Idée originale et direction artistique : Loui Mauffette
Assistance à la direction artistique : Francis Ducharme
Amicale collaboration : Dominic Champagne
Avec Nathalie Breuer, Eric Bruneau, Patrice Coquereau, François-Xavier Dufour, Francis Ducharme, Clara Furey, Kathleen Fortin, Maxim Gaudette, Emilie Gilbert, Andrée Lachapelle, Roger La Rue, Pascale Montpetit, Adèle Reinhardt et Isabelle Vincent
Dans les charbons ardents de la poésie, là où tout brûle et tout s’embrase. Dans les charbons, nulle place pour la froideur et le repos. Dans les charbons, tout est délicat et périlleux, tout s’enflamme et se consume.
Après Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent, Loui Mauffette nous invite à une nouvelle expérience de poésie carnivore. Dans un espace et un esprit renouvelés, il crée des collisions entre toutes les formes d’écriture et nous convie à une célébration de la poésie dans tous ses états, là où les mots conservent hors de tout doute le pouvoir de nous réunir et de nous transformer. Une stonerie poétique dans la parfaite lignée de cette dramaturgie éclatée qui fait rage au Quat’Sous depuis sa création.
Environnement scénique : Jean Bard
Costumes : Carole Castonguay
Lumières : Gabriel Pontbriand
Assistance à la mise en scène et régie : Geneviève Lagacé
L'heure du conte
Avec Valérie Blais
Le dimanche après-midi, 10 mai, pendant que parents ou grands-parents assistent à la représentation dans la grande salle, les enfants pourront se faire réciter des contes dans la salle de répétition.
Réservation requise : 514-845-7277
Une coproduction du Théâtre de Quat’Sous et du Théâtre Il va sans dire avec la participation d’Attitude Locomotive
par Sara Fauteux
C’est Antoine l’Écuyer, en petit Loui, qui ouvre Dans les charbons avec un extrait fort à propos et fort beau du Vieux Chagrin de Jacques Poulin. Il parle de la création comme d’un sentier aux méandres nombreux, dont on ne voit pas la fin, sur lequel on s’égare plus ou moins longtemps et qui ne nous mène jamais là où l’on croyait aboutir. Par cette image extrêmement juste et précise du processus créatif, Poulin nous laisse imaginer le sentier parcouru par Mauffette au cours des derniers mois. On entrevoit une route dangereuse, périlleuse, où l’on se perd longtemps, parfois en flânant au soleil comme sur une route de campagne ou seul, la nuit, en cherchant désespérément son chemin.
Cette route, Mauffette ne l’a pas parcourue seul. Il l’a foulée pour une seconde fois avec toute une troupe d’acteurs et d’artistes plus talentueux les uns que les autres. Pour n’en nommer que quelques-uns, Antoine l’Écuyer nous éblouit de la justesse de sa présence sur scène malgré son jeune âge et malgré qu’on profite un peu trop de son joli minois d’enfant. On retrouve Nathalie Breuer, qu’on voit trop peu souvent sur scène, lumineuse et animée. Francis Ducharme, qui a assisté Mauffette à la direction artistique, affiche sur scène une réserve à laquelle il ne nous a pas habitués ainsi que la sensualité à la fois troublante et forcée à laquelle il nous a habitués… Finalement, Clara Furey, nous éblouit de sa force tranquille et dirait-on, veille sur tout ce beau monde de son banc de piano.
Ces stoneries poétiques ont certainement le mérite infini de nous donner envie des textes, de les faire vivre magnifiquement par des artistes et de nous en laisser habité, animé. Andrée Lachapelle est troublante d’intensité dans son interprétation du poème Cet Amour de Prévert qu’on s’empresse de relire une fois à la maison. Émilie Gilbert, une découverte pour ma part, est surprenante d’intensité dans des textes magnifiques de Louise Bombardier, Étienne Lepage et Geneviève Desrosiers. Isabelle Vincent et sa fraîcheur semble modelée sur mesure pour l’univers de Clémence DesRochers. Tout comme Roger La Rue semble sortir tout droit de celui de Michel Garneau de qui l’on peut entendre le texte La Gourmandise.
Mauffette a souvent dit ne pas vouloir créer un spectacle pour club sélect, une pièce de théâtre pour initiés. Ce qu’il évite d’ailleurs sans difficulté. Il y a beaucoup trop d’authenticité dans cette production multidisciplinaire littéralement portée par les émotions pour que quiconque ne s’y sente pas cordialement invité. Comme son père, il sait rassembler les gens, leur insuffler un peu de sa passion, de sa folie, les exalter à leur tour. Dans son premier spectacle, cette urgence agissait comme liant. La liberté permettait le naturel et l’ordre se dégageait du chaos. On sent que pour cette seconde tentative, Mauffette a tenté d’apprivoiser sa folie créatrice. Après le happening, il faut bien voir quelles autres formes permettraient une telle liberté sur scène.
De Sandwich, poésie et autres soirs qui penchent se dégageait une beauté infinie et pure parce que brute. Ici, la magie s’opère tout de même un peu moins. C’est aux quelques redondances dans la mise en scène, à certains numéros moins réussis et à l’ensemble moins homogène que l’on devine le créateur beaucoup moins à l’aise dans un véritable travail de la scène qu’autour d’une table avec des amis et des textes. Le véritable défi pour Mauffette lors de ses prochaines stoneries sera donc de mettre sa force créatrice puissante davantage au service d’un art qui requiert autant de passion que de retenue et de structure. S’il y parvient, il n’y aura pas de mots pour décrire tel événement…