Dans deux jours, Sophie aura 15 ans, dans un mois, elle entre à l’université. Il y a 8 ans, sa grande-soeur Cassandre se suicidait. Par crainte que le passé ne se répète, aujourd’hui, sa mère décide de recommencer à fêter l’anniversaire de Sophie, ce qu’elle n’a pas fait depuis l’événement tragique d’il y a huit ans. Pour Sophie, c’est le moment de la prise de conscience, le moment du choix. Celui qui pousse Sophie à nous raconter cette journée de fête. Ce jour où elle s’est décidée.
Le texte propose des personnages féminins puissants et porte sur un sujet rarement abordé : la rupture entre une fille et sa mère.
Texte, mise en scène Serge Mandeville
Avec Simone Latour Bellavance, Marie-Ève Bertrand,
Véronique Marchand,
Vicky Bertrand,
Frédérick Tremblay
Crédits supplémentaires et autres informations
Lumières Julie Laroche
Scénographie et costumes Rose Belhumeur
Assistance mise en scène Jordane Vallières
Contribution à l'idéation Véronick Raymond
TARIFS
Scène principale - régulier 37$, 65 ans et + 31$, 30 ans et - / professionnels 29$*, Carte Prospero 28$**
Scène intime - régulier 30$, 65 ans et + 28$, 30 ans et - / professionnels 26$*, Carte Prospero 26$**
Les prix incluent les taxes, commande en ligne ou par téléphone : frais de service de 3$ par billet
* (UDA, UNEQ, CEAD, SACM, SCAM, AQAD, AQM, ATEQ)
** limite de 2 billets par spectacle, par carte Prospero
Production Absolu Théâtre
Il est de ces sujets tabous qu’on aborde rarement, dans la vie comme au théâtre. Serge Mandeville a décidé de le faire ; il lui aura fallu cinq ans pour finaliser la pièce La fête à Sophie. Ce temps a été utilisé à merveille : le texte est mûr, les dialogues sont naturels et poignants et l’histoire mérite d’être comptée. Le suicide et la rupture entre des enfants et leurs parents sont des thèmes difficiles, mais comme le dit si bien Mandelville : « Dire les choses. Les nommer, les mettre en lumière. C’est déjà beaucoup. »
C’est la fête de Sophie, plus précisément son quinzième anniversaire dans deux jours. Depuis 8 ans, elle est fêtée à Noël. Parce qu’il y a 8 ans, sa sœur ainée, Cassandre, s’est enlevé la vie. Sophie s’occupe de sa mère, qui a sombré dans un état dépressif profond. Elle a deux frères, Paul et Charles, jumeaux, mais aussi triplets de Cassandre. Paul a dû abandonner son secondaire 4 pour subvenir aux besoins financiers de la famille, alors que Charles est parti étudier l’océanologie à l’Université de Rimouski. Céline, la sœur de Claire, s’est occupée des triplets à leur naissance lorsqu’ils vivaient à Sorel, mais depuis la naissance de Sophie, et le déménagement de la petite famille à Montréal, elle n’est plus très présente dans leurs vies.
La fête à Sophie est une oeuvre marquante, à la fois poignante, mais aussi réconfortante
Cette histoire puise certains faits dans la réalité, et c’est notamment grâce à cela qu’elle sonne aussi vrai. Par exemple, la famille Mandeville vient de Sorel. L’Absolu Théâtre a rencontré des adolescents lors d’une activité de médiation culturelle à l’école Saint-Georges à Senneville ainsi que des mères d’Hochelaga fréquentant l’organisme Parenfant. Surtout, Véronick Raymond, co-idéatrice et codirectrice d’Absolu Théâtre, a prêté son histoire et ses souvenirs à l’auteur.
Cette petite famille dysfonctionnelle est représentée à merveille. Les personnages ont de multiples facettes, des forces comme des faiblesses, mais, surtout, sont interprétés avec justesses. Simone Latour Bellavance nous offre une Sophie incroyablement forte et vulnérable, sincère et touchante. Marie-Ève Bertrand est une mère tristement réaliste, pleine de bonnes intentions, mais aussi égocentrique et manipulatrice. Elle parvient à être à la fois détestable et déplorable, victime de son passé, mais aussi bourreau de ses propres enfants.
Dans le rôle de Cassandre, Véronique Marchand nous propose un éventail d’émotions et une performance crédible, bien que la comédienne n’ait plus tout à fait quinze ans. Frédérick Tremblay, quant à lui, joue des frères jumeaux diamétralement opposés. Son interprétation du personnage de Paul est particulièrement poignante dans la scène finale, brute et bouleversante. Vicky Bertrand, dans le rôle de Céline, est époustouflante. Peu présente durant la pièce, sans être à l’avant-plan, elle se démarque pourtant, tant son émotion est touchante et authentique. Mention particulière à son dialogue téléphonique avec Sophie, où, sans dire quoi que ce soit, elle communique un chagrin fracassant.
La mise en scène de Serge Mandeville, la scénographie et les costumes de Rose Belhumeur ainsi que l’éclairage de Julie Laroche sont très sobres. Sur la scène, pratiquement aucun élément de décor. L’éclairage et la musique savent mettre en valeur l’essentiel. Au premier plan sont les personnages et leurs dialogues, réalistes, poignants et empreints de vulnérabilité.
La fête à Sophie est une oeuvre marquante, à la fois poignante, mais aussi réconfortante et qui, comme le dit si bien Véronick Raymond, « bouscule, à coup de prises de parole, le silence qui enferme ». Serge Mandeville a su briser le mur de la solitude érigé par le tabou de ces sujets qu’on tait trop souvent.