maîtrisée dans celle de Peggy ou dans celle de Makati.

Par ailleurs, la synergie qui ressort de l’équipe de concepteurs contribue grandement à la beauté du spectacle et à la force du dire de la jeune femme. La musique expressive de Thomas Sinou et les lumières de Guillaume Houët reflètent aussi bien la détresse de Di autant que les pulsions qui la traversent. Le décor de Michael Spence composé de plusieurs cadres enchâssés fait échos au récit décousu et fragmenté de Di ainsi qu’à l’équilibre précaire de l’univers de la jeune femme. À travers le récit intime de Di, Michel Ouellet aborde des questions au cœur de l’actualité, comme la dépossession du territoire, l’exploitation de ressources naturelles et le faible poids de l’environnement lorsque celui-ci est confronté à l’économie. Si Le dire de Di contribue à  consolider la force de la voix de Ouellet dans le paysage théâtral contemporain, la pièce permet surtout de mettre en lumière la polyvalence et la profondeur du jeu d’une actrice encore très peu connue du public québécois. 

26-10-2018
 
Théâtre Prospero
1371, rue Ontario est
Billetterie : 514-526-6582 - billetterie.theatreprospero.com

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